Un nouveau rapport de Statistique Canada associe les chiffres de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux tendances observées dans l’industrie de l’assurance automobile. Il offre un aperçu détaillé, tant au niveau national que provincial, des facteurs qui alimentent la hausse des primes à travers le pays. 

En examinant la contribution des primes d’assurance des véhicules de promenade à l’IPC, l’agence conclut que les hausses les plus marquées ont eu lieu en 2019 et en 2024, comparativement aux dix années précédentes, atteignant une augmentation annuelle maximale de 9,6 % en juillet et en septembre 2024. 

Entre décembre 2019 et décembre 2024, le prix médian d’un véhicule neuf a bondi de 61,5 %, tandis que celui des véhicules d’occasion a augmenté de 82,2 %. La forte hausse des coûts par réclamation, notamment en raison du prix accru des pièces et des services, est identifiée comme un autre facteur important expliquant l’augmentation des primes. 

Statistique Canada note également une montée du ratio de sinistres, qui aurait dépassé les 81,2 % au premier trimestre de 2023 pour atteindre un sommet de 90,4 % au troisième trimestre de 2024. Cette tendance est amorcée au troisième trimestre de 2022. 

« Les assureurs ont attribué des coûts de réclamation plus élevés à des événements météorologiques extrêmes au cours de cette période, ainsi qu’à des facteurs habituels. En 2024, le vol a été identifié comme un contributeur supplémentaire », écrivent les chercheurs de Statistique Canada dans leur publication Incidence de la hausse des coûts et des réclamations sur la rentabilité de l’assurance automobile personnelle et sur les consommateurs au Canada. 

Les auteurs s’intéressent également au ratio de service d’assurance net (RSAN), un indicateur de performance comparable au ratio de sinistres ou au ratio combiné, mais qui donne des résultats légèrement différents. « Le RSAN a dépassé 80 % pendant presque tous les trimestres et dans presque toutes les provinces et a dépassé 95 % pendant plusieurs trimestres. Selon l’industrie, un RSAN supérieur à 80 % indique un possible manque de rentabilité », précisent-ils. 

Les vols de véhicules en hausse de 317 % 

Les vols ont fortement augmenté en 2023, atteignant plus de 1,5 milliard de dollars en pertes, contre 489 millions en 2019 — une hausse de 317 %. L’Ontario a été la province la plus touchée. 

À l’échelle nationale, la fréquence des vols de véhicules a augmenté de 27 % entre 2020 et 2023. « L’Ontario a subi la plus forte augmentation avec 75 %, comparativement à 23 % pour le Québec, 18 % pour les provinces de l’Atlantique, tandis qu’on observe une baisse de 4 % dans l’Ouest », mentionne-t-on. 

Jusqu’en 2023, le nombre de réclamations liées au vol s’élevait à 50 000 par année. « Pendant la première moitié de 2024, le nombre de vols d’automobiles a diminué de 17 % par rapport au premier semestre de 2023, et le Québec a connu la baisse la plus marquée. » 

Les auteurs examinent aussi les répercussions des événements météorologiques extrêmes sur les réclamations couvrant les dommages autres que la collision, sur les revenus et dépenses des assureurs, sur l’immatriculation de véhicules neufs, ainsi que sur les habitudes de déplacement des Canadiens. Ils notent une hausse importante des immatriculations de véhicules électriques, incluant les modèles hybrides et rechargeables, qui dépassent celles observées lors des années précédentes. 

Des réparations et remplacements plus coûteux 

Selon le rapport, bien que le Québec ait connu la plus forte hausse du coût d’un véhicule neuf sur cinq ans, c’est en Alberta que ces véhicules sont aujourd’hui les plus chers. Le rapport traite aussi de l’encadrement des tarifs, passé et présent, en s’attardant notamment sur le marché albertain. 

Les coûts de réparation font également l’objet d’une analyse détaillée. « En 2023, le coût moyen de réparation d’un véhicule électrique était de 6 795 $, soit plus que la moyenne de 5 122 $ pour les véhicules à moteur à combustion interne. En général, les véhicules électriques sont plus lourds et ont un taux plus élevé de déploiement des coussins gonflables, ce qui contribue à des coûts de réclamation plus élevés », peut-on lire.

« Les coûts élevés de remplacement des batteries ajoutent également aux coûts de réclamation, et les assureurs automobiles peuvent s’attendre à radier davantage de véhicules électriques. » 

La composante de l’IPC liée aux pièces, accessoires et fournitures pour automobiles a connu une forte progression à la fin de 2021, avec un sommet en juillet, août et septembre 2022, où l’augmentation annuelle a atteint 9,4 %. Les services de réparation ont suivi une trajectoire similaire, atteignant un pic de 6,2 % d’augmentation annuelle entre avril et juin 2023. « Bien que les augmentations en pourcentage d’une année à l’autre aient ralenti à des niveaux plus conformes à ceux observés avant la pandémie, l’indice pour les pièces, l’entretien et les réparations des véhicules automobiles était de 22,3 % plus élevé en décembre 2024 par rapport à 2019. » 

La sécurité accrue des véhicules a contribué à réduire le nombre de collisions mortelles, mais aussi à faire grimper les coûts moyens des réclamations. « Depuis 2023, une perte totale est plus probable en raison des problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement, de l’inflation, des coûts élevés des voitures de location et des retards de réparation, en plus des facteurs susmentionnés », indique-t-on. 

Les véhicules de location coûtent aussi plus cher 

Enfin, les auteurs soulignent que le coût des véhicules de location est un autre facteur à considérer. « Pendant que la pandémie s’amorçait, de nombreux grands exploitants de voitures de location ont vendu leurs parcs. Lorsque l’économie reprenait de la vigueur et que les consommateurs commençaient à demander de l’hébergement de voyage, il y a eu une pénurie importante de véhicules de location disponibles », expliquent-ils. 

La composante de l’IPC liée à la location de véhicules de promenade a atteint un sommet entre septembre et novembre 2021. « En date de décembre 2024, les véhicules de location coûtaient 20,4 % de plus qu’en décembre 2019 », écrivent les chercheurs. « Les véhicules de location ont été les plus chers en juin, en juillet et en août 2023, en hausse de 74,7 % par rapport à décembre 2019, en partie en raison de l’effet cumulatif des augmentations précédentes. »