Après un premier semestre encourageant en 2007, les gestionnaires de caisses de retraite ont connu un deuxième semestre décevant, avec un rendement moyen de 2%. Le désir de faire mieux et une année 2008 qui s’annonce volatile poussent les gestionnaires à diversifier plus que jamais leurs investissements.Au moment d’écrire ces lignes vers la fin du mois de janvier, le S&P/TSX60 vivait coup sur coup une forte baisse et un retour en force qui a permis de limiter les dégâts. Si l’incertitude marque les débuts de 2008, les raisons des déboires de 2007, eux, sont bien connus.

« Nous avons eu un bon début les six premiers mois mais les choses se sont gâtées par la suite », relate Claude Lockhead, vice-président principal chez AON. Le 1er janvier 2007, 70% des caisses de retraite se trouvaient en déficit alors qu’en juin de la même année, cette proportion reculait à 55%. Toutefois, les choses se sont gâtées lors du deuxième semestre. Résultat : c’est 67% des caisses qui ont fini l’année 2007 en déficit.

Selon M. Lockhead, deux principaux facteurs expliquent ce revirement : la hausse du dollar canadien et la baisse des taux d’intérêt à long terme.

La hausse du dollar a affecté les placements étrangers en argent canadien en 2007. Par exemple, le rendement de 5,5% en devise américaine du S&P500 s’est transformé en un recul de 10,5% pour l’an dernier, en raison du jeu de la devise canadienne. C’est un écart de 15%! Le rendement en devises locales de l’indice international EAEO a atteint 4,0% en 2007. En dollars canadiens, cela ne représente plus qu’un rendement négatif de 5,3%, soient un écart de 9,3%.

Hausse du huard

« La hausse du huard a fait mal aux caisses qui ont augmenté leur pondération en placements étrangers après l’abandon de la limite de contenu de 30% », lance M. Lockhead. La répartition typique d’une caisse de retraite tourne actuellement autour de 45% en obligations et 55% en actions. Normalement, la portion d’actions comprend 25% de titres canadiens et 30% de titres étrangers. « Mais certaines caisses ont augmenté la proportion d’actions étrangères à 40% de la portion action », poursuit-il.

Si le marché boursier canadien a mieux fait, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un cycle haussier depuis cinq ans, prévient M. Lockhead. Il y a une politique de rééquilibration à adopter dans de tels cas, dit-il, car ce marché haussier a entraîné une surpondération des investissements canadiens.

Une année mouvementée à venir

Jean Lamontagne observe quant à lui que les gestionnaires de caisses de retraite s’attendent à une année 2008 assez mouvementée. « La crise du crédit n’est pas terminée et les taux d’intérêt à long terme vont demeurer bas en 2008, avec peut-être une hausse minime à moyen terme », croit le conseiller principal, pratique de gestion de l’actif chez Watson Wyatt.

Or, les taux d’intérêt à long terme constituent l’élément le plus déterminant pour les gestionnaires de régimes de retraite à prestation déterminée (PD). Ces régimes garantissent le montant des prestations à la retraite, ce qui signifie que le promoteur de régime doit tenir des engagements à long terme. Les taux auront donc un effet sur 100% du passif du régime et sur toute la portion de son actif investi dans les obligations, explique M. Lamontagne.

Sondage

En s’appuyant sur son sondage qui mesure l’opinion de 54 gestionnaires de placement canadiens et mondiaux, gérant 12 billions$ d’actif sous gestion, Mercer avance des pronostics. Ainsi, Michel St-Germain et Jean-François Girard prévoient une baisse de 11$ du baril de pétrole d’ici le 31 décembre 2008, alors que le baril devrait s’établir à 85$. Ils considèrent aussi que les fondements de la hausse du dollar tiendront, ce qui devrait maintenir le dollar à parité avec le dollar US à la fin de 2008.

Parmi les variables qui marqueront le plus l’économie canadienne en 2008 figure en premier lieu la performance de l’économie et des marchés américains, suivie de la crise des prêts hypothécaires à haut risque.

En outre, les participants au sondage de Mercer prévoient que les pays les plus prometteurs pour investir seront la Chine, Hong Kong, Singapour et le Canada. Enfin, les titres les plus prometteurs seront RIM, CIBC et Banque TD.

De son côté, le conseiller principal en gestion de placement, Jean-François Girard, soutient que les caisses de retraites investiront davantage dans les investissements non traditionnels parce qu’ils améliorent la diversification. Or, les choix les plus prometteurs en matière d’investissements non traditionnels (souvent appelés «alternatifs») seront les infrastructures, les fonds de couverture et la gestion active des devises.