Président et chef de la direction de Financière Sun Life Québec, Robert Dumas a profité de son passage au Cercle canadien pour exhorter les entreprises à accentuer la prévention auprès de leurs employés, tant envers la santé physique et mentale que financière.

Des employés heureux et en santé se traduisent par un taux de roulement moins élevé du personnel, a dit M. Dumas lors de l’évènement qui réunissait plusieurs centaines de personnes. Avoir des employés en santé est encore plus important pour les entreprises en région, où avoir les ressources pour maintenir les activités courantes passe avant avoir celles qu’il faut pour croitre, a-t-il fait valoir.

« Dans les années 70, le rôle des entreprises était de faire plus de profits pour les actionnaires. Aujourd’hui, les choses ont changé », a-t-il lancé, ajoutant que les intérêts des actionnaires s’alignent désormais à ceux des employés.

Saines habitudes de vie

Les couts de la santé prennent de l’ampleur sur tous les fronts et rappellent l’importance des saines habitudes de vie, a-t-il démontré par force statistique. Alors que 57 % des travailleurs québécois souffrent d’une ou plusieurs maladies chroniques, M. Dumas a rappelé que leur incidence pourrait être réduite de 80 %, « si l’on fait un peu plus d’exercice, que l’on arrête de fumer et prend moins d’alcool ». Les saines habitudes de vie peuvent même prévenir 40 % des cas de cancer, a-t-il ajouté.

La santé mentale est aussi mise à mal en entreprise. « Le tiers des réclamations en assurance collective découlent d’un problème de santé mentale. C’est un pourcentage qui augmente et qui est déjà supérieur à celui des réclamations pour le cancer. De plus, 44 % des invalidités pour cause de santé mentale durent plus de 6 mois », révèle M. Dumas. Alors que les couts de l’absentéisme frisent les 16 G$ par an, Robert Dumas a signalé que selon les experts, le présentéisme coute encore plus cher.

La santé financière s’invite parmi les trouble-fêtes, alors que 44 % des Canadiens estiment que l’argent est leur première source de stress « surtout chez les plus jeunes », a rappelé M. Dumas. Les trois quarts des Canadiens n’ont jamais calculé l’épargne requise pour prendre leur retraite, et 40 % disent qu’une hausse des taux d’intérêt leur créerait des soucis. « Nous avons estimé qu’un employé passera 13 % de son temps de travail à régler ses problèmes financiers », a révélé M. Dumas.

Prévenir avant de guérir

Les entreprises doivent jouer plus pleinement leur rôle, car la responsabilisation personnelle envers les saines habitudes de vie ne suffit pas, croit Robert Dumas. « Toutes ces statistiques nous disent que les problèmes de santé ont un impact important sur les employés et les entreprises. Il faut passer au-delà de la responsabilisation des individus, trouver des solutions collectives. Plusieurs sondages indiquent que les employés s’attendent à ce que les employeurs les aident en regard de leur santé. La moitié des employés seraient prêts à changer d’emploi pour améliorer la qualité de vie ou les soins de santé. »

Les programmes d’assurance collective actuels ne suffisent pas non plus. « Les programmes d’assurance collective ont fait leurs preuves, il y a moins d’absences, moins de détresse psychologique… mais ils s’attaquent à des enjeux actuels des employés. Ils offrent des solutions aux problèmes qui existent déjà. Évidemment, ce n’est pas assez. Qu’est-ce que l’on peut faire pour avoir un plus grand impact ? Pourquoi ne pas travailler en amont, avant l’incidence de la maladie, au niveau de la prévention », s’interroge-t-il.

Taxe sur la prévention

Il a repris le message lancé par Pierre Lavoie (Grand défi Pierre Lavoie), présent à la table d’honneur de l’évènement, qui suggère de prendre une partie des cotisations des employeurs au Fonds des services de santé (FSS), pour implanter en entreprise des initiatives pour faire bouger les employés, et agir sur la prévention en santé des employés.

M. Dumas a partagé des exemples d’entreprises qui ont pris le virage, dont la société pharmaceutique McKesson Canada. Avec entre autres plus de flexibilité, des bilans de santé gratuits, et une plateforme permettant aux employés de suivre l’évolution de leur état ainsi que d’organiser des défis santé entre eux, l’entreprise a réussi à améliorer l’état de santé de ses employés.

Fort retour sur investissement

En raison d’un degré d’engagement élevé, qui a atteint jusqu’à 75 % dans certains départements, le programme a réalisé un retour sur l’investissement qui a largement surpassé le scénario le plus optimiste de la compagnie. Alors qu’elle s’attendait au mieux à un retour de 3,80 $ pour chaque dollar investi, elle a plutôt récolté 6,30 $ pour chaque dollar investi.

Robert Dumas dit en conclure que la santé doit devenir un choix stratégique « qui doit faire partie de nos plans d’affaires, de notre image et de notre marque d’employeur ». « Nous pouvons vraiment faire la différence pour chaque individu, chaque employé », a-t-il ajouté.