Les aspirants aux études postsecondaires ont changé. Ils ne visent plus le doctorat à tout prix. Ils veulent avoir des choix : étudier à temps partiel, suivre des programmes courts ou changer de programme en cours de route.

Les promoteurs de régimes enregistrés d’épargne-études (REEE) en ont pris acte : nombre ont assoupli l’admissibilité aux paiements d’aide aux études, communément appelés bourses. Les fondations qui offrent des régimes collectifs ont aboli la structure des paiements en trois versements. Le bénéficiaire n’a plus à réussir chaque niveau d’études ou année scolaire pour recevoir un paiement. Il peut le recevoir même s’il étudie à temps partiel. Il peut aussi recevoir ses bourses en un seul versement.

Ce changement n’a pas été sans heurts pour certains. À l’image d’autres fondations qui l’avaient fait quelques années plus tôt, la Fondation Universitas du Canada, devenu depuis Fondation Kaleido, a obtenu par vote, en octobre 2017, l’aval de ses souscripteurs pour assouplir son Plan REEEFLEX (95 % des voix en faveur) et son Plan Universitas (91 %). Un deuxième vote a toutefois été demandé après que des bénéficiaires aient touché moins que prévu. Favorable à Kaleido, le résultat a été néanmoins plus serré.

Ainsi, au final, les produits collectifs sont offerts exclusivement par les fondations. Ils regroupent l’épargne des bénéficiaires selon leur âge. Les sommes regroupées sont investies collectivement.

Il y a de nombreuses années que les promoteurs de REEE individuels, principalement les sociétés de fonds communs de placement, les banques et leurs courtiers en valeurs mobilières, misent sur la liberté d’action des souscripteurs et de leurs bénéficiaires pour se distinguer des régimes collectifs. Ils moussent ainsi leur produit par rapport à celui des fondations.

Outre Kaleido, on retrouve parmi les fondations CST Fondation fiduciaire canadienne de bourses d’études (CST), Corporation REEE Global, Fonds d’études pour les enfants et La Première financière du savoir (qui a acquis Fonds d’éducation Héritage en janvier 2018). Au cours des dernières années, ces fondations ont toutes ajouté un régime individuel à leur gamme de produits.


Des bourses axées sur les besoins

Ces changements répondent aux besoins qu’ont exprimés de nombreux souscripteurs de REEE au cours des dernières années, ont fait savoir les fondations dans leur ensemble. En entrevue au Portail de l’assurance, Isabelle Grenier, PDG de Kaleido, a révélé que la fondation songeait à apporter ces changements il y a déjà quelques années. Kaleido avait sondé ses clients et récolté des commentaires sur le manque de flexibilité et la complexité des demandes de paiements d’aide aux études, parmi les principaux irritants.

Chez Kaleido, les changements sont rétroactifs. Tout souscripteur d’un régime en vigueur peut s’en prévaloir.

La fondation souhaitait que les paiements d’aide aux études soient davantage axés sur les besoins financiers que la réussite des cours. Ainsi, le bénéficiaire peut désormais se qualifier pour recevoir un paiement dès le début de sa formation postsecondaire. De plus, le fait de pouvoir recevoir un seul paiement permet à un bénéficiaire aux moyens financiers limités de commencer un programme postsecondaire qu’il n’aurait pu entreprendre autrement.

Pour retirer les paiements d’aide aux études en un seul coup, il suffit de respecter la règle de l’Agence du revenu du Canada : au premier trimestre d’un programme d’études, le paiement d’aide aux études maximum est de 5 000 $. Au second trimestre, le parent du bénéficiaire peut en retirer le solde.


Une autre fondation assouplit son REEE

En 2014, La Première financière du savoir a obtenu l’aval de plus de 90 % de ses souscripteurs pour rendre son régime collectif plus flexible, a révélé en entrevue avec le Journal de l’assurance sa vice-présidente du marketing et des communications, Suzanne Martyn-Jones.

« Nous avons entre autres rendu admissibles à des PAE les étudiants à temps partiel et les étudiants à des programmes postsecondaires d’une durée de moins de quatre ans. Ces programmes peuvent être aussi courts que trois semaines », a-t-elle précisé.

La fondation établie à Mississauga, en Ontario, a lancé en 2012 son régime individuel PremFlex, flexible tant au plan des cotisations que des paiements d’aide aux études, a expliqué Mme Martyn-Jones. « Nous avons conçu ce régime pour les étudiants d’aujourd’hui, qui peuvent choisir différents parcours d’enseignement. »

Son président et chef de la direction, George Hopkinson, a affirmé que le parcours des études postsecondaires a changé de façon significative depuis les 10 dernières années. « Nous avons évolué pour prendre en compte ces changements, en offrant un REEE flexible aux familles canadiennes. Ça inclut le vote positif de 2014, notre option de transfert d’un REEE collectif à un REEE individuel du début jusqu’à l’échéance du régime, et le lancement de PremFlex. Ce régime est maintenant le choix de plus de 85 % de nos nouveaux clients », a révélé M. Hopkinson.

La Première financière du savoir sera heureuse de voir augmenter cette proportion. « Les consommateurs démontrent envers le régime PremFlex un intérêt qui croît exponentiellement, a signalé Mme Martyn-Jones. Nous aimerions en arriver à ce que les cotisations à ce régime comptent pour 100 % de nos affaires. Nous laissons le choix aux consommateurs, mais il est évident où va celui-ci. »

Selon ses données sur les cotisations, la durée de vie moyenne d’un REEE en phase de décaissement atteint deux ans, ce qui ne se prête pas à la rigidité du REEE collectif. Étendre les ventes du régime individuel est d’ailleurs le principal motif derrière l’acquisition de Fonds d’éducation Héritage par La Première financière du savoir.