Alex Veilleux, copropriétaire, chef de l’innovation et stratège de produits chez Vooban, se dit convaincu que les conseillers financiers auront encore du travail malgré l’émergence des technologies. Ils verront plutôt une évolution de leur travail et non sa disparition.
Lors du Congrès 2017 de l’assurance et de l’investissement, tenu le 14 novembre dernier, il a expliqué que le conseiller verra ses tâches qui ont peu de valeur être minimisées et automatisées grâce à la technologie, pour avoir un plus grand impact sur les clients. « Bien que le terme “intelligence artificielle” promet beaucoup de choses, à un certain moment, le pendule se rééquilibrera et la nature reprendra sa place », ajoute-t-il.
M. Veilleux a aussi dit remarquer un appétit et un intérêt clair des grandes institutions financières envers les technologies. Il affirme que la plupart d’entre elles réalisent qu’elles doivent interagir et conclure des partenariats avec des fintech et des insurtech.
Comment cet éveil nouveau des géants changera-t-il l’avenir des conseillers indépendants ? Là est la question pour M. Veilleux, puisque le volume de données requis pour utiliser l’intelligence artificielle dans le but d’optimiser la distribution directe est énorme.
Tirer avantage des grandes transformations
« Un conseiller indépendant n’aura pas l’ensemble de données nécessaire pour pouvoir avoir son propre écosystème d’intelligence artificielle. C’est trop dispendieux. Ce sera un peu plus difficile pour les conseillers dans cette situation », a-t-il précisé.
Pour Alex Veilleux, les grandes transformations de l’industrie se situent dans le mariage entre les grandes institutions financières et les startups. « Il y a toutefois plusieurs défis qui se posent. Les grandes institutions n’ont pas toujours le réflexe et la même vélocité qu’une jeune peut avoir. C’est la raison pour laquelle je continue d’aider les institutions financières à lancer des projets technologiques plus rapidement avec Vooban. Qu’elles se déguisent elles-mêmes en startups pour tirer avantage des grandes transformations. »
Pour appuyer ses dires, M. Veilleux a cité l’exemple de l’insurtech américaine Haven Life, qui appartient à l’assureur Mass Mutual. Haven Life excelle dans l’exploitation des données détenues par l’assureur à l’aide de l’intelligence artificielle dans les processus de souscription et de distribution pour les optimiser.
« Haven Life a travaillé avec l’ensemble des régulateurs de tous les états pour amener leur nouvelle approche de distribution et de vente des produits. C’est un indicateur clair que, indépendamment du volume de primes souscrit, ce type d’offre est là pour rester », a souligné M. Veilleux.
L’expérience client au cœur des changements
La raison principale pour laquelle tous ces changements technologiques arrivent au cœur de l’industrie est l’expérience client, avance M. Veilleux. « Il y a une grande évolution des façons avec lesquelles on achète quelque chose, que ce soit une voiture, son épicerie ou même une maison. Pour moi, le défi auquel font face les agents et les conseillers est d’optimiser et de trouver leur place à travers les changements. »
Il estime toutefois que les jeunes, bien qu’ils se tournent vers les réseaux sociaux pour de l’information, ne peuvent se passer des conseils offerts par les professionnels. « Nos réseaux sociaux ne connaissent pas toutes les subtilités de nos besoins financiers. C’est là que le conseiller doit trouver une façon de s’insérer dans la nouvelle génération et dans leur façon de magasiner, afin de s’assurer qu’ils aient le bon produit. »
Le hic avec les insurtech en assurance vie, c’est qu’elles offrent des produits simples et qu’il s’agit souvent de la seule option qui se présente au consommateur qui a le désir de magasiner de manière 100 % numérique, dit M. Veilleux. Ce n’est peut-être pas le bon produit pour lui, a-t-il soutenu.
« Ce que je vois, c’est qu’il y a une possibilité qu’une génération soit mal conseillée et se retrouve avec le mauvais produit. Je pense par exemple à une propagation des produits d’assurance vie temporaire, alors que la réalité de tout un chacun n’est pas la même », explique M. Veilleux.