L’époque où seuls les médecins et un nombre limité de professionnels pouvaient prescrire des médicaments au Québec est révolue. En 2024, des membres de près d’une dizaine de professions de la santé disposent de ce privilège, selon une compilation récente réalisée par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).
Le Portail de l’assurance en brosse le portrait selon la mise à jour que l’Institut vient de réaliser.
Ces professionnels ont obtenu ce pouvoir de façon très progressive et souvent au prix d’une longue lutte ou de longues négociations avec les médecins.
L’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) a entrepris ses démarches auprès du Collège des médecins en 2013 afin d’ajouter un pouvoir de prescription aux tâches de certaines infirmières formées à cet effet. Cependant, il leur a fallu trois ans avant d’obtenir les autorisations légales. Ce n’est que depuis 2016 que certaines d’entre elles peuvent prescrire des médicaments.
Les pharmaciens québécois disposent de ce droit depuis 2015. De leur côté, les diététistes peuvent prescrire certaines molécules dans la province depuis 2018 et les sages-femmes, depuis 2021.
Les pouvoirs de prescription par profession
Voici, de façon synthétisée, les pouvoirs de prescription qui ont été attribués à ces professionnels dans la province ces dernières années selon le recensement effectué par l’INESSS* :
– Infirmiers-infirmières : Elles peuvent initier, ajuster ou arrêter des médicaments dans le cadre des soins de plaie, de santé publique ou de certains problèmes de santé courants (traitement des nausées et vomissements chez la femme enceinte, des médicaments topiques pour certaines infections). Dans le cadre du Programme national de santé publique, elles peuvent prescrire certains médicaments, notamment pour la contraception hormonale ou orale d’urgence.
– Infirmiers-infirmières spécialisés (IPS) : Ces professionnels peuvent prescrire, ajuster, renouveler et cesser les médicaments, émettre des prescriptions pour les amphétamines, les barbituriques et la testostérone, des benzodiazépines et toute substance inscrite à l’annexe 1 du Règlement sur les stupéfiants qui comprend notamment la codéine, la morphine et l’oxycodone.
– Diététistes : Ils peuvent prescrire des formules nutritives et des solutions d’enzymes pancréatiques ; administrer des médicaments dans le cadre de la détermination et du suivi du plan de traitement nutritionnel, lorsque le médicament fait l’objet d’une ordonnance ; ajuster l’insuline et les antidiabétiques lorsque le médicament est déjà prescrit.
– Inhalothérapeutes : Actuellement, selon une précision fournie par leur ordre professionnel au Portail de l’assurance, les inhalothérapeutes autorisés peuvent uniquement prescrire des médicaments pour la cessation tabagique, sauf la varénicline et le bupropion.
– Dentistes : Il n’existe pas de liste de médicaments délimitant les ordonnances des dentistes, car elle serait trop longue et en changement constant. Selon leur ordre professionnel, ils peuvent prescrire tous les médicaments pour soigner les maladies des dents et de la bouche.
– Optométristes : Aux fins du traitement d’une condition de faible morbidité de l’œil, un optométriste peut prescrire et administrer tous les médicaments ophtalmiques topiques, les antibiotiques oraux pour des atteintes des paupières, les antiviraux oraux pour le traitement d’herpès oculaire durant une période continue maximale d’un an.
– Pharmaciens : La liste est trop longue pour être résumée en quelques lignes, mais les pharmaciens peuvent ajuster ou cesser une thérapie médicamenteuse pour divers ennuis, traiter certaines situations ou maladies comme le zona et l’influenza chez des patients symptomatiques et traiter certains problèmes de santé déjà diagnostiqués selon le nombre maximal d’années écoulées depuis l’ordonnance du prescripteur initial. Ils peuvent aussi prescrire des vaccins et prolonger une ordonnance afin que le traitement prescrit ne soit pas interrompu.
– Podiatres : Ils ont le pouvoir de prescrire des antihistaminiques de première et de deuxième génération, des anti-infectieux, des antinéoplasiques, des médicaments du système nerveux central et autonome, des anti-infectieux oraux et topiques, des antiulcéreux et suppresseurs de l’acide en combinaison avec certains médicaments, des corticostéroïdes oraux ou topiques, des anesthésiques locaux et des médicaments pour la peau et les muqueuses.
– Sages-femmes : Des médicaments gastro-intestinaux, des antihistaminiques de première génération, des hormones, des anti-infectieux, des médicaments du sang et cardiovasculaires, du système nerveux, pour les yeux, les oreilles, le nez, la gorge, la peau et les muqueuses, des ocytociques, des agents immunisants et diagnostiques, des anesthésiques locaux et des vitamines.
*Source principale : INESSS, Champ d’exercice des prescripteurs de médicaments autres que les médecins, avril 2024.