Pour une sixième année consécutive, les pertes assurées reliées à des sinistres naturels ont dépassé les 10 milliards de dollars américains (G$ US) au premier trimestre de 2022. 

C’est ce que rapporte Aon dans son plus récent rapport trimestriel qui récapitule les principaux sinistres survenus entre le 1er janvier et le 31 mars 2022.

Les dommages totaux sont estimés de manière préliminaire à 31 G$, dont 14 G$ sont couverts par l’assurance. Aon rappelle que ces estimations sont susceptibles d’être plus élevées lorsque toutes les réclamations auront été constatées, car des sinistres importants ont eu lieu en mars. 

Parmi les phénomènes météorologiques les plus inhabituels du premier trimestre de l’année, on souligne un écart variant de 30 à 50 °C par rapport aux normales saisonnières observées à la mi-mars en Antarctique.

On constate que cinq tempêtes tropicales ont touché le Madagascar en une seule saison. On observe enfin que les feux de forêt ont brûlé plus d’un million d’hectares dans la province de Corrientes, en Argentine, soit 12 % des terres de cette province. 

Le mois de mars 2022 est devenu le 447e mois consécutif où la température moyenne sur les terres et celle des océans a été supérieure à la moyenne observée durant le 20e siècle. Pour chacun des trois premiers mois en 2022, janvier, février et mars se classeront dans le top 10 des mois les plus chauds observés comparativement à tous les mois équivalents depuis 1880. 

Aon conclut ce rapport trimestriel en rappelant les conclusions des deux derniers chapitres du sixième rapport du GIEC qui ont été publiés en 2022. On estime qu’au moins 3,3 milliards de personnes (42 % de la population mondiale) vivent dans des régions particulièrement vulnérables aux changements climatiques. 

Tendance 

Historiquement, lorsque les dommages sont particulièrement élevés au premier trimestre, les séismes en étaient la cause principale, comme on l’a vu aux États-Unis (1994), au Chili et en Haïti (2010), au Japon (2011, 2021), en Nouvelle-Zélande (2011) et en Croatie (2020).

Ces dernières années, Aon constate l’augmentation constante des dommages causés par des sinistres dits « secondaires » comme les tempêtes hivernales et les inondations, au point où la terminologie devrait être revue à cet égard, estiment les auteurs du rapport. 

Au T1 de 2022, la région de l’Asie-Pacifique a été la plus touchée par les pertes reliées aux sinistres naturels, à 15 G$, devant l’Europe (7 G$) et les États-Unis (6 G$).

En Europe occidentale 

Du 16 au 21 février, le nord-ouest de l’Europe et le Royaume-Uni ont été frappés par une série de dépressions qui ont provoqué de forts vents associés aux tempêtes Dudley, Eunice et Franklin.

Les premières estimations sur Eunice (4,3 G$) font de cette tempête la plus coûteuse dépression en Europe depuis Xynthia en 2010. 

Au Japon 

Le séisme du 16 mars au large de la préfecture de Fukushima, au Japon, a atteint une magnitude de 7,3. Quatre personnes ont perdu la vie et on dénombre 244 blessés. La panne de courant qui a suivi a touché 2,2 millions de foyers dans 14 préfectures, notamment celle de Tokyo.

L’alimentation en eau a été interrompue dans 34 000 foyers. Quelque 10 414 maisons ont été endommagées de manière importante et les pertes assurées seraient d’au moins 2 G$.

Un autre séisme de 7,1 avait frappé la même région en 2021 et avait causé des pertes assurées de 2,5 G$, avec près de 261 000 réclamations en dommages faites par des assurés. Même s’il est trop tôt pour comparer les deux sinistres, on s’attend au même volume de réclamations en 2022.

En Australie 

La côte orientale de l’Australie a été frappée par de très fortes pluies du 23 février au 8 mars. Les États du Queensland et de la Nouvelle-Galles-du-Sud ont été les plus frappés. Des records de précipitations ont été enregistrés à Brisbane et Sydney.

À certains endroits, il est tombé plus de 1 000 mm de pluie en six jours. À Brisbane durant trois journées consécutives, il est tombé plus de 220 mm par jour.

En date du 8 avril, plus de 173 000 réclamations avaient été faites aux assureurs pour des dommages estimés à 1,81 G$. Les inondations de 2022 seront probablement les plus coûteuses de l’histoire dans ce pays.

Aon rapporte que la situation ira en s’aggravant si les catastrophes naturelles sont en hausse, car la population n’a cessé d’augmenter dans les régions métropolitaines de Brisbane (20 %) et de Sydney (13 %) durant la dernière décennie. 

Aux États-Unis 

La saison des violents orages de convection (SCS) qui mènent à des tempêtes de grêle et à des tornades commence généralement en mars aux États-Unis.

Selon le Storm Prediction Center, il y aurait eu au moins 290 tornades locales, dont 222 n’ont pas encore été confirmées par l’organisme national compétent. Les États de l’Iowa, du Texas, du Mississippi, de la Louisiane et de l’Alabama ont été les plus touchés.

Une tornade EF4 a frappé le comté de Madison en Iowa le 5 mars, avec des vents de 275 km/h. Une tornade EF3, avec des vents de 260 km/h, a causé des ravages à La Nouvelle-Orléans le 22 mars, alors que les dégâts causés par le passage de l’ouragan Ida en août dernier n’avaient pas été nettoyés.

Quelque 85 tornades ont frappé du 29 au 31 mars dans le centre et l’est du pays. Selon Aon, les pertes assurées reliées aux SCS dépasseront les 10 G$ pour une 15e année consécutive aux États-Unis. 

Les pôles 

Des températures anormalement élevées ont été enregistrées tant en Arctique qu’en Antarctique. Au pôle Sud, à la station météorologique de Vostok, on a enregistré en mars un record de chaleur qui a dépassé de 15 °C la température la plus chaude notée depuis 65 ans. 

Dans deux régions de l’Antarctique, on a observé des volumes importants de fonte des glaciers. Le 16 mars, le mercure a dépassé de 30 °C la température moyenne dans cette région nordique. À Svalbard en Norvège, l’une des municipalités les plus nordiques au monde, un record de 5,6 °C a été atteint en mars.