Outre les 120 personnes qui ont perdu la vie en Floride, et les 10 autres décès survenus à Cuba (5) et en Caroline du Nord (5), l’ouragan Ian est déjà considéré comme le plus coûteux de l’histoire de la Floride en dommages et pertes économiques.
Selon le rapport hebdomadaire Cat Report publié par Aon le 7 octobre, le bilan définitif ne sera pas connu avant plusieurs mois et son importance sera fonction de divers éléments : pression inflationniste, hausse des réclamations, caractéristiques propres aux assureurs locaux, etc.
L’ouragan Ian a sévi du 23 septembre au 1er octobre. Après avoir touché terre à Cuba le mardi 27, il a poursuivi sa course vers le nord en dévastant la Floride en l’attaquant par le golfe du Mexique et la côte ouest, en fin de soirée le mercredi 28. Le vendredi 30, après avoir repris de la vigueur au large de Cap Canaveral dans l’Atlantique, il a poursuivi sa route et frappé les deux États de la Caroline.
Classé de catégorie 4 quand il a frappé Cuba, puis la Floride, Ian était de catégorie 1 quand il a touché la Caroline du Sud. Partout, il était accompagné de vents très violents et il a déversé des précipitations exceptionnelles. Des ondes de tempête ont submergé les collectivités côtières et riveraines. Les pires rafales ont atteint 250 km/h et la pression atmosphérique a chuté jusqu’à 937 millibars.
Même sur la fin de sa course en Caroline du Nord, des rafales de plus de 80 milles à l’heure (129 km/h) ont été enregistrées. Au moins six tornades ont été observées dans son sillage.
Selon les données du Weather Prediction Center, depuis 2005, Ian est au 3e rang des ouragans pour la superficie de territoire couverte par des précipitations supérieures à 250 mm en moins de 24 heures. Pour des périodes de 48 et 72 heures, Ian se classe toujours derrière l’ouragan Harvey en 2017.
C’est la troisième année de suite qu’un ouragan de catégorie 4 dévaste le golfe du Mexique, après Laura en 2020 et Ida en 2021, souligne Aon.
Le plus coûteux
Les dommages dépasseront plusieurs dizaines de milliards de dollars (G$). Selon la note publiée par DBRS Morningstar le 30 septembre dernier, les pertes économiques devraient probablement dépasser le précédent record en Floride établi par l’ouragan Irma en 2017 (voir graphique ci-dessous).
En 2017, la saison des ouragans issus de l’océan Atlantique avait d’ailleurs été, et de loin, la plus coûteuse en termes de dommages de toute l’histoire, avec près de 300 G$ de pertes.
DBRS note que les programmes d’aide publique seront interpellés pour appuyer au rétablissement d’un bon nombre de sinistrés, car l’assurance contre le risque inondation n’est pas offerte par les assureurs floridiens. Même l’assurance habitation est difficile et coûte cher, puisque de larges portions du territoire de la Floride sont frappées de façon récurrente par des ouragans majeurs.
Selon l’Insurance Information Institute, c’est en Floride où l’on trouve le plus grand nombre de propriétés à risque d’inondations côtières, soit 2,36 millions d’unités d’habitation dont la valeur de reconstruction est estimée à 483 G$.
Comme un nombre élevé d’entreprises ont aussi subi des dommages, sans parler des coupures d’électricité qui ont touché 2,6 millions de foyers, les dommages pourraient largement dépasser le montant record établi par Irma.
Compte tenu de la trajectoire assez similaire à celui de l’ouragan Charley, de la densité accrue de la population dans la région touchée et de la hausse des valeurs des propriétés dans le sud-ouest de la Floride, les pertes devraient dépasser les 50 G$. Les dommages assurés devraient atteindre de 25 G$ à 40 G$, ajoute DBRS.
Dans quatre des cinq années, les pertes annuelles reliées aux tempêtes tropicales ont dépassé les 50 G$. L’année 2022 sera parmi les plus coûteuses de l’histoire, mais si aucune autre tempête ne frappe l’État, les pertes assurées devraient correspondre aux prévisions de l’industrie, indique DBRS dans sa note.
Les assureurs avaient déjà couvert leur risque en Floride par la réassurance, en plus de réduire les couvertures et de hausser les primes. Il est probable que les réclamations reliées à l’ouragan Ian auront pour effet de rendre l’assurance encore moins abordable, voire inaccessible pour les propriétaires floridiens.