L’industrie de l’assurance de dommages s’apprête à vivre une forte période de croissance.

Selon Swiss Re, le volume de primes des assureurs est appelé à doubler au cours des deux prochaines décennies. Il atteindrait ainsi 4 300 milliards de dollars (G$) d’ici 2040, estime le réassureur dans un rapport intitulé More risk : the changing nature of P&C insurance opportunities to 2040. En 2020, le volume de primes souscrit par l’industrie totalisait 1 800 G$, indique le réassureur.

D’où proviendra cette croissance ? Une grande partie des nouvelles primes souscrites proviendra de la lutte au changement climatique, estime Swiss Re, avec une hausse de 22 % du volume de primes souscrites pour couvrir des biens. La hausse des catastrophes naturelles l’explique, ajoute le réassureur.

Le réassureur prévoit d’ailleurs un virage de l’industrie. Swiss Re s’attend à ce qu’elle souscrive de plus en plus de primes pour protéger des habitations et des entreprises. L’assurance automobile demeurera son grand secteur de prédilection, mais dans une moindre mesure qu’aujourd’hui, indique le réassureur dans son rapport, passant de 42 % à 32 % des primes souscrites par l’industrie de 2020 à 2040.

Couvrir davantage de biens permettra à l’industrie d’afficher, annuellement, une croissance moyenne de 5,3 % dans ce segment précis de marché. Le total de ses primes passera ainsi de 450 G$ en 2020 à 1 300 G$ en 2040.

La souscription de risques en responsabilité n’est pas en reste. Sa croissance annuelle moyenne d’ici 2040 sera de 4,7 %, estime Swiss Re. Quelles sont ses sphères de croissance ? Les effets liés au changement climatique, à la montée de l’intelligence artificielle, mais aussi aux changements sociétaux et légaux qui émergeront d’ici 2040.

Souscrire plus de risques

Selon l’économiste en chef de Swiss Re, Jerome Haegeli, l’industrie se doit de souscrire plus de risques pour remplir son rôle social. Le changement climatique l’impose, plaide-t-il.

« Promouvoir des conditions favorables à une croissance durable à long terme est particulièrement important face au changement climatique, qui constitue la plus grande menace à long terme pour l’économie mondiale. Si nous voulons, comme assureurs, construire un système d’assurance durable qui permet à la société de gérer et d’absorber les risques futurs, nous devons rendre les risques et les opportunités quantifiables. Notre travail est aussi vital pour les décideurs politiques avec lesquels nous partageons l’objectif de rendre la croissance économique assurable », a-t-il commenté.

À court terme

Cette croissance se fera aussi sentir à court terme, indique Swiss Re. Aux Rendez-vous de septembre de la réassurance à Monaco, le réassureur a estimé que le volume de prime souscrit par l’industrie de l’assurance de dommages devrait être 10 % plus élevé à la fin de 2021 qu’il ne l’était avant la pandémie. L’industrie devrait même dépasser le cap des 7 000 milliards de primes souscrites au cours de 2022, prévoir le réassureur.

Swiss Re réitère que le changement climatique présente la plus grande opportunité de croissance pour l’industrie. Mais aussi la plus grande menace. Car si la société ne répond pas à la menace climatique, une contraction du PIB d’ici 2050 demeure possible, prévient le réassureur.

Le besoin de recourir à plus de protections d’assurance est donc présent, affirme Swiss Re. Les assureurs se doivent toutefois d’augmenter leurs expositions aux risques qu’ils sont prêts à souscrire.

« Alors que la notion même de ce qu’est un risque évolue et se complexifie, il faut, comme assureur, se concentrer encore davantage sur l’évaluation et la modélisation de ses tendances. Il importe donc de s’assurer que la tarification est adéquate pour les risques pris. Par conséquent, il est important que les capacités de souscription s’accroissent encore, d’autant plus que les taux d’intérêt demeurent bas », affirme Thierry Léger, chef de la souscription de Swiss Re.