L’Allemagne continuera de tirer le reste de l’Europe, qui n’est pas sorti du bois. Pour sa part, le BRIC supportera le poids de la croissance des marchés financiers.Le BRIC désigne un groupe de pays aux économies émergentes formé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. Ce groupe permettra au monde d’afficher une croissance positive en 2014, croit l’économiste en chef de l’Industrielle Alliance, Clément Gignac.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance mondiale a été en moyenne de 3,37 % entre 1980 et 2013, puis négative pour la première fois en 50 ans, lors du creux de 2008.

Cette croissance oscillera autour de 3 % en 2014, estime M. Gignac. « Ce qu’il y a de nouveau dans la croissance mondiale, c’est qu’elle provient aux deux tiers des pays émergents », dit-il.

Pourtant, l’économie chinoise décélère depuis 2010, période durant laquelle sa croissance est passée de 12 % à moins de 8 %. Bien qu’elle ait augmenté de 7,5 % en 2013, le spécialiste des marchés demeure sceptique. Il rappelle que le gouvernement contrôle les banques. Cette situation permet pratiquement à la Chine de dicter quel sera son taux de croissance.

M. Gignac déplore le peu de transparence des institutions financières chinoises. « Si la devise flottait librement, je ne suis pas sûr qu’elle irait vers le haut. » Il salue toutefois les réformes entreprises par le nouveau gouvernement, dont l’instauration d’un certain filet de sécurité sociale. Il s’attend à une croissance de 7 % en 2014, et de 6,5 % à 6 % par la suite.

Au Japon, le nouveau gouvernement « sort la planche à billets et met des buches dans le foyer » pour mettre fin à 15 ans de récession et de déflation. Le Japon a un ambitieux plan de relance économique pour rendre ses entreprises plus concurrentielles. La Banque du Japon se montre même plus dynamique que la Réserve fédérale américaine dans sa politique monétaire. Des réformes fiscales sont aussi en cours dans ce pays.

Pour leur part, les pays de la zone euro émergent à peine de l’eau et ne sont pas sortis de l’auberge, estime M. Gignac. Leur croissance sera lente, surtout en Europe du Sud. L’Allemagne porte toujours la zone euro sur ses épaules, tandis que le taux de chômage observé en Grèce et en Espagne continue de friser les 25 %.

Un facteur qui nuit à l’Europe est le manque de mobilité de la main-d’œuvre. « Un comptable peut partir de Montréal ou de Toronto et aller travailler à Vancouver sans problème. Essayez de faire la même chose en Allemagne si vous êtes de Grèce — et je ne parle pas de la langue. Il y a des barrières règlementaires », explique M. Gignac. Selon lui, beaucoup d’uniformisation, de dérèglementation et de modifications aux mesures sociales restent à faire pour voir les pays d’Europe du Sud renouer avec la croissance.