Même si les programmes d’aide aux employés (PAE) ont réussi à prouver leur retour sur investissement, il n’en va pas de même pour les cas de maladies mentales, dit Carl Laflamme, de SSQ Assurance.

 « On ne travaille pas sur les bonnes affaires », a lancé le vice-président, alliances stratégiques, de SSQ, en entrevue au Journal de l’assurance. Il affirme ainsi que les PAE n’ont pas réussi à diminuer de façon significative l’incidence des maladies mentales sur les régimes collectifs. « Les statistiques ne montrent pas autant de diminution de l’incidence des maladies mentales que ce que l’on devrait voir. »

Les programmes de santé et mieux-être et des médicaments plus performants ont contribué à faire diminuer l’incidence des maladies cardiovasculaires, rappelle M. Laflamme. « Il y a eu un changement dans les habitudes de vie : plus d’exercice, une meilleure alimentation. La prévention et les médicaments performants ont joué un rôle, y compris pour le cancer. Bien qu’ils soient dispendieux, des médicaments ont permis que des gens atteints d’un cancer retrouvent une vie normale. On a vu des résultats concrets que l’on tarde à voir du côté des maladies psychologiques. »

Carl Laflamme a l’impression que le rythme de vie effrénée et le niveau d’endettement des ménages ont quelque chose à voir dans l’équation. Ces facteurs créent un stress extrêmement important sur les familles, surtout celles dont les parents sont dans la tranche d’âge des 40-50 ans, dit-il.

« L’employeur a une responsabilité importante en regard de l’environnement de travail. L’employé en a aussi une. Tout n’est pas lié au travail. L’employeur peut faire bien des choses, mais quand le stress embarque avec l’insomnie et les difficultés de concentration, il devient très difficile pour l’employeur de travailler avec cela », dit M. Laflamme.

Mieux déceler le stress

Il faut selon lui déceler les facteurs de stress. Les médecins peuvent aider en ce sens, dit M. Laflamme, en recommandant le bon traitement ou en redirigeant la personne vers le bon professionnel.

Un patient ne dira pas nécessairement en premier lieu à son médecin qu’il est très stressé financièrement. S’il dit ressentir une surcharge de travail ou de l’épuisement, le médecin doit aller au fond des choses.

« Si un patient fait du cholestérol, le réflexe du médecin sera de recommander un changement des habitudes de vie pendant un moment, pour voir ensuite s’il est approprié de prescrire une statine. Le médecin doit avoir le même réflexe lorsque son patient lui dit souffrir d’épuisement », croit M. Laflamme. Souvent, dit-il, l’activité physique et le soutien d’un conseiller financier aideront plus qu’un médecin.

Limites imposées et préoccupations

M. Laflamme estime aussi que les programmes d’aide aux employés imposent des limites pour s’assurer de pouvoir offrir aux employés des services de qualité. Il comprend toutefois que les psychologues puissent avoir des préoccupations à l’égard de leur rémunération.

« Les psychologues ont des couts liés à leurs activités, des dépenses d’infrastructure. Je trouve moins pire un psychologue qui perçoit des honoraires de 80 $ l’heure dans le cadre d’un traitement en PAE qu’un massothérapeute qui facture 140 $ pour une heure dans un spa à Mont-Tremblant ou au Manoir Richelieu. Il y a des régimes qui les paient ! »