Si un tremblement de terre de magnitude 7,3 sur l’échelle de Richter survenait dans la zone séismique de Charlevoix, les pertes assurées ne représenteraient que 4,6 % des pertes résidentielles totales, soit 0,48 milliard de dollars (G$) sur 10,6 G$, selon un rapport du réassureur Swiss Re. Ces couts représenteraient près de 8 % du PIB de la province, une perte économique de 30 G$, ce qui en ferait la catastrophe la plus couteuse de l’histoire du Canada.
Pour toute la province, le réassureur estime que le portefeuille résidentiel se situe à 1 210 G$. De ce chiffre, seuls 40,7 G$, ou 3,4 %, sont assurés contre les tremblements de terre.
Les Québécois ignorent qu’ils habitent dans des zones à risque
Si à Vancouver et Victoria en Colombie-Britannique, le taux de propriétaires protégés contre les tremblements de terre est de 65 %, ce taux chute à 2 % pour la ville de Québec et le reste de la province, à l’exception de Montréal, où il se situe à 5 %.
Swiss Re explique ces données particulièrement basses par le fait que la majorité des Québécois ignorent qu’ils résident dans des zones à risque. Bien que 70 % de la population réside dans une zone à haut risque, 90 % des résidents sont totalement inconscients du danger potentiel, et minimisent le risque d’occurrence et de dommage.
De ce fait, le réassureur affirme que ces personnes ne protègent pas suffisamment leurs actifs plus importants, puisque leur évaluation du risque se situe sous leur seuil de préoccupation.
Méconnaissance des produits d’assurance
De plus, plusieurs croient que leur police d’habitation inclut une protection contre les tremblements de terre, ou ne savent pas qu’une protection optionnelle leur est disponible. En effet, 58 % des sondés sont persuadés que leur protection contre les incendies les couvre contre les tremblements de terre, une donnée que Swiss Re qualifie « d’inquiétante ».
Beaucoup croient d’ailleurs qu’en cas de catastrophe, le programme gouvernemental les indemnisera, ce qui est faux lorsqu’une couverture d’assurance abordable est disponible, rappelle Swiss Re. « Le gouvernement fédéral offre une assistance financière aux gouvernements provinciaux en vertu des Accords d’aide financière en cas de catastrophe pour certaines dépenses et dommages causés par les catastrophes naturelles. Toutefois, ces programmes d’assistance ont été conçus pour couvrir uniquement les dommages liés aux évènements non assurables. »
Des conséquences économiques importantes
Le faible taux d’assurance contre les tremblements de terre pourrait augmenter les défauts d’hypothèque. Si la moyenne des ménages a un revenu de 55 200 $ et une hypothèque de 137 000 $, « il est facile de voir que sans couverture contre le risque de tremblement de terre, plusieurs familles s’exposent financièrement à des évènements séismiques majeurs ». Plusieurs seraient obligés d’emprunter pour la reconstruction de leur maison, ou de continuer à payer des prêts pour une maison détruite.
Ainsi, 47 % des Québécois se trouveraient avec un ratio prêt-valeur de plus de 80 %, en hausse par rapport à un ratio de 45 %, pour la réparation ou la reconstruction de leur maison, si le prêt demandé est de 100 000 $ pour une résidence d’une valeur de 227 000 $. Ceux-ci pourraient se voir refuser le crédit ou imposer une assurance défaut de paiement obligatoire.