Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) a mis au point un programme de formation pour permettre à ses membres d’améliorer leurs compétences en gestion et en vente. Le but avoué de cette démarche est d’outiller les courtiers pour leur permettre d’aller rechercher, d’ici 5 ans, entre 1 % et 5% des parts de marché perdues aux mains des directs.veau président du RCCAQ, Michel Duciaume, a confié que l’un des grands enjeux qui l’attendrait au cours de la prochaine année est la réouverture de la Loi sur la distribution des produits et services financiers. Mario Albert, PDG de l’Autorité des marchés financiers, a d’ailleurs annoncé lors du Congrès du Regroupement que cette révision aurait cours en 2013.

« C’est un enjeu important et il faut être présent, dit M. Duciaume. On va se préparer avant que la révision s’amorce. Nous avons d’ailleurs déjà déposé diverses positions, notamment en ce qui a trait à la vente par Internet. »

Le nouveau président du RCCAQ souligne aussi que les efforts du RCCAQ pour mieux se faire connaitre des gouvernements et des autorités règlementaires ont porté leurs fruits. « On est davantage consulté et plus écouté. On peut mieux donner notre position pour à la fois faire évoluer le courtage et protéger le consommateur », dit M. Duciaume. Un exemple concret de cette réussite est la décision de l’Autorité d’exiger des assureurs de faire la preuve qu’une nouvelle acquisition n’aura pas d’impact sur les prix et la compétition », a-t-il dit.

Autre enjeu : améliorer l’image du courtier auprès du public. « Il y a déjà du travail qui a été fait en ce sens, notamment par de la publicité. Néanmoins, nous avons l’impression que les gens oublient ce que le courtier fait. Nous suivons nos clients de près toute leur vie, nous magasinons pour eux et nous les assitons lors d’une réclamation. Cette valeur ajoutée est mal connue », dit-il.

M. Duciaume reconnait que plusieurs courtiers font bien valoir cette plus value. D’autres l’ont toutefois oublié, souligne-t-il. « C’est pourtant ce qui nous distingue. Certains courtiers semblent pris dans le tourbillon des changements informatiques et technologiques», dit-il. Selon M. Duciaume, reprendre des parts de marché passe par la démonstration aux consommateurs de la valeur ajoutée du rôle des courtiers.

Le président du RCCAQ dit aussi croire que la table de concertation mise sur pied avec les principaux assureurs à courtage aidera les courtiers à regagner des parts de marché. Le Regroupement comptait tenir ces rencontres deux fois par année tout au plus. Or, en décembre, l’association tiendra sa troisième rencontre avec ces assureurs, alors que la première a eu lieu en mai.

Un autre moyen que le RCCAQ met en branle pour permettre aux courtiers de regagner des parts de marché est d’outiller ses membres. C’est pourquoi le Regroupement vient de lancer Performe, un programme de formation de haut niveau destiné aux gestionnaires de cabinets de courtage. Il faut être membre du RCCAQ pour y accéder.

« On veut instruire les courtiers et les aider à développer des compétences pour que les dirigeants de cabinets se prennent en main, dit M. Duciaume. Pour regagner des parts de marché, il faut toutefois changer nos façons de faire. »

Il dit voir certains courtiers subir les évènements, alors que d’autres sont plus proactifs. « Il faut arrêter l’hémorragie. Il faut poser des gestes pour reprendre ces parts de marché. On ne veut surtout pas que nos affaires en assurance aux entreprises subissent le même sort que celles en assurance aux particuliers.», dit M. Duciaume.

Aussi présente lors de l’entrevue, Isabelle Perreault, directrice générale du RCCAQ, souligne que le Regroupement fait de grands efforts pour se projeter dans le temps. Le lancement de Performe s’inscrit dans cette direction, dit-elle.

« Il faut faire connaitre les enjeux du courtage. On veut être capable de contribuer avant plutôt qu’a posteriori. On veut aider les courtiers à être à la fine pointe de la technologie. On espère que ça va amener une réflexion chez eux », dit-elle.

Le RCCAQ a aussi lancé Monmagasineurdassurance.com, un site Web destiné au grand public pour les aider à repérer un courtier travaillant près d’eux. Le site a été développé par l’Association des courtiers d’assurance de l’Ontario (mieux connue sous son acronyme anglais IBAO). Dans une deuxième phase, le site permettra aux consommateurs de remplir une demande de soumission en ligne, qui sera ensuite envoyée au courtier membre du RCCAQ sélectionné aléatoirement, tout en respectant la proximité géographique du client.

Un dossier urgent

Un dossier se trouve toutefois au-dessus de la pile des urgences du RCCAQ : l’harmonisation des taxes de vente provinciale et fédérale qui doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Le Regroupement s’attend à ce que certains cabinets voient leur bénéfice baisser de 40 %.

« Nous avons déjà déposé des solutions à Québec, mais le changement de gouvernement a fait retarder le dossier. Néanmoins, le ministre des Finances Nicolas Marceau est au courant du dossier. Toutefois, les hauts fonctionnaires qui doivent s’occuper du dossier n’ont pas été nommés encore. Nous avons aussi débuté diverses offensives auprès des députés en ce sens », dit M. Duciaume.

Dans ce dossier, Mme Perreault ajoute que le RCCAQ travaille aussi à faire reconnaitre le statut différent des cabinets de courtage par rapport aux autres institutions financières . « Les cabinets de courtage sont des intermédiaires. On ne parle pas des mêmes moyens qu’ont les institutions financières », dit-il.

M. Duciaume reconnait qu’il est urgent de faire bouger les choses. « Si rien n’est fait, ça pourrait couter des emplois au sein des cabinets de courtage. On ne peut pas refiler la facture aux consommateurs, car nous sommes payés à commission par les assureurs », dit-il.

Le RCCAQ a-t-il eu de l’aide d’autres regroupements de professionnels en services financiers? « Il n’y a pas eu beaucoup d’autres intervenants que nous, dit M. Duciaume. L’impact est plus grand en assurance de dommages, vu la taille des cabinets. »