Dans un récent discours prononcé à Montréal, le directeur général de l’Institut de prévention des sinistres du Canada Paul Kovacs a posé huit questions aux assureurs de dommages en ce qui a trait à leurs efforts en matière de lutte contre les changements climatiques. Selon lui, les assureurs IARD pourront montrer leur leadership en relevant les défis liés à ces huit questions.M. Kovacs s’est inspiré des questions que les régulateurs américains posent aux assureurs pour savoir quelles actions ils prennent pour faire face au changement climatique. Selon lui, il est important que les assureurs aient une réponse à ces questions, car la santé financière des assureurs de dommages est influencée par les caprices du climat, rappelle-t-il.
« Les réclamations liées à des événements météo excèdent maintenant celles causées par le feu comme plus grand coût pour les assureurs de dommages du Canada. Les consommateurs d'assurance sont conscients qu’il y a un risque grandissant que leur maison ou entreprise soit endommagée par un événement météorologique. Ils cherchent ainsi des couvertures pour s’en prémunir », dit-il.
Le directeur général de l’Institut de prévention affirme aussi que les compagnies d'assurance doivent faire en sorte que leurs taux soient justes et adéquats. Il ajoute que les consommateurs d'assurance cherchent aussi de l’information sur des mesures qu'ils peuvent prendre pour réduire le risque de dommages à leur propriété. « Ils vont regarder du côté de leur assureur pour les aider à trouver cette information », avertit-il.
La première question de M. Kovacs pour les assureurs est de savoir quelles actions ils ont prises pour mesurer et réduire leurs émissions. « C’est une question que devront attaquer toutes les compagnies et leurs employés. Les assureurs devraient ainsi mesurer leurs émissions en carbone et développer un plan pour en réduire l’impact sur l’environnement. Les assureurs peuvent investir dans des systèmes de chauffage, de climatisation et d’éclairage de haute efficacité. En outre, il y a un potentiel significatif pour beaucoup d'assureurs de réduire leur utilisation de papier », dit-il.
M. Kovacs souligne ensuite que la question des changements climatiques doit être partie intégrante de la stratégie de gestion de risques des assureurs. « Les changements climatiques devraient être combattus dans un cadre de travail qui prend aussi en compte les autres périls auxquels peuvent faire face les assureurs, tels que les risques d’incendie urbain, la volatilité des marchés financiers et les régimes réglementaires et législatifs incertains », dit-il.
L’Institut que dirige M. Kovacs a mené plusieurs travaux sur les impacts des changements climatiques sur les bâtiments. Il note que les assureurs s’inquiètent de plus en plus des dommages causés par l’eau. Néanmoins, il affirme que les changements climatiques changeront les paramètres reliés au vent, aux tempêtes hivernales et aux incendies de forêt. C’est pourquoi les assureurs devraient identifier et mesurer les impacts des risques reliés au climat. Pour se faire, ils doivent aussi identifier quels outils, tels les modèles de risque, peuvent les aider à mieux gérer les risques liés aux changements climatiques.
M. Kovacs recommande aussi aux assureurs de dommages de bien tenir à jour leurs données sur les impacts qu’ont les changements climatiques sur leurs affaires. Il félicite les assureurs qui se concentrent à bien tarifer leurs primes et sensibiliser leurs clients aux dangers des changements climatiques. Il ajoute que les assureurs doivent aussi prendre des moyens pour encourager leurs titulaires de polices à modifier certains de leurs comportements dans le but de se protéger des phénomènes météorologiques extrêmes.
Selon M. Kovacs, les assureurs ont aussi tout intérêt à engager leurs actionnaires dans ce processus. Finalement, il affirme que les assureurs doivent prévoir quels impacts auront les changements climatiques sur leurs investissements.
Les 8 questions de Paul Kovacs aux assureurs
