En date du 8 juin 2023, déjà plus de 4,2 millions d’hectares (ha) de territoires forestiers avaient été rasés par le feu, dont plus de 801 000 ha au Québec.
Cette donnée a été publiée par Aon dans son bulletin hebdomadaire des catastrophes naturelles du 9 juin 2023. Pour l’instant, l’estimation préliminaire des dommages économiques se compte encore dans les dizaines de millions de dollars, mais cela pourrait grimper.
On s’attend à ce que de nombreuses entreprises réclament des indemnités pour l’interruption des activités et que les personnes évacuées par la Sécurité civile fassent des réclamations auprès de leur assureur pour les dépenses reliées à leur logement temporaire.
Du jamais vu depuis 10 ans
Une semaine plus tôt, toujours selon Aon en date du 1er juin, le bilan des superficies à l’échelle canadienne s’établissait à 2,94 millions d’hectares (M ha). Des forêts brûlées dépassant le million d’hectares étaient enregistrées en Saskatchewan (1,044 M ha) et en Alberta (1,136 M ha).
Dans les deux provinces, les dommages causés par le feu couvraient des territoires largement supérieurs à la moyenne des années précédentes. C’était près de 9 fois la taille moyenne des feux de forêt en Alberta à pareille date, comparativement à la moyenne annuelle de la décennie. En Saskatchewan, c’était 65 fois.
En Colombie-Britannique, les superficies brûlées étaient de plus de 351 300 ha, soit 184 fois les superficies moyennes à la même date en temps normal durant la décennie précédente.
Au même moment au Québec, les superficies rasées par le feu atteignaient 46 400 ha. Le Québec avait déjà connu 247 feux à cette date, dont 35 étaient toujours actifs. Les superficies moyennes à pareille date pour les 10 années précédentes avaient été de 772 hectares, soit 60 fois inférieures à ce début de saison 2023.
Une très dure semaine
Une semaine plus tard, ces données pour le Québec ont été largement dépassées. Sur les 464 feux déclarés en date du 8 juin, 154 étaient toujours actifs. Les superficies de forêts brûlées atteignaient désormais 801 700 ha au Québec seulement.
Du 1er au 8 juin 2023, les superficies forestières frappées par le feu ont augmenté de 1,29 M ha au Canada. Outre le Québec, où le territoire frappé a augmenté de plus de 755 000 ha durant cette semaine, la Colombie-Britannique (169 200 ha) a été la plus touchée par l’expansion des feux.
En Alberta, où la sécheresse a commencé beaucoup plus tôt, il y a eu plus de 100 000 ha de plus qui ont brûlé durant la première semaine de juin. En Saskatchewan, ce sont 37 700 hectares de forêts supplémentaires qui ont été touchés.
L’Ontario, qui n’apparaissait même pas au tableau d’Aon une semaine plus tôt, comptait 189 feux, dont 56 étaient toujours actifs au 8 juin, pour des superficies totalisant 42 000 ha.
En Nouvelle-Écosse, le feu qui embrasait le canton de Shelburne était toujours actif, et avait endommagé 23 400 ha, soit 88 % de tout le territoire brûlé dans la province.
On souligne que durant le mois de mai, à l’ouest de la baie d’Hudson, la température moyenne mensuelle en 2023 a dépassé de 10 °C par rapport à la normale.
En plus de la chaleur, les vents se sont mis de la partie. Deux systèmes météorologiques ont jumelé leurs efforts : un système à haute pression à l’ouest du Québec et un autre à basse pression à l’est du territoire touché par les feux. Cette combinaison explique la direction des vents qui a entraîné les particules fines des feux vers la Nouvelle-Angleterre.
Qualité de l’air
Dans ce même rapport, Aon ajoute qu’une partie de la facture non assurée ne sera pas négligeable, en l’occurrence les frais de santé et d’hospitalisation découlant de la qualité de l’air extrêmement mauvaise qui a frappé les grandes métropoles de la côte est de l’Amérique du Nord entre les 6 et 8 juin derniers.
Le 7 juin dernier, l’indice de la qualité de l’air (IQA), dont le maximum est à 500, est utilisé par les autorités de santé publique pour lancer des alertes environnementales.
À plus de 150, l’IQA devient dangereux pour la santé. Quand l’indice dépasse 300, la santé publique recommande à toute la population d’éviter de sortir à l’extérieur.
L’indice a atteint 486 à Ottawa dans l’après-midi du mercredi 7. Le lendemain midi à Philadelphie, l’indice a grimpé à 447.
L’IQA a atteint 407 à New York le 8 juin dernier. Les médias américains ont fait les manchettes avec des images spectaculaires du smog qui frappait la métropole cette journée-là.
Cet IQA tient notamment compte des particules fines qui peuvent entrer dans les alvéoles pulmonaires et causer de sérieux problèmes de santé aux personnes souffrant d’asthme ou de difficultés respiratoires.
Aide du Québec
Le 9 juin dernier, le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, annonçait le programme d’assistance financière spécifique relatif aux incendies de forêt de 2023.
Comme plus de 15 000 personnes ont dû évacuer leur domicile en raison de l’état d’urgence décrété, le gouvernement viendra en aide aux communautés touchées de même qu’aux municipalités.
Le programme général d’assistance financière que l’on utilise en temps normal pour les dépenses liées aux autres sinistres, comme les inondations, ne peut répondre adéquatement, indique le cabinet du ministre dans son communiqué.
Une indemnité forfaitaire de 1 500 $ sera accordée pour chaque résidence principale qui aura été évacuée sur recommandation ou ordre d’une autorité compétente.
Les dépenses supplémentaires consenties par les municipalités pour l’évacuation, l’établissement des sites temporaires d’hébergement, la remise en état des lieux, etc. seront remboursées à 100 %.