Malgré la volonté de plusieurs chefs d’entreprises, le télétravail se poursuit au sein des organisations. Quelles solutions pourraient amener les employés à regagner leurs bureaux ? Stéphane Simard, conférencier en ressources humaines, a répondu aux questions du Portail de l’assurance

Stéphane Simard

Au-delà d’une alternative au confinement, le télétravail est devenu un art de vivre. Pas de transport en commun, aucune heure perdue dans le trafic routier, des économies d’argent… Les avantages sont nombreux.

« Et je peux comprendre les employés. Ce mode de vie est très personnel. Selon moi, cela dépend de trois facteurs : la possibilité de réaliser une tâche ou le travail au complet à distance, la personnalité de l’employé et le confort à domicile. Certains ont besoin de contacts sociaux avec leurs collègues, d’autres sont régulièrement dérangés lorsqu’ils travaillent à domicile. Il n’existe pas de règle générale possible », indique Stéphane Simard. 

Les entrepreneurs ou gestionnaires ne sont pas forcément préparés à affronter un tel phénomène. Doit-on mettre tout le monde au même régime ? Accorder le télétravail à un membre pourrait-il attiser la jalousie ou la rancœur de la part des autres collègues ? La marge de manœuvre pourrait bien être réduite dans beaucoup de cas.

Stéphane Simard précise : « La pire chose serait de forcer bêtement tout le monde à rentrer au bureau. On peut l’exiger pour certaines tâches, mais pas de manière générale. » 

Malgré tout, « faire l’effort » de venir au travail permet quand même une certaine harmonie dans l’organisation de l’entreprise. « Le contact offre des rencontres et des interactions que ne peut fournir la technologie », estime le conférencier.

« Ce n’est pas toujours facile de parler avec un collègue lorsque les réunions sur le web sont réservées et l’agenda assez figé. Il existe une certaine souplesse dans ces relations qui simplifient le fonctionnement des équipes. De plus, certaines personnes n’arrivent pas à déconnecter du travail lorsqu’elles sont chez elles. Effectuer le trajet bureau-domicile permet une coupure psychologique. Elles sont à 100 % concentrées sur leur travail lorsqu’elles sont avec leurs collègues et à 100 % sur leur famille à domicile », ajoute M. Simard. 

Demander à l’entreprise de s’adapter 

Que reste-t-il comme possibilité pour le gestionnaire ? La première est d’adapter son ego, suggère Stéphane Simard. « Pourquoi le travail au bureau est-il si important ? Certains chefs se valorisent dans la résolution de problèmes. Ils se font passer pour le pompier, le sauveur ou le chef d’orchestre. D’un autre côté, il doit aussi être proche de ses collaborateurs. »

Selon lui, il existe une remise en question possible de son rôle, car chaque employé a sa manière d’interagir avec son gestionnaire et chaque gestionnaire possède son mode de fonctionnement avec ses employés. Certains responsables ne sont pas toujours bien outillés pour faire face au télétravail. Ils se sentent en insécurité par leur manque de contrôle : « Est-ce que mon employé travaille en ce moment ? Certains dysfonctionnements au sein des collègues pourraient lui mettre le doute dans la gestion de l’équipe », dit-il. 

Face à de tels enjeux et nouveautés, l’entreprise pourrait y gagner en adaptant ses bureaux pour baisser le prix des loyers et même son recrutement. « On essaie d’appliquer l’ancienne solution avec la nouvelle. C’est comme entrer un objet rond dans une forme carrée, ce n’est pas possible. On essaie de trouver une solution générale à des situations particulières. Car s’il propose des défis, le travail à distance offre aussi des opportunités », indique M. Simard.

« Les jeunes sont désormais prêts à s’installer en région pour y faire leur vie avec des emplois de qualité. Je connais aussi des agences gouvernementales qui peuvent désormais recruter des employés bilingues au Québec sans leur demander de déménager. Toutes ces solutions n’existaient pas avant ! », lance le spécialiste et conférencier. 

Travail hybride : les règles du jeu ont changé ! Comment s’y adapter ? 

Ce jeudi 13 avril 2023, à l’occasion de la Journée de l’assurance de dommages organisée par les Éditions du journal de l’assurance, se tiendra une conférence sur les nouvelles règles qui gouvernent le marché du travail. Inscriptions et programme complet de l’évènement : ici !