Le marché de l’assurance vie entière a vu ses primes croitre de 25 % en 2012, rapporte LIMRA, un organisme de recherche qui compile les statistiques de vente de l’industrie de l’assurance vie au Canada. La vie entière représente dorénavant 43 % des primes souscrites au Canada en assurance vie individuelle.Le rapport de LIMRA pour le quatrième trimestre de 2012 sur les ventes d’assurance vie individuelle au Canada indique que les primes ont globalement progressé de 6 % durant l’année, au Canada, une hausse propulsée par les gains réalisés en assurance vie entière. Au quatrième trimestre, les nouvelles primes d’assurance vie entière ont augmenté de 8 %.
Les gains en assurance vie entière se sont faits au détriment de l’assurance vie universelle. « La vie entière a continué de gruger la part de marché de la vie universelle, gagnant 7 points de pourcentage, jusqu’à la fin de 2012 », souligne le rapport de LIMRA. En 2012, la part de marché des primes annualisées s’établissait à 28 % pour l’assurance vie universelle en 2012, contre 35 % en 2011, et à 43 % pour l’assurance vie entière en 2012, contre 36 % en 2011.
Selon LIMRA, le succès des ventes d’assurance vie entière s’étend à toute l’industrie. « Toutes les compagnies sauf une ont affiché une croissance depuis le début de l’exercice en vie entière. La croissance des cinq principaux assureurs se situe dans les deux chiffres », précise le rapport, à la lumière de l’enquête menée auprès de 19 assureurs et de deux filiales présentes au Canada.
L’assurance vie entière a aussi enregistré des gains par rapport à la taille et aux primes moyennes des polices. Par réseau de ventes et de distribution, l’assurance vie entière a dominé les réseaux captifs, grâce à une croissance de 6 %.
L’assurance vie entière a également accru sa part de marché dans le réseau indépendant, gagnant 7 points de pourcentage.
Interviewé par le Journal de l’assurance, Chris DiSalle, premier vice-président et directeur général des ventes de l’agent général Hub Financial, dit avoir constaté une tendance similaire chez les conseillers de Hub.
Selon M. DiSalle, la vie entière a pris le pas sur la vie universelle pour plusieurs raisons, telles que les pressions que les assureurs connaissent avec l’assurance universelle à cout nivelé dans le contexte actuel des faibles taux d’intérêt, ainsi que l’impact des nouvelles normes comptables internationales. Dans ces conditions, le marché de la vie universelle à cout nivelé a enregistré de multiples augmentations de taux et l’écart de prix entre la vie universelle et la vie entière n’est plus aussi grand qu’auparavant.
M. DiSalle estime que « l’ère du cout de l’assurance nivelé est presque révolue… La façon dont les assureurs doivent comptabiliser les opérations dans ce secteur rend les profits impossibles .»
Par ailleurs, la sécurité offerte par l’assurance vie entière plait aux conseillers et à leurs clients. « C’est un instrument sûr, en particulier pour ceux qui ont un excédent de fonds… » Selon lui, l’assurance vie entière offre un rendement sûr, positif et supérieur à celui d’une banque, et elle dispense les clients de gérer eux-mêmes ce capital.
Cette sécurité contente aussi les conseillers qui songent à placer l’avoir de leurs clients dans la vie universelle, à la suite des récents replis des marchés. Avant l’éclatement de la bulle technologique, on croyait que les marchés ne pouvaient que remonter, rappelle-t-il. « Or, quand vous vous retrouvez avec des gens qui ont mis beaucoup d’argent dans une vie universelle et qui reçoivent un relevé indiquant qu’il n’y a plus d’argent dedans, cela créé des situations difficiles à travers le pays, avec plusieurs clients mécontents ».
La nature de l’assurance vie entière et en particulier de l’assurance vie entière avec participation est qu’elle atténue les creux qui pourraient survenir », ajoute M. DiSalle. « En assurance vie entière avec participation, les assureurs ont des rendements historiques et ils lissent le crédit qu’ils donnent aux titulaires de ce type de polices. C’est un taux de rendement régulier, sécuritaire, ce qui attire davantage de clients et de courtiers en ce moment. » Et, dit-il, les risques qu’une vente d’assurance vie entière donne lieu à un litige potentiel sont moindres.
Justin Hamilton, conseiller financier et consultant au développement d’affaires pour l’agent général Groupe financier Horizon, indique avoir aussi observé une tendance des ventes similaire chez les conseillers de sa firme. « On constate un renversement de tendance pour l’assurance vie entière telle qu’elle était il y a 20 ou 25 ans, par exemple, à l’opposé des 10 dernières années durant lesquelles la VU semblait souveraine. »
M. Hamilton attribue la tendance à plusieurs raisons. Tout comme M. DiSalle, il estime que la performance du marché des actions et son impact sur la vie universelle ont favorisé les ventes d’assurance vie entière. Selon lui, un des principaux problèmes est que les clients ne comprennent pas vraiment bien les polices de vie universelle. En revanche, les garanties offertes par l’assurance vie entière sont plus claires et attrayantes pour les clients. « L’assurance vie entière ne laisse aucune place au doute. “Voici votre prestation de décès, voici votre valeur de rachat garantie, voici votre prime.” Ces mots ont beaucoup de pouvoir – ce sont des garanties. »
Pour M. Hamilton, l’assurance vie universelle a sa place et ses avantages dans certaines circonstances, mais le produit doit être mieux expliqué aux clients. Il pense que la hausse des ventes d’assurance vie entière s’explique aussi par le manque de produits actuellement offerts en assurance vie temporaire 100 ans. Ce type de produit permanent était le moins couteux, souligne-t-il, mais comme seuls quelques assureurs l’offrent maintenant, les conseillers se sont tournés vers l’assurance vie entière pour combler la lacune.