La Chaire iA Groupe financier en assurance et services financiers de l’Université Laval compte depuis le 30 juin deux co-titulaires, une première dans son histoire.
Andréanne Tremblay-Simard, professeur adjointe au Département de finance, assurance et immobilier, partagera cette responsabilité avec Charles-Olivier Amédée-Manesme, professeur agrégé et directeur du Carré des affaires FSA Ulaval — Banque Nationale. Ils se donnent comme objectifs durant leur mandat de cinq ans de faire évoluer la Chaire vers de nouveaux enjeux actuels en assurance.
Fondée en 1975 sous le nom de Chaire en assurance de l’Université Laval, elle s’est adaptée au fil du temps à la transformation de l’industrie même si ses effets tangibles pour les assurés et les conseillers sont difficiles à mesurer. Ses activités sont essentiellement universitaires et elles ont été énormément affectées par la pandémie de COVID-19 en 2020 et 2021.
« On a dû passer à l’enseignement en ligne, il était difficile en raison de la COVID-19 de recruter des étudiants étrangers et d’établir des ententes de partenariats pour obtenir des données », indique Andréanne Tremblay-Simard. La Chaire veut profiter de la nomination de ses deux co-titulaires pour retrouver sa vitesse de croisière.
« À deux, souligne-t-elle, on couvre davantage de domaines, on a deux fois plus de temps, deux fois plus d’énergie ! »
Les trois mandats de la Chaire
Depuis sa création, la Chaire a trois missions fondamentales. D’une part, la recherche. À titre d’illustration, entre 2017 et 2019, elle a accordé 224 000 $ pour 11 projets de recherches en assurance et la gestion des risques. D’autre part, l’enseignement et la formation en assurance. Enfin, le transfert des connaissances.
En plus de ces mandats de base, la Chaire cherche à susciter des vocations dans la carrière en assurance et les services financiers. Elle organise également des colloques, des tables de concertation sur différents sujets chauds qui touchent le domaine de l’assurance.
Domaines prioritaires d’action
Concrètement, sur le terrain, quels segments de l’industrie de l’assurance ont le plus bénéficié des retombées de la Chaire sur le terrain depuis sa fondation ? « Bonne question… », répond Andréanne Tremblay-Simard, qui est plus jeune que l’institution dont elle est devenue co-titulaire. Dans les domaines prioritaires d’action historiques, elle mentionne notamment la distribution des services financiers, la gestion de forces de vente et la gestion financière des sociétés d’assurance de personnes et de dommages. Depuis quelques années, on parle également de plus en plus de l’impact des changements climatiques.
Priorités des co-titulaires
Comme l’ont fait leurs prédécesseurs à leur époque, les deux nouveaux co-titulaires veulent amener la Chaire vers de nouveaux enjeux majeurs en assurance en 2022. Même si leur plan d’action n’a pas encore été approuvé par le comité directeur du département, Andréanne Tremblay-Simard a dévoilé en primeur lors d’une entrevue accordée au Portail de l’assurance les quatre grands axes du plan d’action qu’elle et son collègue entrevoient pour les cinq prochaines années.
- 1er volet : Analyser la partie comportementale des finances personnelles et des services financiers pour les assurés, domaine dont elle est elle-même une experte. « Plusieurs consommateurs sont sous-assurés ou sur-assurés. Qu’est-ce qui cause cela et quels sont les biais comportementaux qui peuvent faire en sorte que la couverture n’est pas optimale ? C’est une question que l’on veut explorer et on a besoin de données pour y répondre. On veut voir où se situe la responsabilité du conseiller, de l’agent, du client ou de la société et quoi faire pour résoudre ce problème une fois diagnostiqué ». L’objectif ultime, dit-elle, est de trouver le bon assureur pour le client et la juste couverture avec le bon produit et le bon montant.
- 2e volet : La digitalisation de l’acquisition en assurance, le marketing numérique, les fraudes possibles, l’intelligence artificielle. « Que fait-on avec le partage des données sur les réseaux sociaux, soulève-t-elle ? Dans quelle mesure peut-on les utiliser, comment on peut-on les intégrer, peut-on utiliser les données fournies par les montres intelligentes, ou pas ? Est-ce éthique ou pas ? Ce sont des questions que nous voulons soulever ».
- 3e volet : La finance responsable, la finance verte, éthique, durable. Les consommateurs demandent de plus en plus des produits verts, à résonnance sociale. Quels impacts cela aura-t-il pour les compagnies d’assurance, se demande encore Andréanne Tremblay-Simard ? « Si mes clients disent à un assureur qu’ils ne veulent plus qu’il investisse dans un domaine polluant ou qui a un effet sur la santé, est-ce que cela aura un impact sur la rentabilité de son portefeuille ? Selon moi, oui, ça va l’amener à faire certains choix ; un assureur qui doit réagir en fonction des risques climatiques serait mal vu si son portefeuille contient des compagnies qui ne prennent pas d’actions pour changer les conditions climatiques. On sait qu’aujourd’hui, les procès sur la place publique se font assez rapidement ».
- 4e volet : Les investissements non traditionnels dans des secteurs comme l’immobilier, l’infrastructure, les cryptomonnaies, l’art. Les assureurs peuvent-ils investir dans ces champs, quels sont les paramètres pour les secteurs non traditionnels ?
Comprendre les grandes tendances
Le monde de l’assurance mettait beaucoup d’emphase sur la détermination du prix juste, du risque actuel. « En 2022, il y a de nouveaux risques, comme les changements climatiques, la digitalisation de l’information, les cyberrisques, dit-elle. On cherche à les comprendre pour offrir de bons produits. Pour déterminer les risques, il faut comprendre les grandes tendances. À la Chaire, on veut susciter des vocations et avec des projets novateurs, on démontre que dans l’assurance il y a beaucoup à dire, beaucoup à faire et c’est collé sur les enjeux actuels ».