La plateforme Demano, lancée discrètement il y a quelques semaines par le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ), permet déjà à 12 cabinets de souscrire des polices auprès de quatre assureurs.

On espère qu’à la fin du printemps, la vitesse de croisière atteinte permettra d’ajouter d’autres cabinets de courtage qui veulent participer à l’aventure.

Pour l’instant, les 12 cabinets participent à la phase pilote. Ils sont tous membres du Regroupement. « À terme, elle sera ouverte à tous les cabinets de courtage du Québec. C’est l’objectif », précise Mathieu Brunet, administrateur et responsable du comité des technologies au RCCAQ. 

Lors d’une entrevue avec le Portail de l’assurance, M. Brunet précise que la tarification du service sera évidemment ajustée pour les cabinets qui ne sont pas membres. 

Les références (« leads ») sont payées par les cabinets qui les reçoivent. Le tarif est en fonction du type de risque, en automobile, en habitation, comme propriétaire ou locataire occupant.

La répartition 

« On a ajouté une technologie qui offre un beau potentiel. Dans la plateforme, quand l’utilisateur est en train de compléter la soumission, si la plateforme détecte que le consommateur prend son temps, et que c’est un peu plus long, on peut faire apparaître une fenêtre qui donne un numéro de téléphone. Ce numéro le connecte directement à un courtier, dans les heures d’ouverture évidemment, qui est disponible et qui est au courant que cet appel provient d’un client soumis par Demano », explique Mathieu Brunet. 

Le système de distribution des appels a tout de même été complexe à implanter, car chaque cabinet participant a un système téléphonique différent. Si ça ne répond pas au cabinet A, il faut passer au cabinet B, puis C.

« L’objectif est que la personne soit connectée avec un courtier et qu’elle n’attende pas 10 minutes en ligne ou qu’elle tombe sur la boîte vocale. Si ça arrive, on vient de perdre le client », ajoute M. Brunet. 

Évidemment, si la demande du client est faite à trois heures du matin, elle sera expédiée au premier cabinet prévu même s’il est fermé. Le courtier doit être en mesure de répondre dans la langue choisie par le consommateur. 

Quatre assureurs 

Demano permet de souscrire des risques auprès de quatre assureurs partenaires : Economical, L’Unique, Wawanesa et Promutuel.

« Les discussions avec d’autres assureurs sont bien entamées et des choses se concrétiseront sous peu. On aimerait avoir une ouverture un peu plus grande pour les risques sous-standards, afin de pouvoir offrir des soumissions au plus grand nombre de gens possible », indique Mathieu Brunet. 

Le cabinet qui traite la demande de soumission faite sur Demano doit être en mesure de faire souscrire la police auprès de l’assureur qui a offert la prime la plus basse, confirme Éric Manseau, directeur général du Regroupement. 

D’autres cabinets sont en attente pour joindre Demano, mais cela sera possible quand la plateforme produira assez de références pour répondre à la demande actuelle des 12 cabinets.

« Chacun achète un bloc de leads par mois, le volume qu’ils sont prêts à recevoir. On offre un forfait, par bloc de 120 ou 240. On veut atteindre la pleine vitesse de croisière avec la douzaine de cabinets participants », précise M. Brunet. 

Certains des cabinets avaient déjà l’habitude d’acheter des listes de références auprès des assureurs ou d’autres agrégateurs. « Ceux-là avaient déjà une certaine expérience à cet égard. Pour les autres cabinets qui ne l’avaient jamais fait, leurs équipes ont besoin de s’habituer, il y a de l’apprentissage et de la formation. Nous sommes là aussi pour accompagner les cabinets », ajoute Mathieu Brunet. 

Une présence numérique 

Le principal apport de Demano est d’offrir une présence sur le web aux cabinets de courtage. « Notre outil est performant à l’étape de la soumission, notre but est d’offrir un produit qui se compare à l’offre des assureurs directs. Mais on donne le choix au consommateur et on le met en lien avec un courtier qui sera rapidement disponible pour compléter le processus et faire souscrire la police », souligne M. Brunet. 

Les gens qui s’inscrivent doivent faire une double authentification, avec un code transmis à leur cellulaire. Cela rehausse un peu le niveau de qualité des « leads » qui sont générés.

Durant la phase pilote lancée à la fin de 2022 et qui se poursuivra encore quelques semaines, le Regroupement continue son accompagnement auprès des cabinets, note Éric Manseau. Un tableau de bord permet de suivre l’évolution des références, le taux de souscription et les résultats.

La phase pilote permet aussi d’améliorer l’ergonomie de la plateforme. « Par exemple, on a inversé des questions, pour éviter que le processus crée plus de blocage en cours de route. La question arrive trop tôt, on la reporte plus loin et on voit s’il y a de l’amélioration », précise M. Manseau. 

Le Regroupement « se donne encore quelques mois pour améliorer les choses, sachant que les trois premiers mois de l’année ne sont pas les plus occupés en matière de développement de marché. On veut être prêt pour les mois de mai et de juin, quand ça redécolle », ajoute Éric Manseau. 

« Notre plan est qu’en juin, on prévoit l’entrée de nouveaux cabinets. Ça voudra dire que la solution est bien ficelée et prête à être livrée chez les autres cabinets qui le voudront, et l’implantation se fera évidemment plus rapidement que dans le contexte de la phase pilote », souligne-t-il. 

Du côté de la clientèle, la segmentation par tranche d’âge surprend un peu, avoue Éric Manseau. « Instinctivement, on pensait avoir plus de jeunes dans les références, qui sont habitués avec les outils technologiques et leurs applications, mais ça n’est pas la clientèle la plus active. On a plus de gens de plus de 50 ans », dit-il. 

Mathieu Brunet souligne la contribution de certaines personnes au développement de Demano, notamment Alexandre Guilbert, avec qui il anime le balado Accident de parcours, et de la consultante Typhaine Letertre, qui a travaillé au RCCAQ durant huit ans. 

« C’est la force du regroupement, on essaie de mener à bien des projets communs. On essaie de régler un problème ensemble et les gens mettent la main à la pâte », indique M. Brunet.