À la tête de Manuvie Québec depuis un an, Richard Payette se dit ravi que l’assureur parle de santé et non plus de mortalité avec ses clients. Il veut positionner l’entreprise comme point de référence en santé au Québec.

En entrevue au Journal de l’assurance dans les bureaux montréalais de Manuvie, M. Payette dit avoir découvert une industrie en pleine transformation au cours de sa première année en poste. Ces changements touchent à la fois les réseaux de distribution, les comportements des consommateurs et les produits qui leur sont offerts. « Il y a une transformation complète des habitudes des consommateurs, souligne le président et chef de la direction de Manuvie Québec. Ils veulent être mieux informés et recherchent des produits plus simples. Ça met une emphase supplémentaire sur le conseil. C’est une bonne nouvelle pour l’industrie. »

M. Payette dit aussi remarquer une autre grande tendance qui transforme l’industrie. « Nos efforts sont plus axés sur la santé que sur la mortalité, comme avec notre programme Vitalité, qui aide à adopter de saines habitudes de vie. On parle de leur vie et non plus de leur mort. On vient en plus créer une interaction régulière avec nos détenteurs de police. »

L’exemple de Vitalité démontre bien ce que Manuvie veut proposer aux Québécois, dit M. Payette. « Nous devons mettre le client au cœur de nos préoccupations. On doit les approcher dans une perspective globale qui touche tous les aspects de leur vie. »

Pour M. Payette, les gens recherchent ainsi à traiter avec une organisation qui a une excellente solidité financière, qui est innovatrice, mais qui est aussi agile. « Nous devons être prêts à revoir nos façons de faire pour les servir. Il faut les aider à créer de la richesse. C’est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur. C’est ainsi que l’on contribue à créer un Québec économique fort. »

Les assureurs vie entrent dans une nouvelle ère, ajoute-t-il. « L’époque où nous étions de simples manufacturiers de produits est passée. Nous devons leur proposer une solution holistique complète pour leur permettre de réaliser leurs rêves et leurs ambitions. On les appuie aussi en termes de santé mentale et physique, mais aussi financière. On aide aussi les entrepreneurs à bâtir leur entreprise. On croit que nos services peuvent être mis en corrélation avec la productivité de leurs entreprises », dit M. Payette.

L’importance de la santé financière

Le président de Manuvie au Québec juge primordiale la notion de santé financière. Un récent sondage mené par Manuvie révèle que 67 % des gens qui y ont répondu se considéraient stressés par leur situation financière. On retrouve aussi 40 % qui disent se considérer en mauvaise santé financière. La moitié de ceux-ci disent que cela affectent leur productivité au travail.

Quant aux gens qui se disent en bonne santé financière, plus de 25 % d’entre eux ont accès à des régimes collectifs de retraite. On retrouve aussi 48 % des répondants au sondage de Manuvie qui bénéficient d’un régime de retraite. Cette proportion de répondants se dit avoir une bonne santé financière dans 68 % des cas.

« On voit la corrélation entre les outils que nous proposons et ce qui se passe dans la vie des gens. L’employeur a désormais une responsabilité dans la santé holistique de ses employés. On voit des employeurs qui ont cela à cœur. Ça nous appelle à créer des solutions plus intéressantes », dit-il.

Pour appuyer ses dires, il donne en référence un autre sondage mené par la Banque Manuvie. Ce sondage révélait que 50 % de ses répondants à travers le Canada ont peu ou pas de souplesse financière pour faire face à des imprévus. Au Québec, 76 % des répondants au sondage ont affirmé qu’ils auraient de la difficulté à faire face à une augmentation de 10 % de leur versement hypothécaire. « On ne parle que d’un montant de 100 $ en moyenne », fait remarquer M. Payette.

Les employeurs devront suivre

Pour M. Payette, il ne fait pas de doute que les employeurs devront suivre cette tendance. « Il y a une rareté de la main d’œuvre qualifiée. Le changement démographique impose davantage ce virage. Il est important pour une entreprise d’y investir. Comme employeur, on le fait nous-mêmes. C’est pour cette raison que nous avons investi davantage dans notre programme collectif. Chaque employé voit ses frais couverts en santé mentale jusqu’à hauteur de 10 000 $. On y croit ! », dit-il.

Les entrepreneurs ont tout à gagner en investissant de la sorte dans leur capital humain, dit M. Payette. « Les entrepreneurs créent des entreprises exceptionnelles. La majorité d’entre eux sont d’ailleurs là pour transférer leur entreprise à leur relève. Et ils veulent leur livrer une entreprise en bonne santé. C’est essentiel s’ils veulent garder la qualité de leurs ressources humaines. »

Augmenter la tarte

Il souligne par ailleurs que le Québec évolue dans un écosystème particulier. Et Manuvie veut en faire partie. « Le Québec est très fort en innovation, mais aussi dans le domaine de la finance. C’est unique au Canada. On veut développer des partenariats en termes de distribution, mais aussi au niveau de la recherche et du côté social », dit M. Payette.

Pour atteindre ce but, Manuvie devra continuer d’investir en technologie, souligne M. Payette. Il rappelle que diverses études ont démontré qu’il se réalise deux fois plus d’investissement en technologie dans le secteur financier que dans le secteur manufacturier.

« Le secteur financier demeure important au Québec. Il représente 6,4 % du PIB de la province. Le secteur financier est un employeur de qualité, qui investit de façon massive », dit celui qui est aussi gouverneur de Finance Montréal.

Pourquoi un assureur global comme Manuvie, qui ne cache pas qu’une grande partie de sa croissance proviendra de l’Asie, investit-il autant au Québec? « Il y a une opportunité significative pour nous au Québec, dit M. Payette. On veut y travailler à long terme avec nos réseaux de distribution. On développera des outils technologiques pour eux, qui leur serviront de leviers auprès de leurs clients. On croit au conseil ! »

M. Payette ajoute que Manuvie aidera les conseillers à accéder aux gens qui crient qui ont de petits actifs et qui pensent qu’ils n’ont pas les moyens de traiter avec un conseiller. « Nous aurons du succès ensemble. Le développement de nos parts de marché se fera en augmentant la tarte. On croit qu’il y a un marché qui n’a pas été exploité. On veut travailler en collaboration avec les conseillers pour le développer. »

Devenir un compagnon de vie

Comment Manuvie se démarquera-t-elle au Québec ? En devenant un point de référence en matière de santé, affirme M. Payette. « Comme assureur, nous avons un rôle à jouer en éducation et en prévention. Nous offrons des solutions pour aider les gens. On doit devenir un compagnon de vie pour eux. On doit être leur partenaire dans tous les stades de leur vie, que ce soit lorsqu’ils fondent une famille, qu’ils obtiennent leur premier emploi ou alors qu’ils arrivent à la retraite. Chacun de ces stades amène des préoccupations dans lesquels on peut les aider à travailler à des solutions.

M. Payette croit grandement à un concept développé par Manuvie, soit celui de la retraite redéfinie. Ce concept vise avant tout à impliquer les gens dans leur retraite durant leur vie active.

C’est aussi de cette façon que Manuvie gagnera des parts de marché au Québec, en attaquant son marché actuel. « Ça ne nous fait pas peur, dit M. Payette. Nous croyons que nous avons une offre distinctive. On peut aider nos entreprises à développer leur productivité par des solutions globales et non par une approche structurée par produit. Il y a moyen pour eux de le faire à un cout raisonnable. »