Depuis 2010, les pertes des assureurs liées au vol automobile se chiffrent annuellement à 400 millions de dollars (M$) au Québec. L’année 2014 ne devrait pas faire exception, croit Freddy Marcantonio, vice-président, développement des affaires et de la distribution, de la firme de repérage Tag.
Un véhicule est volé aux 14 minutes dans la Belle Province. Ce sont ainsi 25 000 véhicules qui sont volés annuellement, dont la moitié dans la grande région métropolitaine. Le tout représente un taux de 309 vols de véhicule par 100 000 habitants. M. Marcantonio a rappelé ces chiffres lors d’un séminaire de formation organisé par son entreprise, séminaire qui a réuni une trentaine de souscripteurs et d’experts en sinistres, le 27 novembre dernier.
Le vol automobile représente 10 % des réclamations en assurance automobile, mais 50 % des montants versés par les assureurs dans ce segment, ajoute M. Marcantonio. Le taux de recouvrement des véhicules est sous la barre des 30 %, de loin le plus bas taux au Canada. L’Ontario, à titre comparatif, affiche un taux de recouvrement de 75 %. « En plus, les assureurs du Québec sont les seuls à avoir des plans de prévention en matière de vol automobile », souligne M. Marcantonio.
Malgré les efforts des assureurs, la présence du crime organisé explique que le Québec demeure le champion du vol automobile, explique M. Marcantonio. En effet, 75 % des vols sont reliés au crime organisé, alors que 20 % sont liés à de la fraude à l’assurance. Toutefois, les fraudeurs font souvent appel au crime organisé pour tromper les assureurs lors d’une réclamation. Les 5 % restants sont liés au joyride, d’un véhicule à tout hasard.
Même si le portrait du vol automobile au Québec est peu reluisant, le nombre de vols a diminué de 11 % depuis 2010 et de 55 % depuis 2001. Le cout moyen du vol entier d’un véhicule est toutefois en hausse de 34 % depuis 2007.
M. Marcantonio dit aussi observer de nouveaux paradigmes en matière de vol automobile. Tout d’abord, les voleurs ciblent des véhicules moins âgés, ce qui explique, à son avis, que 65 % des véhicules volés sont destinés à l’exportation, contre 35 % pour les pièces.
Le vol automobile demeure prolifique pour le crime organisé. Un Jeep Grand Cherokee volé au Québec peut facilement se revendre 120 000 $ dans des marchés étrangers comme la Russie, où ces véhicules ne sont pas en vente.
Les cas de fraude sont aussi en hausse. Sur les 85 véhicules que Tag a repérés au cours des dernières années, 7 étaient liés à des cas de fraude.
Par ailleurs, il n’y a plus seulement Montréal qui est une capitale du vol automobile au Québec. D’autres villes ont joint ce triste palmarès, notamment Joliette, Rimouski et Mont-Tremblant.
« La recrudescence du vol automobile dans ces villes s’explique par différents facteurs, dit M. Marcantonio. Aux alentours de Joliette, on retrouve plusieurs cours à scrap [parcs à ferraille], qui abritent parfois des chop-shops . À Rimouski, on retrouve beaucoup de pickups. À Tremblant, ce sont les véhicules de luxe et les touristes sans méfiance qui attirent les voleurs. »
Pour ce qui est de la fraude à l’assurance, l’attrait des véhicules loués par les Québécois explique une partie du problème, dit M. Marcantonio. Les gens atteignent leur seuil de kilométrage excédentaire, ont des problèmes financiers ou encore un contrat de valeur à neuf. Le bouche-à-oreille fait ensuite son travail, et les gens font appel au crime organisé pour faire disparaitre leur véhicule, ajoute-t-il.