Le marché de l’assurance de dommages au Canada subira une cassure (disruption) d’ici quatre ou cinq ans avec l’arrivée de géants technologiques, affirme Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact Corporation financière. Ce ne sont toutefois pas les manufacturiers qui seront touchés par cette révolution, croit-il, mais bien les distributeurs.

M. Brindamour a tenu ces propos lors d’une conférence téléphonique avec des analystes financiers tenue le 4 février, et faisant suite à la présentation des résultats du quatrième trimestre de l’assureur en 2014. « Ces nouveaux joueurs auront une forte image de marque. Ils ont aussi des connaissances approfondies sur les comportements et habitudes des consommateurs, en plus d’une agilité technologique. Ça amènera une cassure dans le marché. On se prépare pour cela », dit-il.

Il a aussi souligné que l’acquisition des activités canadiennes de State Farm par le Mouvement Desjardins est un exemple de tentative d’aller chercher de l’expertise hors de ses activités de noyaux. « De plus en plus de compagnies prennent cette direction », dit-il. Intact compte ainsi demeurer un joueur important en ce qui a trait à la consolidation. M. Brindamour maintient que 20 points de parts de marché changeront de mains au cours des prochaines années. « Un repositionnement est en cours. On verra davantage de consolidation dans le secteur manufacturier. Nous voulons continuer à y jouer une part active », dit-il. Au 31 décembre 2014, Intact possédait un capital excédentaire de 681 millions de dollars (M$).

M. Brindamour dit aussi croire que le marché de l’assurance des entreprises demeurera mou pour quelque temps, au contraire des États-Unis, où il se durcit. Les dirigeants d’Intact présents lors de cette conférence téléphonique ont dit ne pas s’inquiéter outre mesure de l’arrivée de nouveaux joueurs au Canada dans ce segment, notamment CNA Insurance et Berkshire Hathaway.

« Ces compagnies visent plutôt des grands risques internationaux d’envergure. Nous sommes plus dans le marché des moyennes entreprises. Nous croyons aussi avoir un avantage concurrentiel sur tout nouvel arrivant dans le marché, étant donné que nous possédons la plus large base de données en assurance aux entreprises au Canada », a commenté Alain Lessard, premier vice-président en assurance des entreprises d’Intact.

M. Brindamour dit voir d’un bon œil l’arrivée de Berkshire Hathaway sur le marché canadien. « Voir un assureur d’une telle envergure y venir est une bonne chose. Il est important de voir les changements qui auront cours dans la distribution à court terme. Les changements seront plus grands à moyen et long termes. Il faut vous attendre à ce qu’Intact revoie son architecture au cours des prochains mois pour la rendre plus efficiente et fluide. Il faut se préparer aux nouvelles menaces », dit-il.

Nouvelle protection en cyberrisques

Le Journal de l’assurance a aussi appris qu’Intact lancerait une protection contre les cyberrisques vers la fin du premier trimestre ou au début du second trimestre de 2015. « C’est un produit que les courtiers, les entreprises et les PME, demandent de plus en plus. C’est un nouveau risque qui existe et les entreprises ont peur de perdre leurs données. On veut donc s’assurer que nos clients ont cette couverture. Ça va avec ce qui se passe dans le monde et on s’adapte à cela », a expliqué Louis Gagnon, président, service et distribution, d’Intact Corporation financière, au Journal de l’assurance.