La collaboration s’étend à toutes les parties prenantes de l’économie et prend de multiples formes. Réal Jacob, professeur titulaire au département d’entrepreneuriat & innovation à HEC Montréal, en a relevé quelques-unes.

Avec les clients

My customer, my co-innovator, pour reprendre la célèbre formule d’un professeur du MIT en 2006. Faire participer le client, le patient ou l’usager crée à coup sûr de la valeur. Des modèles d’affaires sont basés là-dessus. Chez Frank & Oak, par exemple, les clients conçoivent et commandent leurs vêtements en ligne. La collaboration s’inscrit ainsi dans une perspective de micropersonnalisation.

Dans l’industrie du jeu vidéo, permettre aux clients de tester et de façonner le produit avant sa sortie est un détour obligé. Il en coute des centaines de millions de dollars pour concevoir et commercialiser un nouveau produit. On procède donc à des tests réunissant des milliers d’usagers potentiels à travers le monde dans une espèce de « grand-messe informatique ». À vos ordinateurs, tous !

Avec la « foule »

Les manifestations d’innovation ouverte se multiplient. Hacking Health, par exemple, une organisation sociale qui crée des solutions numériques pour améliorer la santé, organise des « hackathons ». On regroupe des gens de tous horizons en petites équipes et on leur demande d’accoucher d’un projet innovateur dans un court laps de temps. Celui en faveur de Sainte-Justine, l’an dernier, a été le plus grand jamais mis sur pied au monde avec quelque 600 participants. En 48 heures, il en a découlé 34 projets, dont 14 sont en cours d’implantation.

Des entreprises, et pas n’importe lesquelles, recourent de plus en plus à ces appels à tous. Club Med, par son site Club Makers, lance une invitation au public : « Ensemble imaginons et créons le Club Med de demain ». BMW a son co-creations lab, un projet d’innovation ouvert à tous les individus intéressés par des sujets reliés à l’automobile.

Michelin a mis sur pied Movin’On, un laboratoire ouvert d’innovation (open lab) non pas sur l’industrie du pneu (dont elle concède le futur contrôle mondial aux Chinois), mais sur le concept global de mobilité. En fait, Michelin entend devenir le leader mondial de la mobilité durable. L’entreprise a réuni plus de 5 000 personnes à Montréal, en juin dernier : des industries connexes, des spécialistes de l’innovation et des gens intéressés par le sujet. Pour la première fois de son histoire en 2018, elle tiendra cet événement dans la même ville deux années consécutives.

À l’interne

Il est difficile de penser collaboration avec l’extérieur si on ne la pratique pas soi-même dans son milieu de travail. On assiste donc à la création de laboratoires internes pour promouvoir l’innovation numérique et la résolution de problèmes. On y regroupe des spécialistes de l’expérience client, de l’analyse numérique, des gestionnaires de projets, des équipes de recherche et développement... Deux exemples au sein de l’industrie de l’assurance : Intact Lab et Desjardins Lab.

Par des plateformes professionnelles

On peut aussi faire appel à des plateformes collaboratives pour se faire aider à accélérer l’innovation dans son entreprise ou à trouver des solutions à des enjeux quelconques. Deux exemples dont les slogans parlent d’eux-mêmes : Idea Connection (Build on the genius of others) et Nine Sigma (Accelerating the innovation cycle).