L’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) conteste une étude universitaire qui considère le Canada comme l’endroit au monde où les investisseurs paient les frais de gestion les plus élevés. La présidente de l’IFIC, Joanne De Laurentiis, reproche à l’étude son statut préliminaire et le fait qu’elle occulte les différences qui caractérisent le marché canadien des fonds par rapport à d’autres comme celui des États-Unis.« Cette étude a été présentée à tort comme un document faisant autorité, ce qui lui a indûment mérité l’attention du public », s’indigne Mme De Laurentiis, dans une entrevue accordée au Journal de l’assurance.

Publicisée en mai, l’étude intitulée Mutual Fund Fees Around the World s’est retrouvée en manchettes partout au pays, au grand dam de l’IFIC. L’ébauche d’étude est le fruit d’une recherche menée par trois universitaires de la Harvard Business School, de la London Business School et du Georgia Institute.

L’une de ses conclusions signale que les investisseurs dans des fonds communs au Canada paient des frais de gestion de 2,68 % par année en moyenne. Une moyenne qui n’est que de 1,42 % chez les fonds offerts aux États-Unis, selon des données recueillies à la fin de 2002.

L’étude omet toutefois de tenir compte d’importants écarts entre les marchés canadien et américain, écrit Mme De Laurentiis dans une lettre envoyée aux auteurs le 27 octobre dernier.

Par exemple, l’étude ne tient pas compte des fonds canadiens à frais réduits ni de la possibilité de négocier les frais d’entrée avec le conseiller financier, mentionne-t-elle dans cette lettre dont le Journal de l’assurance a obtenu copie.

La lettre souligne aussi que contrairement aux Américains, les Canadiens qui investissent dans des fonds préfèrent traiter avec un conseiller, ce qui fait nécessairement grimper les frais de gestion moyen.

Mme De Laurentiis a aussi fait valoir de vive voix un argument qu’elle n’a pas inclus dans sa lettre : la divulgation des coûts de distribution. Elle explique que les prospectus canadiens dévoilent tous les détails de ces frais, ce qui est rarement le cas aux États-Unis. « Voilà qui fausse les comparaisons », soutient-elle.

L’IFIC n’a pas écrit cet argument aux chercheurs car, dit-elle, l’organisme n’a pas l’intention de leur faire un sermon en matière de pratiques commerciales. Mais cet argument n’en demeure pas moins « l’un de nos meilleurs », a-t-elle ajouté.

En outre, les conclusions de l’étude pourraient changer, croit la présidente de l’IFIC. C’est que, comme toute recherche universitaire, l’étude « doit franchir les étapes de l’évaluation par les pairs et de la vérification rigoureuse des faits », avant d’être officielle et finale. Au moment de mettre sous presse, les auteurs de l’étude n’avaient pas rappelé le Journal de l’assurance.