Les ressources humaines poseront un important défi aux cabinets de courtage d'assurance de dommages au cours des prochaines années. Le recrutement du personnel sera ainsi une bataille de tous les instants.
Selon Serge Lyras, le défi que pose la main d'œuvre sera le principal défi à relever pour le courtage au cours des trois prochaines années, car il y aura une pénurie dans tous les domaines. Euclide Cyr et Louis-Thomas Labbé abondent avec cet état de fait, qui, selon eux remonte à certaines décisions du passé.
« Au début des années 1980, les assureurs ont fait le ménage et ont laissé aller plusieurs courtiers. À cette époque, l'assurance n'allait pas bien. Les jeunes n'étaient pas intéressés à ce domaine. Maintenant, le problème de pénurie existe dans tous les domaines de l'IARD », dit M. Cyr.
« Il y a aussi eu un manque de formation à l'époque, ça a créé une rareté de main d'œuvre. Ça recommence aujourd'hui. La Coalition fait un bon travail, mais on verra les résultats dans dix ans », ajoute M. Labbé.
Serge Lyras dit avoir embauché un gérant d'épicerie et un gérant en foresterie pour combler ses besoins de main-d'œuvre. « Je les ai recyclés, mais ça demeure extrêmement couteux. J'ai dû les payer durant un an pendant qu'ils étaient en formation. Ils vont commencer au sein de mon cabinet en janvier. Ce n'est pas par caprice qu'on a fait ça. On a essayé d'en trouver ailleurs et en ratissant nos compétiteurs, mais on n'en trouvait pas. On s'est plutôt attaché à la recherche d'un profil d'individu et on leur a montré l'assurance ensuite », explique-t-il.
M. Lyras ajoute qu'en ce moment, dans les cégeps, on retrouve une vingtaine de finissants par établissement et 22 entreprises qui veulent les embaucher. « Ce n'est plus le candidat qui se vend, mais l'entreprise. On en voit même qui offre des bonis de signature », dit-il.
Robert Bournival lance toutefois une mise en garde. Voler un employé chez un autre cabinet de courtage ne fera qu'amplifier le problème de main-d'œuvre. « Si on se les pique, on va se tirer dans le pied. Il y aura une surenchère et on va finir par payer nos employés 100 000 $. Toutefois, le temps où un dirigeant disait qu'il n'augmenterait pas le salaire de son employé tant qu'il n'aurait pas regagné l'investissement mis en lui est révolu », dit-il.
Autre préoccupation : certains candidats se désenchantent vite une fois qu'ils sortent de l'école et qu'ils entrent dans le milieu de l'assurance. « Dans les centres de développement des affaires, le taux de roulement est de 3,7 ans. À cet effet, les centrales téléphoniques des assureurs directs sont des machines à tuer. Tu ne peux pas tenir des gens continuellement sur des appels. Ce n'est pas motivant. Une fois qu'ils sont blasés, ils sortent de l'industrie et vont dans un autre segment du secteur des services. Plusieurs chokent aussi sur la ligne de feu. Ils se font engueuler par un client et ça leur fait peur », dit Serge Lyras.
Pour Robert Beauchamp, la formation dans les cégeps devrait être améliorée. « Plusieurs finissants sont désenchantés et ont abandonné compte tenu de ce qu'ils ont vécu. Ils n'ont pas vu dans leur cours ce qu'était l'assurance », dit-il.
Pour cette raison, Connie Ciccarello dit donner une formation supplémentaire à ses nouveaux employés qui sortent des bancs d'école. « Dès le cégep, on les accepte à temps partiel au cabinet. On paie leur licence et ils restent. J'implique aussi les jeunes dans mon cabinet et je les amène dans des cocktails. Ça leur permet de donner de la valeur à leur métier », dit-il.
Pat Durepos dit qu'une autre avenue de recrutement ne doit pas être oubliée : les retraités. « Ils peuvent travailler à distance et donner un bon coup de main. C'est quelque chose qu'on voit de plus en plus », dit-il.