La pandémie de COVID-19 aura eu l’avantage de diminuer les gaz à effet de serre à travers le monde, réduisant de même la demande du secteur pétrolier.

Chris Short, vice-président principal, gestionnaire du courtage et spécialiste du secteur de l’énergie d’Aon, établi à Calgary, a fait le portrait du marché pour le Portail de l’assurance.

Le secteur de l’énergie, ou pétrolier et gazier, est composé de deux grands segments, soit celui en amont et celui en aval. L’extraction et la production font partie de l’amont, tandis que les activités liées aux pipelines et au transport font partie de l’aval.

La pandémie a accentué les problèmes que vivait ce secteur au Canada, alors que les prix du pétrole se sont effondrés, en 2014, souligne M. Short. Les entreprises présentes dans ce secteur étaient parvenues à gérer la situation tant bien que mal, souligne-t-il, mais au prix de nombreuses mises à pied, particulièrement dans l’Ouest du pays.

Côté assurance, la pandémie a touché davantage les activités en aval. Des assureurs se sont retirés de ce marché, souligne M. Short. Quant à ceux qui sont restés, ils ont augmenté leur taux, ajoute-t-il. Dans son Rapport sur l’assurance de mi-année 2020 au Canada, Aon mentionne que plusieurs syndicats du Lloyd’s et les marchés de Londres ont cessé de couvrir les activités en aval en raison de problèmes persistants de rentabilité.

Pour les activités en aval du secteur de l’énergie, il y a aussi eu des hausses de taux au cours des 12 à 18 derniers mois, dit M. Short. Elles ont toutefois été plus modérées que pour les activités en amont, , soit au niveau de la prospection et production. Il y a néanmoins des contraintes en termes de capacités pour tout le secteur, précise-t-il.

À cela s’ajoute le fait que l’énergie est un marché mondial pour les assureurs. Le Canada n’y occupe qu’une petite part. Donc, les décisions d’ordre mondial viennent parfois compliquer la souscription des risques, dit M. Short.

Le défi des critères ESG

Le secteur de l’énergie se prépare aussi à un autre grand défi, soit bien entreprendre son virage ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). « Les gouvernements et les assureurs regardent ce que les entreprises du secteur font en la matière, dit M. Short. C’est le moteur de l’innovation dans l’industrie, en ce moment. C’est très sophistiqué et ça demande des investissements importants. »

Sur le plan de la responsabilité civile, M. Short ajoute que les entreprises de l’énergie sont conscientes que les attentes sont plus grandes qu’avant en matière de nettoyage après un déversement. Cela va jusqu’à la prévention et à l’atténuation des risques, précise-t-il. Il y a beaucoup d’investissements à cet égard, dit-il.

L’incidence de ces mesures se fait aussi sentir en assurance, dit-il. « Comme courtier, on observe et évalue les expositions au risque. On analyse aussi comment les entreprises gèrent leurs capacités d’assurance, en portant attention à voir si on ne peut pas mettre des franchises ou rétentions plus élevées dans certains cas. Malgré les difficultés, on continue de pouvoir bien assurer nos clients dans ce segment et à négocier des primes convenables, quoique majorées. Plus la compagnie d’assurance est sensible à la prévention et à la mitigation des risques, plus cela joue en faveur des clients. »

M. Short mentionne par ailleurs que les souscripteurs portent de plus en plus attention à ces facteurs. « Ils veulent comprendre ce que les entreprises entreprennent comme travaux et quels investissements y sont dédiés. Les assureurs ont d’ailleurs posé beaucoup de questions sur la continuité des affaires lorsque la pandémie est survenue. Non seulement pour assurer que les employés soient en sécurité, mais également pour que les opérations puissent se poursuivre sans trop de perturbation, malgré les nombreuses embûches causées par la pandémie. »