Selon un rapport de Mercer Canada, les régimes devront accommoder davantage les jeunes participants de la génération des milléniaux, pour susciter chez eux une plus grande épargne.

Le rapport Brace for (or Embrace) The Change in The Canadian Retirement Landscape, récemment publié par Mercer Canada, révèle qu’il n’y a que 10 % des milléniaux qui pensent à épargner. Seule la moitié de cette proportion de participants fait le lien entre épargne et retraite.

Si l’industrie des régimes de retraite se croit bouleversée par les changements rapides, elle n’a encore rien vu, indique le rapport. « Les régimes de retraite privés entament une période de changements sans précédent, en raison d’influences des marchés externes, de la technologie et des transferts démographiques. Si vous croyez que 2016 a été une chevauchée sauvage pour les régimes de retraite d’employeurs, attendez de voir », peut-on lire dans le rapport.

Le rapport met entre autres l’accent sur les transferts de régimes à prestation déterminée vers des régimes à cotisations déterminées, par lesquels le risque de rendement est transféré des épaules des promoteurs à celles des épargnants.

Les régimes à cotisation déterminée ne conviennent cependant pas à tous, rappelle Mercer. Ainsi, ils peuvent défavoriser les femmes, qui devront y épargner 25 % de plus, pour atteindre les mêmes objectifs de retraite que les hommes. Elles vivent en effet plus longtemps qu’eux, et ont consacré en moyenne moins de temps au travail, en raison de leurs plus grands engagements familiaux.

Transformer pour plaire à tous

De plus, cinq générations se côtoient actuellement en milieu de travail : les régimes sont-ils assez flexibles pour accommoder tout le monde ? Michel Fortin croit que les employeurs devront transformer leurs régimes pour plaire à tous. « On a besoin des vieux expérimentés comme moi, ainsi que des jeunes qui amorcent leur carrière », a lancé à la blague Michel Fortin, responsable du domaine avoirs au Québec de Mercer, en entrevue avec le Journal de l’assurance.

Les régimes qui offrent seulement des rentes collectives pourront sembler trop contraignants aux employés plus jeunes, car ils n’ont pas toujours la tête à l’épargne-retraite, observe M. Fortin. « Les enjeux démographiques existent depuis longtemps. Des pays comme le Royaume-Uni et l’Australie leur ont trouvé des solutions innovantes, dit-il. Ils sont passés à l’ère des régimes à cotisations déterminées flexibles. Ces régimes sont la nouvelle tendance. »

Mercer offrira dès le 1er janvier 2018 un des régimes les plus flexibles du marché canadien, a révélé M. Fortin. « L’employé pourra décider à quel véhicule il veut attribuer sa cotisation, selon ses besoins, son âge et ses revenus. Un peu comme ce que l’on voit dans les régimes d’assurance collective flex-santé, dans lesquels les assurés peuvent choisir les garanties dont ils ont besoin », dit-il.

Si le premier objectif du participant à un régime est d’acheter une maison, il pourra choisir d’épargner dans un REER, alors que le CELI conviendra mieux à celui dont le revenu est plus faible, parce qu’il ne veut pas compromettre son supplément de revenu garanti du régime public, explique M. Fortin. De même, un compte non enregistré sera mieux pour celui qui maximise ses REER et CELI. « Pour être flexible, un régime doit faciliter l’épargne, et c’est bien que l’employeur y contribue aussi », ajoute M. Fortin.

Les auteurs du rapport invitent les promoteurs de régime à se préparer aux transferts de régimes à prestations déterminées vers les régimes à cotisations déterminées, surtout dans le secteur privé. Ils se poursuivent et s’intensifieront, car la responsabilité à long terme des régimes à cotisations déterminées pèse moins sur leurs épaules.

Seuls le Canada, la Finlande, la Turquie, le Portugal, Israël et l’Irlande voient plus de 50 % des actifs de retraite gérés au sein de régimes à prestations déterminées, poursuit le rapport.

« Chaque année, la tendance aux transferts s’accélère, a observé Michel Fortin. La plupart des régimes moyens ont effectué le transfert. » Cette tendance se conjugue avec celle du taux de roulement. Les fréquents changements d’emplois appellent à des régimes plus faciles à transférer d’un employeur à l’autre, estime-t-il.

C’est à cause du secteur public que le Canada a plus de la moitié de ses actifs de retraite au sein des régimes à prestations déterminées, fait remarquer l’actuaire. « Dans le secteur privé, les employeurs fermeront totalement leur régime à prestation déterminée ou le fermeront aux nouveaux employés. Dans le secteur public, ce mouvement ne se fait pas. Les employeurs ont plutôt opté pour un partage accru des risques avec leurs employés. Par exemple, le régime de la Ville de Montréal prévoit une répartition 50-50 des futures cotisations entre employeur et employé », a signalé M. Fortin.

Les nouvelles tables de mortalité pourraient changer la donne. « Peut-être que cela peut aider avec la gestion du risque de retraite. Nous en discutons avec des promoteurs qui voient la gestion du risque comme une façon de garder leurs régimes ouverts. Et la gestion de risque pourra aussi aider les régimes fermés à gérer leurs obligations envers les retraités », estime Mathieu Tessier, directeur des relations clients, solutions de prestation déterminée de Financière Sun Life.