Le marché des véhicules de loisir est un marché dynamique qui intéresse de plus en plus d’assureurs. Parallèlement, les habitudes des plaisanciers changent, alors que la saison des salons de véhicules récréatifs battra bientôt son plein.

Selon Bertrand Rouault, directeur chez April Marine Canada, la tendance d’achat des plaisanciers est directement influencée par l’économie. « Quand l’économie se porte moins bien, la classe plus riche. Elle achète donc des embarcations qui coutent plus cher. On remarque ce mouvement depuis deux ans chez les concessionnaires qui se spécialisaient autrefois dans les bateaux de pêche. Ils font maintenant l’acquisition de bateaux prestigieux dont la valeur tourne autour d’un million de dollars, » affirme M. Rouault.

Cette réalité se reflète donc chez les assureurs, qui développent des produits pour les véhicules de luxe. « Chez April Marine, on a créé un produit pour les bateaux de luxe qui correspond à cette nature de clientèle. Par exemple, la police pour les embarcations prestigieuses inclut l’assurance d’une motomarine, puisqu’un espace y est dédié sur le bateau, » explique M. Rouault.

Pierre Duchesne, coordonnateur en assurance des particuliers chez La Capitale, remarque le même phénomène dans les véhicules tout terrain. « Les véhicules tout terrain sont presque devenus des petites voitures. Dans cette catégorie, les quads sont les véhicules qui font le plus augmenter la prime moyenne parce qu’ils sont couteux, » ajoute-t-il. Il mentionne au passage qu’il y a quelques années, les primes pour les quads étaient les moins chères.

Un marché qui gagne en importance

Si seulement trois ou quatre joueurs œuvraient dans le marché des véhicules de loisir, on peut maintenant en compter une dizaine.

« Aujourd’hui, les assureurs ont de l’appétit pour tout. Les plus gros commencent à s’intéresser aux petites niches, témoigne M. Rouault. Quand c’est bien souscrit et bien géré, ça peut être un segment rentable. »

Effectivement, plusieurs testent le marché en offrant des solutions intégrées à leurs polices habitation ou automobile et en rajoutant des protections pour les véhicules récréatifs, constate M. Duchesne. Il ajoute que La Capitale, qui propose des produits pour les plaisanciers depuis 2007, s’est démarquée comme étant l’un des premiers assureurs directs à intégrer le marché.

« Avant, le marché des véhicules récréatifs était réservé au courtage, mais c’est de mieux en mieux réparti. De notre côté, on a un volume important et mature dans chacune des catégories de véhicules. Considérant le nombre de produits, c’est normal que la plupart des assureurs y soient attirés, » explique M. Duchesne.

Pour se démarquer, April Marine Canada a segmenté ses produits selon le type de bateau. On retrouve maintenant six familles de plaisanciers, dont une pour les bateaux de pêche, une autre pour les motomarines et pour les yachts, notamment. À l’été 2016, la famille des bateaux de pêche et celle des sports nautiques ont été testées et ont démontré leur pertinence, dit M. Rouault. « Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a aucun lien entre un utilisateur de motomarine et un utilisateur de bateau de plaisance. Alors, pourquoi offrir une seule et même couverture ? »

Chaque famille de plaisancier a donc ses particularités. Pour les bateaux de pêche par exemple, la police couvre l’embarcation, mais aussi l’équipement de pêche, qui peut s’avérer onéreux pour les plus passionnés.

Des soumissions aussi tôt que la fin janvier

C’est lorsque la saison des salons de véhicules récréatifs débute que les plaisanciers commencent à magasiner leur couverture. C’est l’occasion pour les assureurs de rappeler aux plaisanciers que leur police doit être renouvelée. C’est aussi le moment pour les concessionnaires de véhicules récréatifs de présenter et vendre les nouveaux modèles.

La période de pointe s’amorce en mars et s’étire jusqu’en mai. « Je pensais hiberner en hiver et me réveiller au printemps, mais à ma grande surprise, les consommateurs commencent à faire des soumissions dès le début des salons, soit en février, » s’étonne Bertrand Rouault.

Or, s’il est possible pour les marchands d’écouler à plein prix les nouveautés au début de l’année, c’est une autre histoire lorsque l’automne arrive. Ceux-ci réduisent les prix des embarcations, ce qui peut avoir un effet sur la police d’assurance du plaisancier et sur une éventuelle réclamation.

« Certains assurent leur véhicule au prix escompté, ne sachant pas que sa valeur est plus élevée. Dans ce cas, s’ils doivent faire une réclamation, ils n’obtiendront pas la valeur complète de leur embarcation et ne pourront pas la remplacer. Nous devons être vigilants pour protéger les clients, » signale M. Rouault.  


Militer pour l’assurance pour bateau

Il n’existe toujours pas de règlement qui oblige un plaisancier à souscrire une assurance – au minimum pour la responsabilité civile, pour les bateaux.

Pour Bertrand Rouault, directeur d’April Marine Canada, il s’agit d’une anomalie. « La loi exige aux plaisanciers de détenir un permis pour conduire un bateau depuis 2009, mais l’assurance bateau n’est pas obligatoire au Québec. C’est une des seules niches où les amateurs ne sont pas requis de s’assurer en responsabilité, » dit celui qui est aussi président du Regroupement des plaisanciers du Québec, un organisme à but non lucratif chapeauté par le grossiste.

Si le permis obligatoire est une bonne première étape selon lui, l’assurance bateau devrait suivre. Il note que sur 60 000 bateaux au Québec, seulement 35 000 à 40 000 sont assurées. Par le biais d’un magazine destiné aux plaisanciers, le Regroupement tente de sensibiliser ses abonnés à l’assurance bateau.