Récession ou pas, les babyboumeurs ont continué de voyager et de s’adonner à leurs passe-temps au cours des derniers mois. Cette tendance se poursuivra en 2011, disent des assureurs et des courtiers interrogés par le Journal de l’assurance.« Les babyboumeurs continuent à acheter des motos. Nous avons constaté une croissance de nos ventes d’assurance en moto, en VTT et en caravane », révèle Yves Fortin, vice-président, assurances des particuliers, chez AXA assurances.
Yves Cyr, directeur des relations publiques et du développement commercial du cabinet de courtage Univesta s’en fait l’écho. « Nous nous attendons à une bonne année en moto. Nos ventes ont baissé l’année dernière, mais les réclamations et les primes sont stables à présent. Ce marché est très stable », dit-il.
Outre la moto, les babyboumeurs sont des adeptes des autres types de véhicules récréatifs. Richard Leclerc, président de Leclerc Assurances et services financiers, prévoit lui aussi que 2011 sera une bonne année pour les véhicules récréatifs. « Les retraités vont au Mexique. Nous avons près de 500 clients qui y vont, affirme-t-il. Nous avons ainsi plus de clients intéressés par les véhicules récréatifs, dont les caravanes. »
Richard Leclerc note toutefois de nombreuses réclamations pour les caravanes. Les principales causes ? Les vols ainsi que le vent et les changements de température qui les endommagent parfois. « Tout comme les maisons, les caravanes craignent les infiltrations d’eau dans la toiture, notamment à cause du gel. Sans compter que l’auvent des caravanes peut s’en aller à cause du vent. Toutefois, ça reste un segment de marché rentable », explique-t-il.
M. Fortin remarque quant à lui que les réclamations pour les caravanes sont couteuses. « La fréquence des réclamations n’est pas particulièrement élevée pour notre petit volume de caravanes. Toutefois, si les résultats sont moins profitables, c’est sans doute en raison de la sévérité des réclamations. Lorsqu’il y a un sinistre, les dégâts sont importants. Car, une caravane, ça a de la valeur », explique-t-il.
Les véhicules récréatifs sont prisés par les voleurs. Pour contrer ce fléau, les fournisseurs de systèmes antivol innovent.
Marquage Antivol Sherlock propose le marquage des véhicules récréatifs en fonction de leur taille. « Le marquage reste le même et est présent aux mêmes endroits, explique André Drolet, directeur national du développement des affaires de Sherlock. Il existait déjà pour les camions et les véhicules d’entreprises. Nous avons décidé de l’adapter aux véhicules récréatifs pour empêcher les vols de VTT et de motos. »
De son côté, Tag Tracking a conçu un produit pour les bateaux. Le système antivol des véhicules récréatifs reste identique à celui déjà existant. Il est basé sur trois niveaux : la prévention, le marquage électronique et le repérage. « Notre système est autonome. Le bateau est identifié à dix emplacements », explique Freddy Marcantonio, vice-président, développement des affaires et distribution de Tag.
Cellutrak propose quant à elle un système antivol destiné aux motos, moto-marines, bateaux et motoneiges. « Notre système de protection fonctionne grâce aux fréquences cellulaires et au GPS. En deux minutes, nous sommes en mesure de localiser le véhicule », explique Richard Vermette, directeur du développement des affaires pour Cellutrak.
Les voleurs s’attaquent surtout aux petits véhicules de moindre valeur, constate M. Marcantonio. Les moto-marines ne sont pas en reste, dit M. Vermette. Enfin, pour M. Drolet, ce sont les propriétaires de véhicules tout terrain et de motocyclettes qui doivent être les plus vigilants. Selon les fournisseurs interrogés, les ventes de ces systèmes antivol se portent bien. Elles augmentent avec les ventes de véhicules récréatifs, c’est-à-dire surtout au printemps et en automne.
Quel que soit le véhicule récréatif considéré, il faut se méfier de la fraude, prévient M. Marcantonio. Le véhicule récréatif n’est pas une nécessité, c’est un luxe. Par conséquent, si les assurés ont un problème financier, c’est la première chose dont ils se débarrasseront. Certains vont jusqu’à engager des spécialistes du vol. Le taux de fraude pour les véhicules récréatifs est donc plus élevé que pour les autres véhicules. Il avoisine les 15 % à 20 %, souligne-t-il.
Par conséquent, la tarification des caravanes pourrait augmenter. « C’est la météo qui met le plus de pression sur les réclamations », dit M. Leclerc. Et M. Fortin d’ajouter que la tarification pourrait grimper en raison des blessures corporelles. « C’est d’autant plus vrai pour les voyageurs qui se blessent en Ontario ou aux États-Unis. Car, les couts reliés aux soins de santé y sont plus élevés », précise-t-il.
Par ailleurs Dame Nature a joué des tours aux propriétaires de bateaux et aux assureurs. Au Québec, le faible niveau d’eau enregistré l’été dernier a fait en sorte que de nombreux bateaux ont heurté le fond de l’eau.
« Ça a donné lieu à de nombreuses réclamations. Nous ne connaissons pas encore leur montant total, mais les résultats seront mauvais. Ce segment de marché n’est pas rentable, explique Lucie Fréchette, vice-présidente développement des affaires pour le Québec d’Aviva Canada.
Sans compter que l’assureur a aussi reçu plusieurs réclamations à la suite d’un incendie dans une marina. La tarification devrait donc augmenter l’année prochaine, poursuit Mme Fréchette. Le nombre d’assurés, lui, est resté inchangé, dit-elle.
Bateau : les primes vont augmenter
Même constat chez Univesta. « Nous avons reçu de nombreuses réclamations pour les bateaux à cause du faible niveau d’eau. Par conséquent, les primes vont monter », dit Yves Cyr. Difficile pour le moment de connaitre le montant total des réclamations, mais il risque d’être élevé. Car, les réparations coutent cher. « Les moteurs valent souvent de 5 000 $ à 7 000 $ », ajoute Richard Leclerc,.
Lorsqu’il y a très peu d’eau, certains propriétaires de bateaux n’utilisent presque pas leurs engins, note Audrey Bouchard, conseillère en communication et relations publiques à La Capitale assurances générales. « C’était déjà le cas l’année dernière, ce qui peut avoir un impact sur la souscription », dit-elle.
Quant à savoir si les vols de bateaux persistent, tous les professionnels interrogés ne s’entendent pas sur la question. Mais une chose est sûre : ils n’ont pas été enrayés.
La concurrence demeure vive dans trois segments : la motoneige, la motocyclette et les véhicules tout terrains (VTT). C’est ce que constate Lucie Constantineau, vice-présidente, assurance des particuliers, Québec, et véhicules récréatifs, Canada, de Jevco.
« De nouveaux joueurs sont entrés dans le marché des véhicules récréatifs. Ça fait plusieurs années que nous baissons nos primes pour les motoneiges, les motos et les VTT. Ce sont les consommateurs qui en bénéficient », explique-t-elle.
Ces derniers en profitent aussi pour magasiner. Ils surveillent la prime, car le véhicule récréatif est un luxe. Il n’est d’ailleurs utilisé que quelques mois par an. Cette année, comme l’an dernier, les gens magasinent leur prime pour leur motoneige.
« Le peu de neige n’incite pas les gens à sortir », note Lucie Fréchette d’Aviva. Parfois, les clients qui magasinent ne comparent pas bien les produits, car ils se focalisent trop sur la prime, ajoute Mme Constantineau.
Les motocyclistes sont particulièrement friands de magasinage. « Ils le font chaque année. Il nous faut donc sans cesse trouver de nouveaux clients », précise-t-elle. Même son de cloche chez AXA assurances. « Les motocyclistes se parlent beaucoup entre eux. On s’en rend compte, parce que les taux d’annulation sont plus élevés dans ce segment de marché. Toutefois, nous avons quand même réussi à y améliorer la rétention de nos assurés », affirme Yves Fortin.
De plus, les ventes ne sont pas au plus haut, selon Mme Constantineau. « Nous avons atteint nos objectifs lors de la saison dernière, mais les volumes sont restés stables. On sent que le marché est saturé. Les concessionnaires font moins de ventes, car les gens ont moins d’argent », révèle-t-elle.