La Commission des services financiers et des services aux consommateurs du Nouveau-Brunswick souhaite accroître la résilience financière des femmes, car leur situation s’est aggravée depuis le début de la pandémie de COVID-19, ainsi que plus récemment devant la montée des taux d’intérêt et de l’inflation. 

Selon la Commission, les femmes sont moins longtemps sur le marché de travail, gagnent moins d’argent et vivent plus longtemps que les hommes, si bien qu’il leur est plus difficile de se préparer à la retraite. Un récent sondage de la Commission a révélé que seulement 41 % des femmes du Nouveau-Brunswick voyaient leur avenir financier de façon positive, comparativement à 57 % des hommes. 

En fait, une femme a une espérance de vie de quatre ans supérieure à celle de son homologue masculin. C’est dire que son épargne devra financer davantage d’années de retraite et qu’elle se retrouvera probablement à gérer seule son argent. 

Shannon Tatlock, planificatrice financière agréée (CFP) installée à Moncton (N.-B.), tient à donner aux femmes les connaissances qui leur permettront de surmonter ces obstacles ; c’est du moins l’un de ses objectifs.

Mme Tatlock souligne qu’elle parle à toutes ses clientes de l’importance d’avoir un fonds d’urgence — ce qui, selon elle, devrait être la première étape pour beaucoup d’entre elles. 

Planifier sa trésorerie 

Mais plutôt que d’avoir avec elles une longue conversation sur la « préparation d’un budget », elle leur parle de « planification de la trésorerie ». « On dirait que l’expression sonne mieux à leurs oreilles », dit-elle.

Mme Tatlock utilise notamment un chiffrier de gestion de la trésorerie qui, précise-t-elle, est entièrement personnalisable et permet à la cliente de voir chaque mois où va chaque dollar. « Parfois, le chiffre final est négatif, et c’est la première fois qu’elles en prennent conscience. Cela les amène à se demander si elles ne dépensent pas trop dans tel ou tel domaine et s’il y a des secteurs où elles pourraient “couper”. » Parfois, on n’aborde même pas l’épargne-retraite, signale la planificatrice financière, car le problème se trouve du côté des cartes de crédit.

Il y a des gens qui ne veulent vraiment pas renoncer à certaines dépenses, comme leur arrêt quotidien au Starbucks. N’empêche, Mme Tatlock dit qu’elle veut éduquer sa clientèle, de manière à l’outiller, à ce qu’elle comprenne des dossiers comme l’impôt et les avantages à leur portée, « parce que parfois, ces petites choses peuvent faire augmenter ou réduire de 50 $ ou même 100 $ par mois l’argent dont elles disposent, ce qui peut vraiment changer la donne ».

Comprendre les besoins et les comportements 

Elke Rubach, avocate, présidente de la société torontoise Rubach Wealth et également planificatrice financière agréée, explique qu’elle prend le temps de comprendre les objectifs et les rêves de ses clients et les aide à cerner leurs besoins et leurs comportements. Car elle pense que si on n’en tient pas compte dans leur plan financier, celui-ci risque de rester sur les tablettes. 

Elle rappelle que les conseillers vont parfois presser leurs clients de renoncer à certains petits plaisirs, comme d’aller au Starbucks. « Mais si c’est un endroit auquel une personne tient, il faut en tenir compte. Parce que si on ne le fait pas, l’argent va être dépensé ailleurs, sans qu’on s’en rende compte. »

Des dossiers d’assurances et de fiscalité efficaces 

Une fois les clients satisfaits de la discussion, elle aime protéger leurs acquis en s’attardant aux assurances et aux avantages fiscaux. Elle leur explique qu’ils ne pourront peut-être pas résoudre du jour au lendemain toutes les problématiques abordées, mais qu’ils doivent se bâtir petit à petit un portefeuille, déterminer ce qu’ils peuvent faire de leur argent de leur vivant et s’assurer que leur famille pourra recevoir un héritage.

« Nous détestons tous payer des primes d’assurance, mais nous aimons ce que les assurances procurent à leurs bénéficiaires, mentionne-t-elle. L’assurance est censée protéger le plan de la personne… et ses enfants. » 

À titre de CFP, Mme Tatlock dit qu’elle doit aussi comprendre des dossiers comme les avantages sociaux. De nombreux parents seuls ou de couples en instance de divorce ont besoin de conseils pour voir comment accroître leur autonomie en accédant à leurs liquidités.

Du côté des millénariaux, les femmes sont plus nombreuses à gérer les dépenses du foyer 

Mme Tatlock fait remarquer que, dans la plupart des jeunes couples, c’est la femme qui gère l’argent, en plus de s’assurer que les enfants aillent à la garderie et que les factures sont payées. « J’ai vu que, dans cette tranche générationnelle, les femmes sont plus nombreuses à gérer les dépenses du foyer. C’est peut-être pour cette raison que le ministère du Nouveau-Brunswick a décidé de diriger son programme vers les femmes. » 

La Commission recommande ce qui suit aux clientes : 

  • Ayez confiance en vous ; 
  • Réseautez ou cherchez un mentor ; 
  • Participer à un cours ou à un programme en éducation financière ; 
  • Cultivez de bonnes habitudes en matière d’épargne ; 
  • Sachez qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à acquérir des connaissances en finances ; 

Mme Rubach ajoute que s’il lui arrive certes de formuler des recommandations à ses clients en leur suggérant des choses qu’ils peuvent et devraient faire, elle ne leur impose pas de règles, car les gens doivent parfois comprendre certaines choses d’eux-mêmes.

Les femmes doivent prendre soin d’elles et, comme tous les êtres humains, elles ne peuvent pas tout faire seules. 

« Évidemment qu’il y a cette course au rendement ; on veut des intérêts, du gain en capital, des dividendes et tout le reste, parce que c’est ainsi que nous avons été formés, relate-t-elle. Mais nous ne pouvons pas offrir à la fois le beurre et l’argent du beurre. » 

Mme Rubach constate que certaines personnes veulent faire tout le travail de réflexion et ce qui s’ensuit par elles-mêmes sans aucune aide, en soutenant qu’elles ont leur propre façon de voir les choses. En outre, elle dirige vers un coach de vie les personnes qui ne savent pas vraiment quels sont leurs objectifs. Elles peuvent ensuite lui revenir, une fois prêtes à planifier.

Pour que la résilience s’installe, elle estime que ses clients doivent lui dire franchement s’ils sont d’accord avec ce qui leur est proposé. « Tant qu’ils ne me parlent pas de ce qu’ils sont comme personne, de ce qu’ils veulent faire et de ce qu’ils ont essayé et détesté… un plan financier ne reste qu’un bout de papier sur lequel quelqu’un d’autre a inscrit sa propre façon de voir les choses. »