Le front orageux du 21 mai, ou derecho, a privé de courant plus d’un demi-million de foyers au Québec seulement, en plus de provoquer 10 décès, dont neuf en Ontario. L’événement est déjà classé au 6e rang des pires sinistres de l’histoire au Canada en matière de dommages assurés.
Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) rapportait, le 15 juin dernier, les premières estimations des dommages faites par la firme Catastrophe Indices and Quantitfication (CatIQ) à l’égard de ce derecho qui a balayé le sud de l’Ontario et certaines régions du Québec.
Les dommages assurés sont d’au moins 875 millions de dollars (M$), dont 720 M$ en Ontario et 155 M$ au Québec. La tempête devance désormais les inondations survenues à Toronto en 2005 dans le top 10 des pires catastrophes naturelles, selon le classement du BAC.
La vice-présidente du BAC en Ontario, Kim Donaldson, rappelle que si les pertes financières sont élevées, « il ne faut surtout pas oublier les pertes de vies humaines ».
Près de 30 000 foyers en Ontario et au Québec ont été privés d’électricité pendant plus d’une semaine après la tempête. Même s’il y a eu de la grêle et de fortes préoccupations, c’est le vent qui a causé le plus de dommages. Ces dommages par le vent sont généralement couverts par les polices d’assurance.
Le BAC profite de ce triste bilan pour rappeler le risque croissant que les changements climatiques représentent pour les communautés canadiennes. Le Bureau continuera à militer pour l’adoption d’une stratégie nationale d’adaptation qui comprendra des mesures concrètes à court terme pour améliorer la résilience du pays face au climat.
Des modifications peu coûteuses pourraient être apportées rapidement aux codes du bâtiment pour prévenir les dommages et les blessures causés par les vents violents, insiste le BAC. La stratégie nationale devrait inclure aussi, selon le Bureau, des investissements dans de nouvelles infrastructures pour réduire les répercussions des inondations et des feux de forêt sur les collectivités, de meilleures politiques d’aménagement du territoire et des mesures pour restreindre la construction dans les zones les plus à risque.
Le courant au Québec
Le 14 juin, Hydro-Québec a fait le bilan du derecho au Québec. Selon la société d’État, il s’agit d’un des événements ayant nécessité le plus de travaux sur le terrain depuis la tempête de verglas de janvier 1998.
Les régions de l’Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière, de la Mauricie et de la Capitale-Nationale ont été particulièrement touchées. Près de 555 000 clients ont manqué d’électricité au pire de la tempête, vers 20 h le 21 mai.
Plus de 2 000 personnes, tant des employés d’Hydro-Québec que de ses partenaires, ont travaillé sans relâche pendant plus d’une semaine pour rétablir le service. Les quarts de travail de 16 heures ont été la norme durant cette période, souligne Sophie Brochu, PDG d’Hydro-Québec en saluant le dévouement de toutes ces personnes. On a comptabilisé 160 000 heures travaillées chez les seuls monteurs de ligne.
« Un immense merci également à nos clients pour leur patience. Ils ont par ailleurs contribué à éviter les accidents en évitant de prendre des risques inutiles », ajoute Mme Brochu.
Les travaux ont coûté environ 70 M$, selon le communiqué de la société d’État, et ce chiffre peut encore augmenter. Le courant avait été rétabli chez 85 % des clients dans les 72 heures, et à 95 % avant minuit le 27 mai.
Plus de 90 % des pannes étaient reliées à la végétation. Quelque 1 125 poteaux ont dû être remplacés, de même que plus de 400 transformateurs. Plus de 40 kilomètres de fils électriques ont été installés.