Les chercheurs en assurance contre les inondations de l’Université de Waterloo, qui étudient l’engagement récent du gouvernement fédéral à mettre en place un Programme national d’assurance inondations d’ici 2025, affirment que le plan proposé peut faire davantage pour rendre l’assurance accessible et abordable pour les contribuables.
« La nécessité de contenir les coûts, face aux changements climatiques et à d’autres facteurs qui augmentent les coûts de l’assurance, représente un défi important pour la conception du programme national », déclarent les chercheurs. « La divulgation des risques d’inondation dans son ensemble doit être plus transparente et accessible aux propriétaires et aux acheteurs potentiels », ajoutent-ils.
Tarification flexible basée sur les risques
Le rapport du Waterloo Climate Institute, intitulé Maximizing the public value of Canada’s new flood insurance program, appelle les gouvernements à adopter une tarification flexible basée sur les risques, à interdire l’utilisation de fonds pour la reconstruction dans les zones à haut risque, à augmenter l’information disponible pour les Canadiens sur les risques auxquels ils sont exposés et à tirer parti du programme national pour accroître l’innovation sur les marchés de l’assurance en encourageant des solutions personnalisées pour les communautés mal desservies. Les chercheurs examinent également une approche solidaire de la tarification où les pertes assurées au-delà d’un seuil spécifié sont absorbées par le trésor public.
Les deux volets du plan de 31,7 millions de dollars comprennent la création d’un nouveau mécanisme d’assurance publique soutenu par le trésor public et un programme de subventions publiques pour compenser le coût de l’assurance des biens pour les ménages ciblés.
Lacune de sensibilisation
Les chercheurs affirment qu’un modèle basé sur les risques fournit aux assurés un indicateur de prix lorsque les risques sont réduits. « Le Programme national peut communiquer aux assurés pour la première fois leur prime calculée de manière actuarielle, ainsi que la subvention d’abordabilité qu’ils reçoivent afin qu’ils prennent conscience de leur risque réel. Cette sensibilisation, combinée à un délai ou une clause de caducité spécifiant quand la subvention sera supprimée, pourrait encourager les propriétaires à faire pression sur leurs gouvernements locaux et provinciaux pour investir dans la réduction des risques. » Le rapport souligne également que seulement 6 % de ceux qui vivent dans des zones à haut risque sont conscients de leur vulnérabilité. « Cette lacune de sensibilisation suggère que le Programme national pourrait avoir du mal à générer de la demande. »
Les auteurs ajoutent que l’approche actuelle du Canada en matière d’aide financière en cas de catastrophe compromet également les incitations à investir dans la réduction des risques au niveau de la propriété et de la communauté.
« Pour maximiser l’utilisation des fonds publics, le gouvernement du Canada doit s’appuyer sur les recommandations récemment formulées par le Groupe consultatif d’experts sur les dispositions relatives à l’aide financière en cas de catastrophe. Plus précisément, les propriétés ayant accès à l’assurance après la mise en œuvre du Programme national ne devraient plus être admissibles à l’aide financière aux sinistrés. Limiter cette admissibilité signifie que les fonds de rétablissement ne seront pas gaspillés pour reconstruire dans des zones à haut risque, une pratique actuelle qui ouvre la voie à des pertes répétitives », précisent les chercheurs.