La principale préoccupation des chefs d’entreprises québécoises en matière de risque est l’interruption des activités découlant d’une catastrophe naturelle ou de conditions météorologiques extrêmes.
Pourtant, pour les dirigeants d’entreprises canadiennes, cette préoccupation n’est pas citée parmi les quatre principaux soucis mentionnés selon la plus récente édition du rapport d’Aviva Canada sur les risques associés aux entreprises.
Le sondage de l’assureur est tenu sur Internet et plus de 1 500 entreprises y ont participé, dont 317 sont établies au Québec. Le rapport précise que les entreprises participantes n’ont pas nécessairement de relation d’affaires avec l’assureur.
Les risques d’interruption des activités se classent au cinquième rang de la liste canadienne des enjeux préoccupants. Ces mêmes risques sont classés au premier rang au Québec.
« Les préoccupations liées aux risques climatiques et environnementaux et exprimées par les dirigeants d’entreprises québécoises devraient, à mon avis, constituer une préoccupation majeure en matière de risque », indique Jason Storah, chef de la direction d’Aviva Canada, cité dans le communiqué annonçant la publication du rapport, le 11 juillet dernier.
La pandémie
La pandémie de COVID-19 semble avoir créé un grand impact sur la perception du risque par les entrepreneurs.
Quelque 35 % des répondants du Québec estiment comme une menace imminente le risque d’interruption des activités, comparativement à 27 % dans le reste du Canada.
On rappelle que, selon les Manufacturiers et Exportateurs du Québec, la réduction des ventes attribuables à l’interruption des activités durant la première vague de la pandémie de COVID-19 en 2020 est estimée à 4 milliards de dollars (G$).
Environ un quart des entreprises québécoises affirment qu’elles effectuent une analyse de la chaîne d’approvisionnement, et près d’un tiers d’entre elles procèdent à une évaluation des risques de répercussion sur leurs activités.
L’obstacle financier
Les risques émergents à prendre en compte dans le cadre d’un plan de continuation des activités (PCA) ne manquent pas, ajoute-t-on dans le rapport. Les phénomènes météorologiques extrêmes continueront de générer des risques imminents pour les activités des entreprises et les chaînes d’approvisionnement.
Même si « les risques sont connus, s’armer contre l’imprévu est un obstacle à la fois financier et logistique. Selon les répondants, les problèmes d’ordre budgétaire et le manque d’expertise empêcheront les entreprises québécoises de mettre en place davantage de protocoles de prévention des risques ».
Un peu plus de la moitié des entreprises québécoises de taille moyenne, soit 56 % (voir la Méthodologie ci-dessous) et 61 % de celles du marché intermédiaire affirment qu’elles sont beaucoup moins susceptibles de souscrire davantage d’assurance en raison de leurs budgets limités. Ces résultats sont nettement inférieurs à ceux des entreprises du reste du pays.
Ailleurs au pays
Les risques climatiques et environnementaux ne font pas partie des cinq principales préoccupations des dirigeants d’entreprises canadiennes. Dans l’ordre, les risques les plus menaçants sont ainsi classés :
- les événements de santé publique ;
- la cybersécurité et les cyberattaques ;
- la santé physique et mentale des employés ;
- la pénurie de main-d’œuvre qualifiée ;
- les interruptions des activités, y compris les perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Les entrepreneurs du Québec et du Canada se rejoignent dans leur peu d’empressement manifesté pour la gestion des risques, considérée par seulement 17 % des répondants comme étant une priorité.
Méthodologie
Quelque 91 % des répondants québécois au sondage l’ont fait en anglais, et 71 % d’entre eux étaient de sexe masculin.
Seulement 2 % des répondants dirigent une entreprise ayant un chiffre d’affaires inférieur à 2,5 millions de dollars (M$), tandis que 5 % sont à la tête d’une entreprise ayant plus de 250 M$ de revenus.
Les autres entreprises ont participé dans les proportions suivantes : les petites entreprises de 2,5 M$ à 5 M$ (13 %), les moyennes de 5 à 10 M$ (34 %) et les entreprises du marché intermédiaire avec des revenus situés entre 10 M$ et 250 M$ (46 %).
Les secteurs d’activité les plus représentés sont la fabrication (44 %), le commerce de détail (25 %), les services professionnels et les services aux entreprises (17 %) et la construction (6 %).