S’il y a un constat qui se dégage du vaste épisode d’inondations que le Québec a connu au printemps, c’est que les assureurs ont répondu présent. Quant aux sinistrés qui n’avaient pas d’assurance, leurs tourments ne sont pas terminés.
Les inondations survenues en avril et mai dernier au Québec et en Ontario ont causé des dommages assurés de plus de 223 millions de dollars (M$), selon des informations de la firme Catastrophe Indices and Quantification (CatIQ) rapportées par le Bureau d’assurance du Canada (BAC). En tout, 5 300 résidences ont été touchées dans 286 municipalités. D’entre eux, 4 000 familles ont dû évacuer leur résidence.
« Le changement climatique fait en sorte que des phénomènes météorologiques violents, en particulier des tempêtes entrainant des inondations, se produisent de plus en plus souvent et avec une intensité accrue. Certes, les dommages assurés attribuables aux inondations printanières sont importants, mais on ne connait pas actuellement le cout total pour les propriétaires et le gouvernement », explique Craig Stewart, vice-président, affaires fédérales au BAC.
Si les données financières de cette catastrophe sont importantes, les travaux – pour les sinistrés assurés, du moins – vont bon train, indique Christine Dufour, présidente de Sinisco. L’entreprise a décidé de ne traiter que les dossiers des personnes assurées et n’a pas fait de travaux de reconstruction.
« Nous avons fait la décontamination, l’assèchement, la prévention et la désinfection. Le nombre de cas que nous avons traité est minime comparé au nombre de sinistrés. Par souci de servir notre clientèle — les assureurs — le mieux possible, nous n’avons pas traité les dossiers des non-assurés », ajoute-t-elle. La majorité des travaux que Sinisco a entrepris sont presque terminés, assure Mme Dufour.
Nancy Raymond, présidente de Steamatic, relate aussi que les travaux sont en voie d’être terminés. « Les franchisés affirment que le rythme de travail est de retour à la normale, ce qui est surprenant compte tenu de l’ampleur des évènements », précise-t-elle.
De son côté, Vincent Bégin note qu’il voyait l’évolution des travaux selon les mouvements de l’inventaire des produits de Fournitures Sélect, dont il est le directeur régional des opérations pour le Québec, notamment pour les travaux d’urgence et l’assèchement sont complétés. Heureusement, lorsque le temps était venu de débuter les premiers travaux, l’inventaire était renfloué.
« Dès qu’on voit qu’un évènement comme celui-ci se produit, il faut attendre que l’eau se retire pour entamer le processus. On a donc le temps de contacter nos fournisseurs pour qu’ils nous envoient des produits supplémentaires », dit-il. Il cite en exemple l’entreprise Benefect, un fabricant de produits de décontamination, qui a envoyé un camion-remorque rempli de produits. Fournitures Sélect a aussi été en mesure de garder la remorque le temps d’écouler ces produits, plutôt que de remplir l’entrepôt avec ceux-ci.
Non-assurés : 38 M$ versés sur une promesse de 350 M$
Pour les non-assurés, c’est une autre paire de manches. Le ministère de la Sécurité publique a reçu plus de 5 800 demandes d’indemnisation. À ce jour, 38 M$ ont été versés en aide financière aux sinistrés, alors que le ministère estime le montant total de l’aide à 350 M$. « Les montants évoluent chaque jour en fonction de l’avancement des dossiers », énonce Alexandra Paré, porte-parole pour le ministère.
Des avances de fonds sont faites aux sinistrés afin de couvrir des frais déjà engagés, tels que le nettoyage et les mesures préventives, et pour leur permettre de commencer les travaux de rénovation, le cas échéant. Plusieurs autres paiements peuvent être effectués selon l’avancement des travaux et le remplacement des biens. « Lorsque les travaux seront terminés, les sinistrés recevront le reste de l’aide financière à laquelle ils ont droit en fonction des dommages admissibles au programme », ajoute Mme Paré.
« On n’a qu’à regarder les nouvelles et on voit que les sinistrés ne s’entendent pas avec le gouvernement pour leur aide financière. Une grosse portion des travaux n’est pas terminée », souligne Christine Dufour, de Sinisco.
Gestion de la main d’œuvre accrue
Tout de même, malgré le fait que certains restaurateurs après-sinistres ont traité moins de dossiers que le nombre réel de sinistrés, plusieurs ont dû augmenter leurs effectifs pour répondre à la demande. Mme Dufour affirme avoir augmenté de 20 % le ratio normal d’employés.
Sans préciser de donnée exacte, Steamatic a aussi fait appel à plus de techniciens qu’à l’habitude. « Nous avons fait appel aux techniciens de nos franchisés dans des régions qui n’étaient pas touchées par les inondations. Des fournisseurs nous ont aussi offert des équipements supplémentaires », dit Nancy Raymond.
Mais l’entreprise a rapidement fait face à une certaine difficulté : l’essoufflement de la main d’œuvre. « Nos techniciens devaient travailler une vingtaine d’heures par jour. Après deux semaines, nous avons senti un essoufflement de leur part, ce qui est normal. D’un côté, nous avions un besoin important de main-d’œuvre. De l’autre, nous ne voulions et ne pouvions pas engager n’importe qui. Nous devions faire appel à des professionnels qualifiés. La meilleure solution que nous avons trouvée est de recourir à des techniciens de nos franchisés. La santé des sinistrés était en jeu. Il s’agit de l’un des défis importants posés par la catastrophe », affirme Mme Raymond.
S’il n’y a qu’une leçon à tirer des inondations, c’est que la communication avec les assureurs est primordiale. « En général, toutes les discussions avec les assureurs se sont bien déroulées, mais on doit améliorer la communication avec nos partenaires », clame Mme Raymond. Elle dit s’être désolée de voir que certains assureurs ont tardé à déclarer le code cat, qui veut dire que l’assureur déploie ses effectifs pour faire face à une catastrophe. Ceci aurait entrainé un certain délai avant que les assureurs déploient des ressources externes.