Après avoir réalisé plusieurs acquisitions, RSA Canada investit de forts montants pour croitre de manière organique. L’assureur souhaite augmenter son empreinte à l’échelle nationale, mais aussi auprès des courtiers. Pour Rowan Saunders, PDG de RSA Canada, l’assurance de dommages vit actuellement dans un environnement rempli de défis. « C’est un marché très mature, avec de faibles retours sur investissement. Croitre de façon rentable est un combat en ce moment, sans compter avec les intempéries de la nature, notamment avec les catastrophes subies en 2014 et le dur hiver de 2014 », a-t-il dit au Journal de l’assurance.
Il ajoute que l’environnement règlementaire demeure aussi difficile pour un assureur, notamment avec les règles entourant le marché ontarien en assurance automobile. « Ces exigences se poursuivront. On n’a qu’à penser à l’Ontario, où le gouvernement vient de demander aux assureurs de réduire leurs taux de 15 % », dit-il.
Tout cela dans un contexte hautement concurrentiel, où de nouveaux joueurs font leur entrée dans le marché canadien, rappelle M. Saunders. « Les consommateurs sont aussi plus exigeants et requièrent plus d’expertise. Ils demandent aussi plus d’interaction numérique et technologique », souligne-t-il.
Stratégie maintenue
Malgré ce contexte changeant, RSA maintient sa stratégie au Canada. L’assureur vise toujours à faire meilleure figure que le marché. « Nous poursuivons notre approche de distribution multisegments, avec notre filiale RSA Assurances, dans le courtage, et Johnson, du côté de la distribution directe. Nous voulons croitre dans les deux canaux. Nous nous voyons comme un assureur de segmentation et non un assureur généraliste », dit-il.
M. Saunders souhaite maintenant que son organisation mette les efforts pour se bâtir une image de marque nationale. « Nous affichons une bonne croissance organique au Québec, notamment grâce à l’acquisition de L’Union Canadienne, dont l’intégration est terminée. Nous voulons augmenter nos revenus dans la province. Il est important pour nous d’être un joueur national », dit-il.
En assurance des particuliers, RSA a fait ses devoirs, affirme M. Saunders, pour répondre aux pertes que ce segment a connues au cours des dernières années. « Nous nous sommes aussi assurés d’avoir les réserves nécessaires pour y faire face dans le futur », dit le PDG.
RSA a aussi investi substantiellement dans la sophistication de sa tarification, mais aussi dans sa souscription. L’assureur est ainsi en mode recrutement à travers le pays pour embaucher des actuaires.
« Nos résultats sont positifs dans le marché de l’assurance automobile en Ontario, où nous dégageons des profits. Nous nous attendons à une croissance de ce côté », dit-il.
De 15 % à 20 % plus de courtiers
Il n’y a pas qu’auprès des consommateurs canadiens que RSA veut mieux se faire connaitre. L’entreprise veut aussi se rapprocher des courtiers, tant en assurance des particuliers qu’en assurance des entreprises. L’assureur souhaite ainsi traiter avec 15 % à 20 % plus de courtiers qu’elle ne le fait actuellement au cours des prochaines années, a révélé M. Saunders.
En assurance des entreprises, RSA est présente dans les trois grands segments : les PME, le mid-market (risques intermédiaires) et les grands risques d’envergure. M. Saunders dit que RSA a un large appétit pour chacun des segments.
Dans le marché de la PME, RSA compte améliorer son système de gestion de polices. « Nous voulons que les courtiers aient leurs soumissions plus rapidement. Il faut améliorer ce processus », dit-il.
Dans le mid-market, RSA se consacre à cinq segments : les services professionnels et d’affaires, le secteur manufacturier, la construction, l’immobilier ainsi que le secteur du transport et de l’entreposage. Dans les grands risques d’envergure, RSA dispose d’une expertise dans les machineries. L’assureur vient toutefois de se lancer dans le marché du cautionnement. « Nous nous attendons à avoir du succès dans le marché de l’énergie en 2015, même si cette industrie vivra les contrecoups de la chute du baril de pétrole », dit M. Saunders.
Investissements majeurs
M. Saunders a aussi révélé au Journal de l’assurance que son entreprise investira massivement dans sa structure au cours des prochains mois. « C’est quelque chose qui transformera l’entreprise. En vendant notre réseau Noraxis à Gallagher, nous avons généré un profit record par commission en Amérique du Nord. Nous l’utiliserons pour investir dans nos affaires canadiennes. Nous avons aussi embauché une firme de consultation, McKinsey & Company, pour produire un diagnostic sur notre entreprise. Nous pourrons partir de cela pour bien voir où investir, notamment en technologie », dit-il.
Les investissements se feront sur une période de quatre ans, a précisé M. Saunders. « Nous voulons en venir à avoir une plateforme technologique souple et qui nous permettra d’être encore plus concurrentiels. Nous nous sentons très compétitifs dans certains segments, mais moins dans d’autres. Nous voulons changer cela. Nous voulons aussi rafraichir notre expérience client. Nous introduirons donc des choses en télématique et en soumission ainsi que des innovations numériques », a-t-il expliqué.
Comme Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact Corporation financière, il dit s’attendre à des changements majeurs vu l’avènement du numérique. « Un des avantages de faire partie d’une grande compagnie internationale est de voir ce qui se fait ailleurs. Nous avons vu les changements ayant eu cours au Royaume-Uni, notre compagnie y ayant son siège social. Nous croyons que nous verrons certaines de ses transformations secouer le Canada. Peut-être moins vu l’environnement règlementaire, mais il y aura des changements. »
M. Saunders veut ainsi créer une organisation qui aura l’habileté de générer de la croissance organique. « Nous avons eu un fort succès jusqu’à maintenant, mais notre croissance provient en grande partie de nos acquisitions. Nous continuerons à être ouverts pour réaliser des acquisitions, mais notre priorité sera la croissance organique. Il nous faut nous faire des muscles à cet effet. »
Sachant que ce défi en est un qui nécessitera des investissements sur plusieurs années, M. Saunders se dit content d’avoir l’appui de la maison mère au Royaume-Uni. « Ils ont une grande confiance envers le marché canadien. Ce fut difficile au cours des dernières années, mais nous sommes optimistes pour le futur. Le potentiel de croissance est fort au Canada », dit-il.
La consolidation se poursuivra
M. Saunders croit que l’industrie continuera à se consolider. Cette consolidation sera toutefois plus rapide dans la distribution que chez les manufacturiers. Quand on regarde le top 10 des assureurs, il est difficile de voir où la consolidation pourra se faire. Les assureurs tenteront toutefois d’acquérir des cabinets pour avoir un contrôle sur la distribution. De nouveaux joueurs investissent dans ce sens. La consolidation du courtage n’est pas un phénomène unique au Québec », dit M. Saunders.
RSA refuse toutefois d’emprunter ce chemin. « Nous offrirons du financement aux courtiers, les aiderons dans leur succession et pourrons prendre des participations minoritaires, mais nous ne voulons pas le contrôle total sur le cabinet », dit-il.