La Corporation des carrossiers professionnels du Québec (CCPQ) s’est fixé un objectif important en 2013 : lier des partenariats avec des assureurs. C’est ce qu’a indiqué son président, Michel Bourbeau, en entrevue au Journal de l’assurance.« Nous voulons consolider nos liens d’affaires avec les assureurs. Cela fait partie de notre plan stratégique à long terme. Nous défendons la relation tripartite entre les assureurs, les carrossiers et les clients. Nous souhaitons que cette relation soit à l’avantage de tous », précise M. Bourbeau.

Le président de la Corporation dit viser plusieurs compagnies d’assurance, mais n’a pas voulu indiquer ses objectifs. « Intact Assurance et SSQ auto sont déjà partenaires de la CCPQ. Nous avons entamé des négociations avec d’autres compagnies », a-t-il précisé, sans nommer les entreprises en question.

La CCPQ est aussi partenaire de CAA Québec. « Grâce à ce partenariat, nous souhaitons qu’à terme, les consommateurs puissent aller directement vers les membres de la Corporation », explique-t-il. Celle-ci souhaite ainsi favoriser l’émergence des meilleurs carrossiers.

La CCPQ rassemble 60 % des carrossiers. « La majorité des membres de la Corporation comptent plus de cinq employés », indique-t-il. Au Québec, il y a entre 1 500 et 1 800 ateliers de carrosserie. Quelque 68 % des entreprises qui la composent comptent moins de cinq employés.

Le secteur rassemble environ 6 600 travailleurs qualifiés, au Québec. Parmi ces travailleurs, on trouve essentiellement des réparateurs de carrosserie et des peintres.

M. Bourdeau a aussi fait le point sur d’autres tendances qui exercent une influence sur le secteur de la carrosserie. C’est le cas des fusions et acquisitions dans l’industrie de l’assurance de dommages. Selon M. Bourbeau, l’acquisition d’AXA par Intact a eu des effets sur l’industrie de la carrosserie.

« Plusieurs bannières et franchises ont signé des ententes avec des assureurs. Lorsqu’une acquisition survient, les règles changent. Ainsi, l’acquisition a une incidence sur la négociation des ententes », explique-t-il.

Aussi interrogé sur cette question, Yves Robichaud, directeur régional de Carstar Canada, fait remarquer que l’acquisition d’AXA par Intact a eu, sur certains carrossiers, des retombées plus notables que celle de Jevco. « L’impact de la transaction Axa-Intact a été plus important, car le volume d’affaires que possédaient certains carrossiers avec AXA était plus important que celui qu’ils possédaient avec Jevco », relève-t-il. Au dire de M. Robichaud, des carrossiers faisant affaire avec AXA avant la transaction, mais pas avec Intact, ont ainsi dû se tourner vers Intact, à la suite de l’acquisition. Selon lui, ces transactions n’entrainent pas forcément de changements de procédures pour les carrossiers. « Au Québec, nous respectons les directives du Groupement des assureurs du Québec. Ainsi, il y a de moins en moins de différences de procédures, selon que l’on travaille avec un assureur ou un autre », dit M. Robichaud.

Ce dernier indique qu’il est difficile de dire si ces transactions sont bénéfiques pour l’industrie de la carrosserie. « Nous ne faisons que les constater. Nous savons qu’il y en aura de nouvelles, car il y a une tendance à la consolidation, souligne-t-il. Nous remarquons cependant qu’il est plus facile de travailler avec un assureur qui grossit, car il élargit sa structure. »

M. Bourbeau ajoute que les acquisitions au sein de l’industrie de l’assurance de dommages ne sont pas les seules à avoir un impact sur l’industrie de la carrosserie. Les transactions entre compagnies de peinture peuvent aussi avoir un impact sur le secteur de la carrosserie.
Baisse des réparations

Autre phénomène ayant un impact sur l’industrie de la carrosserie : la baisse des réparations. Cela s’explique notamment par le fait que les assureurs sont plus enclins à faire déclarer des pertes totales à la suite d’un accident.

« Ils agissent ainsi en raison des couts, mais cela hypothèque notre secteur d’activités, explique M. Bourbeau. Trouver une solution qui ferait en sorte que les assureurs déclarent moins de pertes totales serait bénéfique pour les carrossiers. Sans compter que les carrossiers membres qualifiés pourraient sans doute réparer certains véhicules, conformément aux attentes des clients. »

La douceur de l’hiver 2012 a aussi contribué à la diminution du nombre de réparations. « Il n’y a eu ni tempête, ni verglas, indique-t-il. De plus, les nouvelles technologies installées sur les automobiles en font des véhicules durables et sécuritaires. »
Défi de la main-d’œuvre

Le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée est aussi un défi pour le secteur de la carrosserie. « Alors que les voitures changent, les employés se doivent d’être formés et de connaitre les nouvelles technologies », fait remarquer M. Bourbeau. De plus, retenir cette main-d’œuvre n’est pas chose aisée. « Nous perdons souvent des employés au profit d’autres industries », observe-t-il.

Interrogé pour savoir si la création d’un permis d’exploitation pour les carrossiers constitue toujours un enjeu, M. Bourbeau répond par l’affirmative. La CCPQ rappelle qu’elle doit maintenant composer avec un nouveau gouvernement. « Ce dossier ne semble pas être une priorité gouvernementale, dit pour sa part M. Robichaud. La mise en place d’un permis d’exploitation permettrait de valoriser le rôle du carrossier. »