Si vous êtes une jeune femme enceinte résidant dans l’Ouest du pays qui occupe un emploi dont les fonctions se passent à l’extérieur, la probabilité que l’anxiété climatique vous guette est plus élevée que la moyenne. 

Quelque 77 % des personnes adhérentes à un régime collectif offert en entreprise ont été confrontées à un événement météorologique extrême entre 2022 et 2024, selon un rapport publié par Financière Sun Life. Et près de trois personnes sur cinq (59 %) disent que cet épisode a eu un impact sur leur santé physique.

L’étude, intitulée Effets du climat et de la météo extrême sur la santé au travail au pays, a été publiée le 24 septembre dernier. Les répondants de l’enquête sont âgés de plus de 18 ans et occupent un emploi à temps plein. Les détails sur la méthodologie sont publiés à la fin du texte. 

L’anxiété climatique ou écoanxiété est notée dans plusieurs études et touche particulièrement les personnes plus jeunes, rapportent les auteurs du rapport. Ils soulignent aussi que les survivants d’une catastrophe naturelle peuvent aussi sentir des effets à moyen et à long terme qui se rapprochent d’un état de stress post-traumatique. 

Les impacts de la météo extrême ne sont pas répartis de manière équitable, indique-t-on dans l’étude. Les risques sont plus grands pour les personnes atteintes d’une maladie chronique, les femmes (particulièrement durant la grossesse), les jeunes adultes et les personnes qui occupent un emploi à l’extérieur. 

Dans l’Ouest du Canada et les Prairies, l’étude révèle que les employés sont plus nombreux à faire état des effets du climat sur leur santé. Les répondants du Québec sont les moins nombreux à avoir vécu les répercussions de ces événements. 

Impacts divers 

Les canicules, les tempêtes ou les feux de forêt sont mentionnés parmi les phénomènes climatiques ayant des effets sur la santé. La vague de chaleur qui a frappé la Colombie-Britannique en 2021 aurait à elle seule causé plus de 600 décès, selon ce que rapportait l’Institut climatique du Canada dans une étude publiée en 2023.

Les forts vents qui accompagnent certaines tempêtes soulèvent le pollen qui peut causer des crises d’asthme. Les inondations provoquées par les fortes précipitations peuvent rendre insalubres les résidences ou causer des pannes d’électricité prolongées. Des médicaments qui doivent être réfrigérés peuvent être perdus. 

La fumée des feux de forêt contient des particules fines qui peuvent affecter la santé pulmonaire. D’autres maladies chroniques peuvent être aggravées par la mauvaise qualité de l’air. 

À plus long terme, les extrêmes climatiques causent des problèmes à long terme. L’exposition à certains polluants atmosphériques associés au réchauffement du climat augmente les risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires de même que les cancers et les décès prématurés, selon un rapport de Santé Canada publié en 2021.

L’augmentation des allergènes découlant de l’agrandissement de l’habitat de certaines espèces végétales prolonge la saison des allergies, ce qui peut se répercuter sur la santé des personnes asthmatiques. La présence accrue de tiques, de souris et de moustiques ajoute autant de vecteurs de propagation de maladies. 

Santé au travail 

L’enquête vise aussi à mettre en perspective les préoccupations sur le milieu de travail, tant du point des employés que de leurs gestionnaires. Les employés rapportent différents effets du climat sur leur santé.

« Les plus fréquents sont la fatigue et l’épuisement, les maux de tête ou migraines, les allergies et l’irritation oculaire. On cite aussi le stress dû à la chaleur, les troubles dermatologiques, les problèmes respiratoires et la déshydratation. » 

Quelque 54 % des employés signalent des effets récents sur leur santé mentale : anxiété, stress et difficulté à dormir sont les plus souvent cités. L’accès aux soins psychologiques a été amélioré, mais la santé mentale demeure un enjeu majeur. Selon les données de la Sun Life, les troubles mentaux représentent près de 40 % des demandes de règlement en invalidité de longue durée. 

« Beaucoup d’employés affirment que les effets du climat sur leur santé ont des répercussions sur leur travail et leur productivité », écrivent les auteurs du rapport. Les employés qui disent ressentir des effets sur leur santé physique sont presque deux fois plus nombreux à prendre congé ou à se sentir moins productifs et engagés. 

Le rapport permet à Sun Life de souligner qu’une majorité des employés ignorent le contenu de leur régime de garanties collectives et ce qu’elles peuvent faire pour les aider. Les employeurs doivent en prendre note et épauler leur personnel à cet égard, suggère Marie-Chantal Côté, vice-présidente principale de Sun Life Santé, dans le communiqué accompagnant la publication du rapport. 

Quelque 61 % des employeurs disent que les répercussions des changements climatiques sur la santé des employés constituent un risque pour leur organisation. Les employeurs dans les entreprises comptant moins de 100 travailleurs sont toutefois moins nombreux (37 %) à faire le même constat, ce qui contredit le résultat obtenu dans le sondage mené auprès des employés. 

Le soutien en santé mentale, les programmes de gestion des maladies chroniques, la pharmacie en ligne font partie des solutions qui sont offertes dans les garanties des régimes collectifs, ajoute-t-on dans le rapport. 

Méthodologie 

L’étude précise la méthodologie employée pour sonder les répondants. Les enquêtes ont été menées en ligne, en anglais et en français, en décembre 2024. L’échantillon d’intervenants est conforme aux normes du Conseil de recherche et d’intelligence marketing du Canada et se veut représentatif tant en matière de taille et de répartition géographique des entreprises qu’au plan démographique.

Le sondage fait auprès des employeurs a été mené au sein d’entreprises canadiennes qui offrent un régime collectif. Parmi les 507 répondants, on compte 251 gestionnaires de personnel qui sont responsables d’au moins 10 employés de même que 256 cadres supérieurs ou dirigeants.

Quelque 2 079 personnes travaillant dans des entreprises canadiennes avec un régime collectif ont aussi participé à l’enquête. Les répondants étaient des contributeurs individuels ou des gestionnaires d’équipes comptant moins de 10 employés. La firme Environics Research était le partenaire de Sun Life dans cette étude.