Les restaurateurs après sinistre n’ont pas d’horaire de travail. Une équipe de professionnels est prête à intervenir 24 heures sur 24, sept jours sur sept.Pour mieux connaitre leur travail, le Répertoire des services en assurance de dommages a suivi Yvan Lafrance durant une journée. Employé chez Qualinet, il est responsable de l’évaluation qui suit la première urgence.

7 h : Réunion au bureau de Qualinet à Anjou

M. Lafrance se rend à la réunion qui se tient dans les bureaux de Qualinet à Anjou. Les restaurateurs après sinistre et leur directeur Olivier Dussault font le point sur les urgences de la veille. M. Lafrance rencontre le représentant, c’est-à-dire la première personne arrivée sur les lieux de l’urgence. Il recueille des renseignements qui lui permettront de mieux évaluer la situation lorsqu’il devra lui-même se rendre sur place.

9 h : Évaluation de la situation après un dommage par l’eau à l’Île des Sœurs.

Dans un appartement situé sur l’Île des Sœurs, l’alimentation de la cuvette des toilettes s’est brisée. De l’eau s’est alors infiltrée dans la moquette et dans les murs. Lorsque M. Lafrance arrive sur les lieux, des séchoirs sont déjà en marche. Il examine la situation, discute avec les assurés et prend des photos. « On doit apprendre à parler avec les gens », dit-il.

Puis, il utilise une caméra thermique pour mesurer la température et détecter les traces d’humidité. Il aspire l’eau infiltrée et place des filtres Hépa pour favoriser l’assèchement. Le restaurateur après sinistre remet les séchoirs en route. Il indique qu’ils fonctionneront quatre ou cinq jours encore. Le restaurateur après sinistre cherche ainsi à éviter l’émergence de bactéries et de moisissures.

« Bien assécher permet d’éviter la démolition. Pour cela, il faut tenir compte de la nature des matériaux touchés. À titre d’exemple, le plancher de bois flottant ne sèche pas comme le plancher. Je reviendrai dans 24 heures pour voir si l’assèchement est efficace », précise-t-il avant de poursuivre sa visite plus haut dans l’immeuble.

L’eau qui vient duseptième étage a inondé quatre niveaux au total. M. Lafrance relève le taux d’humidité et la température à chaque étage et les note. Ces deux données figureront sur le rapport sommaire qu’il doit envoyer à l’assureur. « Chaque rapport doit être adapté à l’assureur concerné. Certaines compagnies nous demandent de faire des schémas des lieux », ajoute-t-il.

11 h : Évaluation de la situation après un dégât causé par l’eau à Hochelaga-Maisonneuve

Un tuyau d’eau souterrain s’est brisé à Hochelaga-Maisonneuve, occasionnant une fuite. Plusieurs centimètres d’eau se sont alors déversés dans le sous-sol d’une maison avoisinante. Selon le propriétaire des lieux, l’eau s’y est infiltrée durant cinq jours. Un drain lui a toutefois permis de s’évacuer progressivement.

Comme toujours, M. Lafrance intervient après la première visite. L’eau a été entièrement évacuée, mais il reste de l’humidité. Ils branchent plusieurs machines dont des déshumidificateurs et des filtreurs. Il prévoit refaire une visite 48 heures plus tard pour voir comment la situation aura évolué.

11 h 45 : Évaluation de la situation dans la maison voisine

Le bris dans le tuyau appartenant à la Ville a également occasionné des dégâts dans le sous-sol de la maison voisine. M. Lafrance y a aussi installé des séchoirs. Il préconise une déshumidification et une désinfection. « Dans 90 % des cas, nous conseillons d’opter pour une désinfection par mesure de prudence. Personne ne souhaiterait boire l’eau qui s’est écoulée. »

Après-midi : les évaluations se poursuivent

Au cours de l’après-midi, M. Lafrance a effectué une autre évaluation à la suite d’un dommage par l’eau à Repentigny.

Le jour du reportage, aucune urgence n’est survenue. Mais ce n’est pas habituel. Trois jours auparavant, pas moins de 25 sinistres avaient été enregistrés, a souligné M. Lafrance. Ainsi le restaurateur après sinistre peut être aux prises avec un dommage causé par l’eau comme par le feu. Il ne sait jamais ce qui l’attend au cours de sa journée de travail.

Quant à un dégât occasionné par le feu, les étapes du nettoyage ne sont pas les mêmes. « Le travail de nettoyage est souvent plus long. Il faut s’assurer qu’il n’y ait plus de suie. Il faut aussi veiller à ce que l’odeur se soit dissipée avant la réintégration des lieux.

Un métier aux multiples facettes

Le métier de restaurateur après sinistre est diversifié. Certains professionnels développent une compétence. Ils peuvent se spécialiser dans la détection de l’humidité ou la restauration de la documentation. D’autres interviennent aussi à la suite de drames comme les suicides. Ces événements sont particulièrement éprouvants. M. Lafrance en a déjà fait l’expérience : « Lorsque je suis intervenu, le corps n’était plus là. Mais, je n’ai pas mangé pendant deux jours », lance-t-il.

Quant aux restaurateurs qui interviennent en première urgence, ils ont un rythme particulier. « Chez Qualinet, ils travaillent 24 heures sur 24, une semaine sur deux. Parfois, les urgences se succèdent. On peut alors passer 30 heures sans dormir », précise-t-il.