Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir plongé lundi 5 août 2024, l’indice S&P 500 a repris du poil de la bête le lendemain, 6 août 2024.
Si elle demeure palpable, l’inquiétude des investisseurs a baissé d’un cran. Mesure de volatilité des marchés financiers, l’indice VIX était monté à 55,07 lundi 5 août, le genre de sommet qui n’avait pas été vu depuis le début de la pandémie de COVID-19 (65,54 le 27 mars 2020). Souvent appelé « indice de la peur », le VIX est redescendu le lendemain, terminant la journée du 6 août à 27,32.
Le maintien à un niveau élevé de ses taux directeurs par la Fed, la Réserve fédérale des États-Unis (5,50 % et 5,25 %), et les statistiques décevantes de l’emploi et du taux de chômage américains la semaine dernière ont pavé la voie à une correction boursière à travers le monde.
La ruée vers le Yen se dénoue
De nombreux opérateurs de marché (traders) qui empruntaient des yens à des taux d’intérêt bas les convertissaient en dollars américains — Daniela Sabin Hathorn
Dans un commentaire publié le 5 août, la plateforme de négociation numérique Capital.com, établie au Royaume-Uni, avec des bureaux ailleurs en Europe et en Australie, se demande si la Fed ne s’est pas trompée en maintenant ses taux à un niveau élevé.
La hausse des taux par la Banque du Japon la semaine dernière a entraîné le dénouement d’une partie du carry trade, a commenté Daniela Sabin Hathorn, analyste principale de marché, Capital.com. Elle fait référence à la ruée des investisseurs pour emprunter des yens (JPY) à taux faible, afin de les échanger en dollars américains ou en euros. Des liquidités qui auront servi à acheter nombre d’actions à l’échelle mondiale.
Selon Daniela Sabin Hathorn, ce dénouement a eu un impact négatif sur les actions. « De nombreux opérateurs de marché (traders) qui empruntaient des yens à des taux d’intérêt bas les convertissaient en dollars américains pour acheter des actions aux États-Unis. Mais avec la hausse des taux au Japon, non seulement ils doivent payer des intérêts plus élevés pour les yens empruntés, mais ils subissent également des pertes sur le marché des changes », soutient l’analyste principale de marché de Capital.com.
Impact sur les actions
Elle juge que les mouvements semblent avoir été légèrement exagérés jusqu’à présent, ce qui a conduit selon elle à une correction lors de la session européenne. Toutefois, la tendance reste fortement baissière à court terme.
« Les traders surveilleront probablement de près les données de l’indice ISM Manufacturing, un indicateur de l’activité manufacturière américaine, cet après-midi, pour détecter d’éventuels signes supplémentaires de faiblesse, qui pourraient peser davantage sur le dollar et le marché boursier », prévoit Daniela Sabin Hathorn.
Le mardi 6 août a été un meilleur jour. Selon un communiqué de Reuters, les actions américaines ont terminé en forte hausse mardi, alors que les investisseurs ont réinvesti dans le marché après une vente massive la veille.
Pleins feux sur la Fed
Reuters ajoute que les récentes déclarations des responsables de la Réserve fédérale ont atténué les craintes de récession aux États-Unis. Les regards se tournent désormais vers une baisse plus que probable des taux d’intérêt par la Réserve fédérale.
La Fed devrait amorcer les coupures du taux directeur en septembre et couper probablement trois fois cette année — Sébastien Mc Mahon.
« Au cours des prochains mois, les marchés financiers seront portés par l’évolution de la course à la présidence des États-Unis et par le comportement de la Fed », peut-on lire parmi les faits saillants du bulletin Mensuel de Stratégie & Macroéconomie d’août 2024, publié par iA Gestion mondiale d’actifs (iAGMA).
Selon l’outil CME FedWatch, plus de 70 % des opérateurs du marché des taux d’intérêt croient que la Fed baissera ses taux de 50 % lors de son annonce du 18 septembre 2024. Les autres pensent qu’elle les abaissera de 25 %.
« La Fed devrait amorcer les coupures du taux directeur en septembre et couper probablement trois fois cette année », a signalé au Portail de l’assurance Sébastien Mc Mahon, vice-président, allocation d’actifs, d’iAGMA, et stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles d’iA Groupe financier.
Il observe une croissance du produit intérieur brut (PIB) américain qui ralentit progressivement vers les 2 %, et un taux de chômage qui augmente encore légèrement, mais poussé par « une hausse de la participation (immigration) et des mises à pied temporaires ».
Restez alignés sur le long terme
Parmi les faits saillants de son bulletin mensuel, iAGMA dit garder un regard attentif vers les petites capitalisations, les grandes sociétés technologiques, le dollar américain ainsi que les sociétés fortement imposées. Chacune de ces classes d’actifs est à risque de volatilité élevée d’ici l’élection de novembre, peut-on lire. « Nous pensons que les chances de récession imminente sont inférieures à 50 %, notre scénario de base est plutôt une poursuite de la normalisation de l’économie américaine », a signalé Sébastien Mc Mahon.
Le positionnement d’iAGMA demeure relativement neutre. « Nous aimons encore les actions américaines, mais favorisons plutôt une rotation de la technologie vers les secteurs plus défensifs laissés pour compte. Nous aimons aussi les secteurs cycliques comme l’énergie et les matériaux, qui profitent de valorisations attrayantes et d’une accélération du cycle manufacturier mondial », explique M. Mc Mahon.
Pour les obligations, il dit qu’iAGMA est entré dans cette période avec une durée légèrement longue. « Nous considérerons en rajouter si les signes de faiblesse se concrétisent ». Il estime que le comportement de la Fed et la liquidité des marchés prédominent généralement sur les élections américaines. « Nous nous attendons à ce que les marchés se désintéressent de l’élection présidentielle pendant quelques semaines », croit M. Mc Mahon.
Il recommande aux investisseurs de rester alignés sur leurs objectifs. « Investir, c’est pour le long terme. Assurez-vous que vos placements soient bien en ligne avec votre tolérance au risque et vos objectifs à long terme, et évitez de réagir abruptement aux mouvements soudains des marchés », conseille Sébastien Mc Mahon.
En absence de changement de paradigme comme la COVID-19 ou une crise financière, les mouvements rapides de marché s’avèrent selon lui de bonnes occasions de mettre des liquidités au travail.