La pandémie de COVID-19 a mis une « pression énorme » sur le système de santé canadien, si bien que celui-ci pourrait prendre sept à dix ans à rattraper le retard qu’il a accumulé, a-t-on dit lors d’un webinaire de Croix Bleue Medavie.
Arif Bhimji, un médecin consultant pour Medavie, indique que le réseau fonctionnait déjà à hauteur de 85 % à 90 % de sa capacité en tout temps avant la pandémie. Quand la COVID-19 est arrivée, cette marge de manœuvre de 10 % à 15 % a rapidement été utilisée, obligeant le report de nombreuses opérations chirurgicales non urgentes.
En fait, le Dr Bhimji précise qu’il y a eu environ 560 000 opérations chirurgicales de moins pendant la pandémie.
Pas de solution facile
« Nous allons être confrontés à de gros obstacles dans les prochaines années, dit-il. Si nous ne dépensons pas plus d’argent, si nous ne changeons pas le système, nous allons toujours avoir du retard à rattraper pour ces opérations non urgentes. Mais ce n’est pas facile à corriger. »
En dehors du Canada, la plupart des systèmes de santé ont deux paliers : un public et un privé, note-t-il. C’est le cas aux États-Unis, où les hôpitaux fonctionnent à environ 60 % de leur capacité et n’ont donc pas été aussi durement touchés que le Canada pendant la pandémie.
À l’heure actuelle, quelque 1,4 million de Canadiens sont en attente d’un traitement, une hausse de 34 % par rapport à 2019, rapporte Kathryn Gregory, directrice des services à la clientèle à Medical Confidence, une filiale de CloudMD Software & Services.
Mme Gregory cite des statistiques de l’Association médicale canadienne, qui estime que l’attente coûte 19 milliards de dollars en pertes de revenus, en lacunes de soins de santé et en frais pour ceux qui ont besoin de soins supplémentaires.
L’attente se concentre essentiellement dans deux spécialités : la chirurgie orthopédique et la psychiatrie, dit-elle. Dans la province, 60 % des médecins indiquent que leur plus gros défi est de trouver un spécialiste, tandis que 20 % des orientations vers un spécialiste ratent leur cible à cause de « télécopies égarées ». Environ 25 % des orientations doivent être refaites une deuxième fois parce que la première est incorrecte. Par ailleurs, 55 % des spécialistes disent ne pas avoir assez d’information pour poser un diagnostic en bonne et due forme et doivent demander plus de tests.
En attente d’un spécialiste
Certains patients qui attendent de voir un spécialiste risquent de subir d’importants problèmes de santé, fait remarquer Olivier Pagé, directeur des opérations, gestion des régimes collectifs d’invalidité, Croix Bleue Medavie.
L’an dernier, Croix Bleue Medavie a fait équipe avec Medical Confidence pour fournir à ses participants de régime un programme offrant une « navigation personnalisée dans le domaine des soins de santé » qui permet de réduire le temps d’attente pour voir un spécialiste.
Ce programme, appelé MedExcellence, a été mis en place pour que les participants en congé d’invalidité puissent accéder à un spécialiste plus rapidement — 220 jours plus tôt, en moyenne. La société affirme que les assureurs qui ont recours à son programme ont observé une réduction des invalidités de six mois en moyenne.
Une approche personnalisée
Le programme comprend l’accès à plus de 150 professionnels (kinésiologues, travailleurs sociaux, spécialistes en réadaptation, etc.) capables de réaliser des évaluations complètes et de fournir des services de soutien, explique M. Pagé. Il aide également ses utilisateurs à autogérer certaines maladies (comme l’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique, le diabète et l’hypertension artérielle), peut aider ceux qui veulent arrêter de fumer, et offre des soins de santé virtuels.
« La pandémie a eu au moins un côté positif : l’accélération et l’adoption des soins virtuels, affirme M. Pagé. Les Canadiens peuvent accéder rapidement à des soins de qualité où et quand ils en ont besoin... Ils peuvent donc prendre leur santé en main, selon leurs préférences. »