La concentration que vit le Canada en assurance collective se vit moins au Québec. Les trois joueurs qui ont dominé le classement québécois en 2015 (Desjardins Assurances, SSQ Groupe financier et Manuvie) ont accaparé 36 % du marché.
L’inclusion des deux assureurs suivants, Financière Sun Life et Great-West, forme un top 5 qui a produit 75 % des 6,6 G$ de revenus d’assurance collective au Québec en 2015. Les revenus totaux d’assurance collective au Québec ont connu une croissance de 3,5 % en 2015, par rapport à 2014. Ces données proviennent du Group Universe Report de Fraser Group.
Deux grandes tendances
Deux grandes tendances se sont profilées dans la composition du marché de l’assurance collective dans les dix dernières années, dit son président Ken Fraser, en entrevue avec le Journal de l’assurance. « Il y a eu premièrement une modeste tendance vers moins de concentration pour le top 3 et le top 5. La part totale des cinq premiers fournisseurs du marché canadien a diminué de façon continue depuis dix ans, bien que cette tendance ait été interrompue en 2015, lorsque Manuvie a acquis Standard Life », signale-t-il.
M. Fraser attribue cette tendance naturelle des intermédiaires de marché de favoriser un plus large éventail de fournisseurs, et au fait que même les plus gros fournisseurs ne peuvent être tout pour tous les clients. « Ce qui laisse des occasions pour les plus petits fournisseurs », ajoute le PDG du groupe de recherche.
Selon lui, l’autre tendance majeure réside dans la part croissante des fournisseurs québécois, à la fois dans le marché du Québec et celui hors Québec, depuis les dix dernières années. « À l’exception de Standard Life, leur part au Québec est passée de 50 % à 55 %, soit une croissance de 10 %, alors que leur part au Canada est passée de 10,5 % à 13,8 %, soit une croissance de 30 % », observe M. Fraser.
Il estime important de souligner que le marché québécois continue d’être moins concentré que le reste du marché canadien. « Au Québec, les cinq premiers fournisseurs contrôlent 75 % du marché alors qu’en dehors du Québec, le top 5 contrôle 88 % du marché. »
L’Ontario génère la moitié des revenus
Groupe Fraser publie aussi dans son rapport un comparatif des revenus totaux par provinces et grandes régions du Canada. L’Ontario a accaparé 52 % des revenus d’assurance collective en 2015. La part du Québec en a 17 %, tandis que la Colombie-Britannique suit à 10 %. Classé sous la catégorie « Prairies », le reste de l’Ouest canadien compte pour 17 %, et les provinces de l’Atlantiques pour 5 %. Appelée territoires et divers, la dernière catégorie récolte moins de 1 % des revenus totaux.
Les assureurs québécois performent hors Québec
Les données fournies par M. Fraser montrent aussi que les assureurs québécois tirent encore mieux leur épingle du jeu qu’il y a dix ans. Lorsque l’on en exclut Standard Life, la part des revenus totaux détenue par les assureurs québécois se porte à 54 % en 2015, comparativement à 55 % en 2014. Cette part des assureurs québécois s’est appréciée sans cesse depuis 2006, alors qu’elle était de 50 %.
Le top 10 des assureurs collectifs au Québec a accaparé 97,5 % du marché. La répartition des parts entre les joueurs est par ailleurs beaucoup moins tranchée au Québec. Troisième au Canada, Great-West détient une part de 20,5 %, contre 10,4 % pour le 4e assureur du classement, Croix Bleue Medavie. Troisième au Québec, Manuvie détient une part de 15,1 %, contre 11,1 % pour Sun Life, 4e au classement québécois. À la suite du top 5 s’alignent d’importantes figures au Québec, dont iA Groupe financier, 6e avec une part de 8,8 %, et La Capitale, 7e avec une part de 6,2 %.
Le reste du Canada continue d’être un important débouché en assurance collective pour les fournisseurs québécois. En 2015, Desjardins a gagné hors du Québec près de 47 % des ses revenus totaux d’assurance collective de 2,5 G$, iA près de 44 % de ses revenus totaux de 1 G$ et SSQ, près de 30 % de ses revenus totaux de 1,8 G$. Toujours hors du Québec, La Capitale a tiré 155,8 M$ de ses revenus totaux de 565,9 M$ de l’assurance collective en 2015, soit une part de près de 28 %.
En plus d’être moins concentré, le marché québécois donne depuis des années lieu à une lutte épique entre deux concurrents principaux. Toujours au nez à nez, Desjardins et SSQ se sont échangé la première place à quelques reprises. SSQ a eu l’avantage une dernière fois en 2012. Seuls 36,1 M$ de dollars séparent Desjardins et SSQ en 2015. Ils ont respectivement engrangé des revenus de 1,32 G$ et 1,28 G$ au Québec. Ils sont les seuls milliardaires de ce classement.