L’assurance de dommages des entreprises représente un secteur vital pour l’économie canadienne, selon une récente analyse publiée par le Bureau d’assurance du Canada (BAC). L’industrie contribue au produit intérieur brut (PIB) du pays à raison de 8,5 milliards de dollars (G$), dont 4,7 G$ en revenus d’emploi versés à environ 56 000 personnes.
Le rapport, intitulé Commercial insurance in Canada : a socio-economic analysis of a vital industry, veut montrer que ce transfert de risques vers les assureurs permet aux entreprises de ne pas craindre d’être poussées à la fermeture en raison d’un sinistre.
Ce rôle de tampon joué par l’assurance commerciale est d’autant plus crucial en raison du contexte de 2023. Les Canadiens ressentent les impacts de l’inflation, du ralentissement économique et de la hausse du coût de la vie.
À l’échelle nationale, en utilisant un multiple de 0,75 $ pour chaque dollar dépensé par l’industrie, l’apport économique de l’assurance commerciale au PIB est estimé à 14,8 G$, dont environ 8,2 G$ sont versés en revenus de travail. Pour les emplois, le multiple est de 105 emplois indirects et induits créés pour chaque tranche de 100 emplois directs. On estime donc que le secteur représente quelque 115 000 emplois.
Presque la moitié de cet apport au PIB et aux revenus de travail profite à l’Ontario (voir graphique ci-dessous). Le Québec arrive en deuxième place pour les retombées économiques associées à l’assurance commerciale.
L’ensemble de l’industrie de l’assurance de dommages représente environ 297 000 emplois au pays, incluant les emplois directs, à temps plein ou à temps partiel, de même que les travailleurs autonomes. Cette estimation est basée sur les chiffres de Statistique Canada, précise le BAC.
Fin du marché dur ?
Les indicateurs les plus récents montrent que la période de durcissement connue en assurance commerciale depuis 2018 pourrait se terminer bientôt. La pression inflationniste sur les primes est en baisse tant au Canada qu’ailleurs dans le monde, précisent les auteurs du rapport.
Néanmoins, comme les défis persistent pour certains segments de l’assurance commerciale, il devient plus difficile de prévoir quand les conditions de souscription seront plus souples. Plusieurs facteurs macroéconomiques demeurent incertains, dont l’inflation, les taux d’intérêt, les coûts en hausse de la réassurance et les perturbations persistantes dans les chaînes d’approvisionnement, indique le BAC dans son analyse.
Même si les intervenants de certains secteurs les plus touchés par le marché dur disent avoir noté une amélioration de l’accessibilité et de l’abordabilité de l’assurance, des frictions persistent pour d’autres segments. Parmi les défis à relever, le rapport cite l’impact des changements climatiques qui touche l’ensemble du marché de l’immobilier, incluant les bâtiments à usage commercial.
On évoque aussi l’absence de rentabilité dans les activités d’assurance reliées au transport routier et à la cybersécurité. Dans les deux cas, les coûts de réclamation dépassent encore les revenus de primes.
Impacts intangibles
L’analyse du BAC énumère les bénéfices intangibles reliés à l’assurance de dommages des entreprises. L’assurance permet de limiter des pertes financières. L’assureur agit comme premier répondant financier lorsqu’un sinistre majeur et improbable survient, ce qui facilite le rétablissement et la reprise économique.
Les assureurs jouent aussi un rôle important dans l’écosystème des marchés financiers. Ils détiennent généralement un portefeuille diversifié d’investissements stables à long terme tels que des obligations d’entreprises et gouvernementales. Ils contribuent ainsi à la santé fiscale et socio-économique globale du pays.
L’assurance contribue aussi au commerce international. Par exemple, l’assurance cargo permet aux entreprises d’importer des marchandises d’outre-mer, renforçant ainsi l’offre de biens au Canada.
Les assureurs contribuent aussi à l’écosystème de l’innovation. Gérer le risque financier associé à ce processus qui précède la commercialisation serait extrêmement difficile sans les différentes garanties associées à l’assurance responsabilité civile.
Quand les entreprises assurent leurs biens, cela facilite leur accès au crédit commercial. Cela facilite à son tour la production, la distribution et l’utilisation des biens ou services produits par l’entreprise.
L’assurance peut aider les entreprises à économiser de l’argent à long terme. En gérant activement ses risques, une entreprise a moins de chances de connaître des réclamations importantes et fréquentes sur sa police, ce qui réduit ses coûts globaux.
Dans sa conclusion, le BAC affirme même que l’activité économique moderne ne serait pas possible faute d’assurance, surtout les garanties qui protègent les entreprises.