Lors de leur audience en commission parlementaire le 7 novembre, les assureurs de personnes du Québec ont fait une demande pour contribuer à faire diminuer le cout des médicaments.

Jean-François Chalifoux, PDG de SSQ Groupe financier, et Lyne Duhaime, présidente d’ACCAP-Québec, représentaient les assureurs privés du Québec pour faire entendre leur point de vue dans le cadre des consultations publiques sur le projet de loi 148. Le Journal de l’assurance a assisté à leur audience.

Ils ont profité de la tribune qui leur était offerte pour demander à ce que les assureurs privés puissent se joindre à l’Alliance pancanadienne pharmaceutique. Cette association crée un front commun entre les provinces et le fédéral en vue de négocier conjointement des prix plus bas pour les médicaments brevetés et génériques.

Pour l’instant, dans le cas des médicaments brevetés, l’Alliance négocie des réductions de couts qui bénéficient seulement aux Québécois et Canadiens couverts par un régime privé. Les assureurs privés jugent que cette manière de fonctionner n’est pas équitable. Ils affirment que leur adhésion à cette Alliance leur permettrait de tirer parti des volumes du marché canadien tout entier. Il s’agirait d’une première si un groupe d’assureurs privés est admis au sein de cette association.

En juillet 2017, le gouvernement du Québec a conclu une entente de principe avec les fabricants de médicaments génériques sur une réduction du prix payé pour ces médicaments. Cet accord devrait engendrer des économies annuelles de 1,5 milliard de dollars, soit 304 millions de dollars (M$) par année pendant cinq ans. Les assureurs privés veulent être certains de pouvoir en faire aussi bénéficier à leurs clients. « On veut s’assurer que les payeurs privés auront leur juste part des économies qui seront réalisées à la suite de cette entente », dit Mme Duhaime.

Qui en bénéficiera ?

Tout en saluant cet arrangement, l’industrie des assureurs de personnes n’est pas rassurée : cette entente demeure confidentielle et il n’est pas encore clair que les Québécois assurés par le volet privé en bénéficieront, regrette-t-elle. Ses représentants ont profité de la tenue de cette commission parlementaire pour demander que les clients des deux régimes soient traités sur le même pied et bénéficient des mêmes prix.

Le PDG de SSQ Groupe financier a précisé qu’à ce jour, l’industrie était parvenue à contenir la hausse importante des couts des médicaments. Elle n’avait pas de problématique majeure actuellement, mais elle est inquiète de l’avenir pour les employeurs et les assurés.

Un écart qui ne cesse de grandir

L’industrie est préoccupée par différents aspects de la question des médicaments, le cout extrêmement élevé de nouvelles molécules, les médicaments pour les maladies orphelines, les honoraires que réclament les pharmaciens. Elle considère l’iniquité qui s’est créée entre le régime public et le régime privé comme l’enjeu majeur.

L’écart qui s’est créé entre ce que paient les travailleurs, les employeurs et les membres des associations professionnelles et les assurés du régime public pour les mêmes médicaments n’a pas cessé de grandir. Il était négligeable en 1997, année de création du régime d’assurance médicaments. Il se situe aujourd’hui à 17 % ou 37 % selon que le médicament soit générique ou pas. Il augmente d’un point de pourcentage par année. Quand le régime public économisait 1 $, ce montant était transféré sur le dos des assureurs privés.

« Il faut contenir cette escalade des couts », a souhaité Jean-François Chalifoux. Les assureurs de personnes souhaitent profiter de l’accord intervenu avec les fabricants de médicaments génériques pour réduire ce déséquilibre et ramener cet écart à un niveau plus raisonnable, dit-il.

Assurer une équité

« Afin d’assurer une équité entre les volets public et privé du régime d’assurance général d’assurance médicaments du Québec, nous estimons que le prix de vente garanti inscrit à la Liste des médicaments devrait être le prix négocié lors de ces ententes, ont réclamé Lyne Duhaime et Jean-François Chalifoux. Il serait malheureux que près de 60 % des Québécois ne puissent profiter des réductions de prix conclues lors de ces ententes ».

Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette, a dit bien comprendre la réaction des assureurs. Il s’est aussi dit « fondamentalement d’accord » avec leur position, tout en s’excusant de ne pouvoir leur divulguer la nature de l’entente intervenue avec les fabricants de génériques.