Le Québec, l’Alberta et la Saskatchewan, malgré leurs profils économiques distincts et leurs approches politiques souvent contrastées, enregistrent les taux d’épargne des ménages les plus élevés au pays, révèle un nouveau rapport économique de Desjardins. 

Dans Bilan de la santé financière des ménages canadiens : pourquoi certains économisent‑ils beaucoup plus que d’autres?, les trois économistes et auteurs soulignent que le revenu disponible moyen au Québec demeure nettement inférieur à la moyenne nationale. « Si les revenus élevés soutiennent l’épargne dans les provinces des Prairies, la performance du Québec est principalement attribuable à des dépenses des ménages plus faibles », indiquent-ils.

« La baisse des dépenses des ménages dans toutes les tranches de revenus est un facteur clé expliquant le taux d’épargne élevé du Québec, poursuivent-ils. En moyenne, les ménages québécois dépensent environ 15 000 $ de moins que la moyenne nationale, et les ménages à revenu moyen dépensent environ 22 500 $ de moins que leurs homologues de l’Ontario. » 

Concernant le « taux d’épargne exceptionnellement élevé du Québec », les auteurs du rapport de Desjardins apportent quelques nuances : « Le revenu des ménages plus faible et la tiédeur de la consommation s’accompagnent de conditions démographiques favorables. » En effet, la population relativement âgée est encore économiquement active et concentrée à l’étape de la vie où l’épargne est la plus élevée. « Toutefois, même en tenant compte de cet avantage démographique, le taux d’épargne moyen demeure élevé au Québec, ce qui laisse croire que d’autres facteurs comportementaux ou structurels pourraient aussi entrer en ligne de compte », ajoutent-ils.

À l’échelle du pays, l’abordabilité du logement et plus largement les écarts du coût de la vie ont joué « un rôle central » dans les tendances du taux d’épargne des ménages. « Pour la suite, les différences régionales en matière de démographie, de coût du logement et de pressions économiques devraient entraîner des schémas d’épargne de plus en plus divergents d’une province à l’autre », prévoient les économistes. 

Modifications de l’impôt sur le revenu des particuliers 

Le rapport indique aussi que Desjardins s’attend à ce que la croissance du revenu disponible des ménages s’accélère en 2025, notamment grâce aux récents changements apportés à l’impôt fédéral sur le revenu des particuliers. « Cela devrait soutenir la croissance continue du revenu en 2026, bien qu’à un rythme plus lent que cette année », mentionne le rapport. 

En 2027, les renouvellements hypothécaires devraient cependant ralentir cette croissance. Les économistes de Desjardins précisent que les ménages du Québec et de l’Alberta seront vraisemblablement moins touchés par ces renouvellements que ceux de la Colombie-Britannique et de l’Ontario. 

L’effet du vieillissement de la population 

Le rapport examine également l’effet du vieillissement démographique, en soulignant que les revenus chutent à l’âge de 65 ans, ce qui entraîne des taux d’épargne nets négatifs.

« Cette dynamique contribue à expliquer pourquoi plusieurs provinces maritimes ont enregistré des taux d’épargne constamment négatifs au cours des dernières années », notent les économistes. 

Selon eux, « l’Alberta et la Saskatchewan devraient maintenir des taux d’épargne relativement élevés, bien que la baisse des prix du pétrole pourrait représenter un obstacle ».

En Ontario, ils prévoient une diminution du taux d’épargne en raison de la sous-performance de l’économie et du marché du travail qui pèse sur les revenus des ménages, elle-même causée, notamment, par les tensions commerciales avec les États-Unis.

En Colombie-Britannique, bien que le revenu des ménages soit moins exposé aux tarifs douaniers, la capacité d’épargne est limitée par des coûts de logement très élevés. 

« Dans les provinces de l’Atlantique, le taux d’épargne devrait demeurer près de zéro ou en territoire négatif en raison de la croissance modeste de la population, du profil démographique vieillissant et de la diminution de la migration internationale et interprovinciale », soulignent les économistes.

Enfin, même si le Québec est appelé à demeurer parmi les chefs de file en matière d’épargne dans un avenir proche, il pourrait néanmoins subir un sort semblable à celui des provinces maritimes à plus long terme, en raison de sa population vieillissante.