Cinquante. C’est le nombre minimal de conseillers qui doivent s’inscrire au Congrès de la Table ronde des millionnaires (Million Dollar Round Table [MDRT]) pour qu’elle offre la traduction simultanée dans leur langue. C’est le but que s’est donné la représentante du Québec au comité canadien du MDRT, Suzie Labbé.ja_23_03_img18

Présidente du cabinet Services financiers Suzie Labbé, planificatrice financière et conseillère en sécurité financière active au sein du réseau de la Financière Sun Life dans la région de Québec, Suzie Labbé est aussi membre à vie du MDRT. Elle s’y classe à titre de Court of the Table, une distinction réservée en 2015 aux conseillers dont la production a atteint en 2014 près de 440 000 $ de commissions. Pour se classer à titre de membre régulier en 2015, un conseiller doit avoir inscrit un peu plus de 147 000 $ de commissions en 2014.

Le prochain congrès annuel du MDRT se tiendra à La Nouvelle-Orléans en juin 2015. Mme Labbé veut y donner un second souffle à la participation québécoise. Elle est dans une position privilégiée pour y parvenir. Depuis 2014, elle représente le Québec au comité canadien du MDRT. Son défi : amener assez de participants québécois pour rentabiliser la traduction simultanée, un service qui coute à la base 50 000 $ au MDRT, révèle-t-elle.

Elle déplore qu’encore trop de conseillers québécois négligent cet évènement, qui représente la meilleure formation possible, selon elle. « C’est enrageant d’avoir la traduction simultanée en mandarin ou en cantonnais et de savoir que nous ne l’avons pas en français parce que nous n’atteignons pas la masse critique de 50 personnes », a-t-elle lancé en entrevue au Journal de l’assurance.

Consciente de la barrière de la langue, la conseillère croit toutefois qu’il faut briser le cercle vicieux. « C’est l’œuf ou la poule. Les conseillers québécois ne s’inscrivent pas parce que l’évènement est uniquement en anglais, et le MDRT n’offrira pas la traduction simultanée s’il n’y a pas un chat du côté francophone », insiste-t-elle.

La méconnaissance de l’anglais peut parfois créer des problèmes à ceux qui s’inscrivent. « J’ai réussi à amener une conseillère de Chicoutimi à s’inscrire en 2014. Elle a eu de la difficulté avec le formulaire unilingue. Elle s’est inscrite à l’hôtel, mais pas au Congrès. Elle a dû débourser 1 000 $ de plus sur place pour pouvoir entrer », a-t-elle précisé.

Elle rappelle qu’en dehors de la région de Montréal, les Québécois bilingues ne sont pas légion. La majorité se trouve en fait dans la région de Montréal, dit-elle. « Peut-être que certains ne veulent pas afficher leur méconnaissance de l’anglais en demandant la traduction. » Mme Labbé ajoute que la crainte de mal maitriser les termes plus techniques de la langue des affaires en fera reculer plusieurs.

Son conseil : faire preuve d’ouverture d’esprit et sortir de sa coquille. Autrement, les conseillers passeront à côté d’enseignements précieux, soutient la représentante du Québec pour le MDRT. « La règlementation nous fait vivre des changements globaux sans précédent. Notre profession est devenue très compétitive. Il peut être très utile d’échanger avec des conseillers du Royaume-Uni ou de l’Australie pour savoir comment ils sont passés à travers certains bouleversements, comme l’interdit des commissions », croit Mme Labbé.

Le MDRT est une plateforme d’échanges internationaux dans une culture de camaraderie, croit-elle. « Tout planificateur financier, tout conseiller est appelé à accompagner son client à travers les aléas de la vie et à évoluer avec lui. Il ne peut véritablement le faire s’il limite ses échanges à ses collègues du Québec », estime Mme Labbé.

Pour se donner les meilleures chances de réussir ce qu’elle qualifie de traversée du désert, elle sollicite déjà son propre réseau. « Comme dans la vente, il est plus facile de solliciter la clientèle existante que les nouveaux clients, observe-t-elle. Si je peux faire augmenter les membres du MDRT en provenance de Sun Life, cela encouragera les autres à en faire autant. »

Les réseaux de carrière comme celui de Sun Life facilitent par ailleurs le recrutement des membres en suscitant leur intérêt, précise-t-elle. « Ces réseaux compilent les réalisations de leurs conseillers dans l’atteinte des critères du MDRT, et les informent de leur progression, explique Mme Labbé. Pour les conseillers indépendants, c’est une autre histoire, car ils doivent compiler et faire eux-mêmes parvenir leurs informations au MDRT. »

Plus que des discours d’encouragements

Après 22 ans en carrière, Suzie Labbé fréquente régulièrement les congrès annuels du MDRT. Elle était de celui de Toronto en juin 2014. En raison de ses fonctions, elle a eu l’occasion de se rendre au siège social de l’organisation à Chicago. « C’est impressionnant de voir l’envers du décor. Le MDRT est une grosse machine bien huilée. Son congrès est la cerise sur le sundae, comme un spectacle de Broadway », dit-elle.

Le congrès est aussi, pour Mme Labbé, une plateforme d’échange entre collègues et un moteur d’énergie. Il va plus loin que les discours de motivation. Des ateliers et des séances de réflexion sur des sujets précis appelés focus sessions permettent aux congressistes d’aller aux fonds des choses, précise la conseillère. « Les présentateurs de haut calibre s’appuient sur des recherches et sur une documentation abondante. Le MDRT dispose d’une imposante bibliothèque d’information », dit-elle.

Ces présentateurs sont souvent externes à la profession et apportent un regard nouveau. Par exemple, le PDG de BMW a donné une performance sympathique en se présentant à une session en jeans, se remémore-t-elle.

« Pour moi, le MDRT est à la fois une source de motivation et de connaissances. C’est aussi une façon de voir que nos rêves les plus grands sont accessibles et réalisables. Le congrès fait exploser notre succès en nous amenant à voir grand », résume-t-elle.

Le MDRT sera d’ailleurs de passage au Québec bientôt. Le Congrès annuel des membres du MDRT qualifiés au titre de Top of the Table se tiendra à Québec en septembre 2016. En vertu de cette qualification pour l’année 2014, les conseillers doivent avoir atteint en 2013 près de 870 000 $ de commissions.