L’industrie canadienne des fonds négociés en bourse (FNB) a enregistré des entrées de fonds de 5 milliards de dollars (G$) en mai 2024, selon le rapport mensuel Canadian ETF Flows de juin, publié par Banque Nationale Marchés financiers (BNMF).

Les ventes nettes de mai sont légèrement inférieures à celles de 5,3 G$ enregistré le mois précédent. Elles signent une séquence de cinq mois de forte croissance en 2024. Du début de l’année à la fin mai 2024, le marché des FNB a attiré des entrées nettes de 24,2 G$, soit 58 % de plus que pendant la même période de 2023, pendant laquelle les FNB ont récolté des ventes nettes de 15,3 G$.

En mai 2024, les FNB d’actions ont dominé les activités avec des entrées de fonds de 3 G$, suivis des FNB de titres à revenu fixe et des FNB multiactifs, qui ont respectivement attiré des entrées de fonds de 1,7 G$ et de 321 millions de dollars (M$).

L’actif des FNB a totalisé 431,6 G$ au 31 mai 2024, comparativement à 415,3 G$ au 30 avril 2024. Une hausse de 3,9 %.

Un marché concentré  

La majorité des 40 manufacturiers de FNB au Canada ont récolté des entrées de fonds en mai, peut-on lire dans le rapport de BNMF. Dans cette mer de concurrents, trois joueurs dominent. À eux seuls. RBC iShares, BMO et Vanguard détiennent 63,8 % des actifs sous gestion en FNB au Canada, révèle le rapport. 

Des joueurs de plus petite taille ont tout de même brillé. En 13e place du classement des principaux fournisseurs de FNB, Desjardins a connu une forte hausse de ses entrées de fonds. À 540 M$, elles ont représenté une hausse de 18 % par rapport à la taille de ses actifs sous gestion au 1er mai 2024. Il s’agit de la hausse la plus marquée du Top 20. Desjardins a un actif sous gestion de 3,6 G$. 

À titre de comparaison, Vanguard a eu les plus importantes entrées de fonds avec 927 M$, soit une hausse de 2 % par rapport à son actif sous gestion au 1er mai 2024. À RBC iShares, ses entrées de 491 M$ n’ont pas fait bouger l’aiguille. Durant la même période de comparaison, BMO a engrangé 506 M$ dans ses FNB, soit une hausse de 1 %. 

Outre Vanguard, seuls Gestion de Placements TD et Fidelity Investments ont surpassé les entrées de fonds de 540 M$ obtenu par Desjardins en mai. Dans leurs FNB, ils ont récolté respectivement des entrées de 615 M$ et de 570 M$. Pour TD, les entrées ont entraîné une hausse de l’actif de 4 % et, pour Fidelity, une hausse de 8 %. 

L’aimant des fonds indiciels 

Les fonds indiciels de base ont agi comme un aimant sur les ventes de FNB en mai 2024. La majeure partie des 540 M$ d’entrées de fonds récoltés par Desjardins en mai 2024 provient de ses fonds indiciels de base. Par exemple, le FNB Desjardins Indice actions américaines (coté DMEU à la Bourse de Toronto) a engrangé 373 M$ en mai, et le fonds FNB Desjardins Indice actions internationales (DMEI) en a récolté 140 M$. Le DMEU prend la quatrième place du marché en termes d’entrées de fonds. 

Le FINB BMO obligations totales (ZAG) le suit immédiatement, avec des entrées de fonds de 291 M$. Ce FNB de BMO cherche à reproduire le rendement de l’indice FTSE d’obligations canadiennes Universe

Pour sa part, RBC iShares domine le classement des entrées par fonds en mai 2024, avec 502 M$ dans iShares Core S&P/TSX Capped Composite Index ETF (XIC). Comme son nom l’indique, ce fonds vise à reproduire le rendement de l’indice S&P/TSX composé plafonné de la Bourse de Toronto. 

Vanguard arrive deuxième avec des entrées de 426 M$ dans son fonds Vanguard S&P 500 Index ETF (VFV), un fonds lié à l’indice du même nom, cherchant à reproduire le rendement de 500 grandes entreprises américaines cotées en bourse.

Diversifier 

Dans un blogue sur les avantages des fonds indiciels, Placements Empire Vie, filiale de gestion de portefeuille d’Empire Vie, vante la diversification que permet l’indice. « Si vous investissez dans un fonds indiciel qui reproduit l’indice S&P 500, vous accroîtrez votre exposition à environ 500 titres sous-jacents et à 11 secteurs compris dans l’indice », peut-on lire. 

Empire Vie mentionne que l’indice de rendement total S&P 500 a obtenu en dollars américains un rendement moyen annuel composé d’environ 10,5 % depuis sa création en 1957. « Au cours de cette période, l’effet du réinvestissement des dividendes a représenté plus de 86 % du rendement total », ajoute le gestionnaire de portefeuille. 

L’obsession des tendances 

La diversification des placements aide aussi à ne pas céder à l’obsession des tendances, selon un blogue de Placements Empire Vie à ce sujet. Une obsession qui peut selon lui amener l’investisseur à mettre ses objectifs de placements de côté, pour courir après les rendements. Une obsession que le gestionnaire désigne par l’acronyme FOMO dans la version anglaise de son blogue (pour Fear of missing out). 

Selon le blogue, plusieurs investisseurs craindront éventuellement de manquer une occasion de placement, parce qu’une mode provoque temporairement la hausse du cours d’une action.

Empire Vie donne comme exemple de tendance la montée rapide des titres liés à l’intelligence artificielle appelés les sept magnifiques (Alphabet, Amazon, Apple, Microsoft, Meta, NVIDIA et Tesla). Le gestionnaire estime risqué de rejoindre une tendance haussière déjà en cours : « Le sentiment du marché peut commencer à s’inverser après que vous avez effectué le placement. » Une volte-face difficile à prédire, selon lui. 

Réagir sur un coup de tête aux hauts et aux bas des marchés peut coûter cher à l’investisseur. Placements Empire Vie relate l’enthousiasme envers le secteur technologique qui a emporté les marchés à la fin des années 1990. « Les valeurs technologiques ont connu une envolée en raison de la croissance rapide des placements dans les entreprises basées sur l’internet. Une personne qui aurait investi dans un portefeuille axé sur la technologie, représenté par l’indice composé Nasdaq en octobre 1999, avant que celui-ci n’atteigne des sommets, aurait vu son placement monter en flèche avant de dégringoler au-dessous de la valeur du placement initial en l’espace de 13 mois seulement », peut-on lire.  

Un fonds géré activement reflète la tendance actuelle envers les titres technologiques. Il a eu son lot de succès en mai 2024. Cinquième joueur dans le top 20 des parts de marché en FNB au Canada, CI Gestion mondiale d’actifs a vu son fonds FNB intelligence artificielle mondiale CI (CIAI) recueillir 454 M$ d’entrées de fonds durant le mois de mai, soit le deuxième meilleur résultat du marché. Le CIAI a commencé à se négocier à la Bourse de Toronto le 7 mai 2024. 

Quand il vaut mieux choisir 

Gestionnaire de portefeuille et conseiller principal en gestion de patrimoine pour Financière Banque Nationale, Cimon Plante suggère aux investisseurs qui bâtissent leur portefeuille de choisir leurs titres de façon éclairée, mais aussi d’accepter de se tromper.

Dans sa capsule vidéo publiée le 16 juin intitulée Qui ne tente rien n’a rien ! il cite les mots de Warren Buffet, directeur général de Berkshire Hathaway, écrits dans une lettre aux investisseurs de 2022. En gros, le multimilliardaire dit qu’en 58 ans de gestion à Berkshire, la plupart de ses décisions d’investissements ont été quelconques (so-so). Il attribue ses résultats satisfaisants à environ une douzaine de décisions vraiment bonnes. 

« Ça surprend les gens. Quand Berkshire Hathaway achète un titre, on voit tout le monde l’acheter, en se disant que Warren Buffet a vu quelque chose que les autres n’ont pas vu », dit Cimon Plante. Pourtant, Berkshire Hathaway ne garde à long terme qu’une fraction des titres qu’il a achetés, ajoute-t-il. 

Au bout d’un an, l’équipe de Berkshire Hathaway revend 60 % des titres qu’elle a achetés, relate l’expert de Financière Banque Nationale. « C’est moins de 4 % des titres qui restent dans son portefeuille plus de 10 ans. Une poignée de titres a fait la différence dans son rendement », souligne M. Plante. Parmi ces titres, Geico, Coca-Cola, American Express, Gillette, Apple et The Washington Post

Cimon Plante dit que cette façon d’investir est accessible à tous. Mais il faut de la discipline. Il observe que plusieurs investisseurs auront le réflexe de vendre les titres gagnants pour réaliser des gains et de garder les titres perdants, le temps de se refaire. Il invite les investisseurs à s’inspirer de Warren Buffet qui, au contraire, vendra ses perdants et gardera les gagnants. « Vous avez acheté il y a des années des Couche-Tard ou des Dollarama qui sont encore gagnants ? Gardez-les », insiste M. Plante.