Le stress posttraumatique (SPT) dont souffrent les équipes de secours et les militaires canadiens se répercute sur leurs proches, laissant ces derniers dans une « détresse fréquente » du fait d’un « soutien insuffisant ». C’est ce qui ressort du livre blanc intitulé Soutenir les familles des membres actifs et retraités des Forces armées canadiennes et des premiers répondants touchés par le stress posttraumatique, que Croix Bleue Medavie vient de publier.
L’assureur a réalisé ce premier rapport préliminaire à la suite d’une table ronde qu’il a organisé en partenariat avec la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), l’organisme Wounded Warriors Canada et l’Institut Vanier de la famille. Le document de vingt pages présente les principales conclusions et les priorités stratégiques qui sont ressorties de la discussion.
La famille, un parechoc sous pression
« Parmi les gens que j’ai interviewés, beaucoup m’ont dit : “Je dois prendre une grande respiration lorsque je tourne la clé dans la serrure en rentrant à la maison. Dès que j’ouvre la porte, je sais ce qui m’attend, simplement par la façon dont il ou elle me répond.” J’ai entendu ce type de témoignage non seulement de la bouche de conjoints et de conjointes, mais également chez des enfants adultes, des frères et sœurs et des parents de personnes atteintes de SPT », a rapporté Heidi Cramm, scientifique associée à l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans (ICRSMV), dans le cadre de la table ronde.
Jusqu’à 32 % des Canadiens faisant partie d’un groupe à risque élevé, comme les militaires, les policiers et les travailleurs paramédicaux, seront diagnostiqués en état de stress posttraumatique (ESPT) au cours de leur vie, indique Medavie. Pour évacuer, la plupart d’entre eux se tournent en premier lieur vers leurs proches, qu’il s’agisse d’un conjoint, d’une conjointe ou d’un membre de leur famille. Du fait de ce « rôle très important » de soutien, ces proches subissent « une énorme pression et ont aussi besoin d’appui ».
Miser sur la technologie
De cette discussion sont ressorties des mesures de soutien à mettre en place pour aider les familles des premiers répondants et des membres actifs et retraités des Forces armées canadiennes vivant avec le SPT. Les experts recommandent notamment de miser sur la technologie pour rendre accessibles les programmes de prévention et de traitement existants.
« La technologie, tout comme l’intelligence artificielle, offre des voies prometteuses pour améliorer l’accès aux soins. L’idée n’est pas d’éliminer la relation personnelle avec le thérapeute, mais de permettre aux psychologues et aux autres professionnels de la santé de traiter à distance les patients qui vivent en région éloignée et d’augmenter le nombre de patients traités. La technologie peut également jouer un rôle dans la formation d’autres accompagnateurs ou fournisseurs de service, en vue d’accroitre le nombre d’intervenants aptes à offrir des soins. »
Un suivi prévu par Medavie en 2020
« Comme le stress posttraumatique fait partie des causes fondamentales de notre Fondation, nous avons constaté qu’il existe un besoin non comblé en matière de soutien pour les familles. Il était important pour Medavie de contribuer à trouver une solution. (...) Ce rapport décrit les avenues à explorer pour faire bouger les choses, et il ne constitue que la première étape de ce qui sera, nous l’espérons, un processus continu », dit Bernard Lord, chef de la direction de Medavie.
L’assureur organisera une seconde table ronde afin de faire le suivi et de poursuivre la discussion autour de cet enjeu de santé et de société. Cette rencontre devrait se dérouler dans le courant de l’année 2020.