Dans un rapport publié par Swiss Re Institute, les pertes économiques causées par les catastrophes naturelles, en particulier les inondations sont examinées. La firme y indique que les avantages financiers des mesures de protection peuvent dépasser les coûts de reconstruction par un facteur allant jusqu’à 10.
« Il est difficile de quantifier le coût des catastrophes évitées, mais les avantages de l’adaptation peuvent être durables, renforçant la résilience sur plusieurs décennies », peut-on lire dans le rapport intitulé Resilience or rebuild?.
« Les recherches indiquent que des mesures d’adaptation modérées, comme le rehaussement des digues dans les zones économiquement développées, pourraient réduire de 90 % les dommages causés par les inondations côtières dans l’Union européenne et au Royaume-Uni d’ici 2100 », écrivent les auteurs.
Un important déficit de financement
Malgré ces avantages, les auteurs du rapport signalent un sous-financement chronique des projets d’infrastructure destinés à l’adaptation climatique. « Il est donc essentiel de créer des conditions permettant aux capitaux privés d’investir dans ces projets », déclare Veronica Scotti, présidente des solutions pour le secteur public chez Swiss Re. « Quantifier les avantages des mesures d’adaptation est une étape clé pour faciliter les investissements public-privé et, à terme, combler l’important déficit de financement. »
À l’échelle mondiale, les recherches révèlent que l’efficacité des digues varie considérablement selon les régions, mais que les avantages dépassent toujours les coûts, dans une proportion d’au moins deux fois et pouvant aller jusqu’à dix fois dans les zones à risque élevé d’inondation.
« Dans les régions moins peuplées, des solutions basées sur la nature, comme la restauration d’îles-barrières ou la végétation littorale, peuvent être tout aussi efficaces. De même, des interventions politiques, comme les restrictions d’usage des sols, peuvent renforcer la valeur des mesures de prévention des inondations », précise Swiss Re.
Le réassureur examine également les inondations côtières et fluviales, les différences et l’utilisation des infrastructures « grises » et « vertes » et analyse pourquoi ces efforts sont rarement entrepris, selon une perspective d’économie comportementale.
Les infrastructures grises
Au cours des cinq dernières décennies, les inondations ont causé près du tiers des pertes liées aux catastrophes naturelles, selon le rapport. Elles représentent également la catastrophe naturelle la plus courante en milieu urbain, affectant 58 % des villes dans le monde.
En utilisant les ratios coût-bénéfice (RCB), Swiss Re conclut que les infrastructures « grises » — digues et levées — présentent le plus fort potentiel de réduction des dommages liés aux inondations côtières. Parmi ses recommandations, le réassureur invite à s’inspirer des réussites ailleurs afin d’accélérer la prise de décision. À cet effet, il propose également trois études de cas internationales.
« Aucune méthode d’adaptation aux inondations ne sera idéale pour toutes les situations, et le risque d’inondation ne peut être complètement éliminé », expliquent les chercheurs.
« L’industrie de la réassurance et de l’assurance peut aider les gouvernements et les décideurs à reconnaître et comprendre les risques auxquels ils sont exposés. De plus, elle peut fournir des capacités et des solutions de réduction des risques pour soutenir le développement des interventions. »