Loin d’être un achat opportuniste, l’acquisition de L’Excellence par l’Industrielle Alliance en décembre dernier est l’aboutissement de longues fréquentations démarrées il y a plusieurs années déjà. Mais la guerre juridique que se livraient les actionnaires de L’Excellence avait poussé l’Industrielle à battre en retraite.
Normand Pépin, vice-président exécutif chez l’Industrielle Alliance, a révélé au Journal de l’assurance avoir rencontré personnellement Michel Rhéaume, l’un des principaux actionnaires de L’Excellence, il y a plusieurs années et de manière plus soutenue dernièrement. Le tout a débouché sur une transaction, a-t-il lancé.Pourquoi ne pas avoir acquis L’Excellence en 2006 lorsqu’Antoine Ponce, Daniel Riopel et le Fonds de solidarité FTQ, l’ont fait? L’Industrielle Alliance s’est effectivement penchée sur la question à ce moment-là, admet M. Pépin. Mais l’ambiance qui régnait parmi les actionnaires a découragé toute tentative d’achat et l’assureur a rebroussé chemin. « On pouvait discuter avec l’un, mais pas avec l’autre et vice versa », dévoile M. Pépin. (Voir encadré).
Au regard de ce qui se passait, M. Pépin craignait alors de pouvoir acheter la part de l’un des actionnaires, sans garantie que l’autre accepterait de céder la sienne. Normand Pépin estime qu’il a été plus prudent de faire preuve de patience dans ce dossier puisque « les problèmes se sont réglés avec le temps », souligne-t-il.
La transaction devrait se chiffrer à un peu plus de 67 M$, un montant qui pourrait être révisé en fonction, entre autres, de l’expérience des polices de L’Excellence, avance M. Pépin. La transaction doit recevoir l’approbation des autorités réglementaires. L’achat a été financé en partie avec des actions de L’Industrielle Alliance et en partie en argent comptant.
Changement à prévoir?
Il ne sera pas question de fusionner L’Excellence avec l’Industrielle Alliance, affirme M. Pépin. Une fusion serait dangereuse pour L’Excellence car les priorités des deux compagnies ne sont pas nécessairement les mêmes. « On a acheté une compagnie qui fonctionnait bien et nous n’avons pas besoin d’y apporter de modifications importantes. Elle rencontre les critères de rentabilité de l’Industrielle Alliance », souligne-t-il.
Les employés de L’Excellence conservent leur emploi. Il en est de même pour les deux anciens actionnaires et dirigeants de L’Excellence, Antoine Ponce et Daniel Riopel.
Les primes de L’Excellence connaissent une croissance d’environ 4 à 5% par an. De son côté, l’Industrielle Alliance vise une croissance autour de 10%, « et chaque fois que nous faisons une acquisition nous voulons l’amener à ce niveau-là », confie M. Pépin. Il voit davantage l’acquisition comme un complément à sa propre offre de service. L’Industrielle Alliance n’est pratiquement pas présent dans les produits de L’Excellence – soit l’assurance invalidité et l’assurance maladie complémentaire.
Et vient se greffer à cela le fait que L’Excellence fait affaire avec des groupes et des associations, ce qui a constitué un atout supplémentaire, estime Normand Pépin.
Un accord inter-compagnies de longue date permettait d’ailleurs aux agents de carrière de l’Industrielle Alliance de distribuer les produits de L’Excellence.
L’Excellence génère un volume de primes de 85 M$, dont environ 2 % provenaient du réseau de carrière de L’Industrielle-Alliance.
Toutefois, bien qu’il soit question de conserver tous les produits, certains pourraient subir une cure de rajeunissement tandis que de nouvelles couvertures pourraient être ajoutées à d’autres, laisse planer M. Pépin.
Cela dit, l’Industrielle n’entend pas marcher sur les plates-bandes d’assureurs qui vendent des produits d’invalidité garantis. Ainsi, l’assureur entend conserver son entente de distribution avec Great-West, pour un produit non résiliable. Distribuer de tels produits requiert, selon M. Pépin, une expertise de taille en matière de réclamations et de souscriptions, ce que L’Industrielle Alliance n’a pas.
L’Excellence hors Québec
Normand Pépin admet avoir une vision pancanadienne pour les produits d’assurance de L’Excellence. Rien n’a encore toutefois été décidé à ce sujet. Les produits seraient-ils distribués sous le nom de L’Excellence ou sous celui de Industrial Alliance? M. Pépin ne le sait pas encore. Idéalement, il aimerait que L’Excellence puisse distribuer ses propres produits sous son nom à travers le pays, après l’obtention des permis requis. « C’est l’avenue qu’on privilégie, tout en indiquant bien entendu qu’elle fait partie de la famille de l’Industrielle Alliance. »
Quant au réseau de distribution de L’Excellence, l’Industrielle Alliance compte sur sa bonne réputation dans l’industrie pour les attirer et les conserver. Normand Pépin note qu’il est rassurant de traiter avec « une compagnie solvable qui serait capable de lever des fonds au besoin ». Il promet aux 20 agents généraux de L’Excellence de respecter les ententes de distributions.