Après avoir connu cinq années de sinistres liés aux catastrophes plus importants que prévu, les réassureurs ont rajusté leur position, peut-on lire dans le récent rapport Global Reinsurance Highlights 2022 de S&P Global Ratings. Parmi les 21 plus grands réassureurs dans le monde, la moitié a augmenté son exposition à ces risques, tandis que l’autre moitié l’a réduite.

La bonne nouvelle, c’est que si les sinistres de catastrophe assurés restent dans les limites du budget, le segment pourrait bonifier le rendement des capitaux propres du secteur de 2,5 % en 2022. « Cela reste à voir », souligne cependant S&P.

« En fait, deux stratégies sont utilisées. En 2022, la moitié des 21 réassureurs ont augmenté leur exposition nette de près de 20 % en moyenne, alors que l’autre moitié a opté pour une approche plus prudente et défensive en réduisant son exposition nette de 20 % en moyenne. Si les réassureurs ont recours à des stratégies aussi différentes, c’est parce qu’ils ont réévalué leur appétit pour le risque, que la tarification adéquate demeure inégale d’une région à l’autre malgré les améliorations apportées dans les dernières années, et que les sinistres ont pesé lourdement sur leur bilan », indiquent les chercheurs de S&P, ajoutant que certains réassureurs ont carrément mis fin à leurs activités dans ce segment.

« La capacité est toujours là, mais les incertitudes croissantes ont fait augmenter la demande de réassurance de la part des cédants. Nous croyons que cette tendance persistera et fera augmenter les taux en 2023. » On estime que les assureurs ont cherché à obtenir plus de cinq milliards de dollars américains supplémentaires dans le cadre des négociations de renouvellement de juin et de juillet. Selon Aon PLC et S&P Global Ratings, cette augmentation est attribuable à la forte inflation attendue.

Les réassureurs ont encore suffisamment de capitaux pour se protéger contre les chocs exceptionnels, mais dans l’ensemble, ils ont atteint ou dépassé leur budget pour les sinistres de catastrophe dans les cinq dernières années, si bien que les résultats dans ce segment ont été décevants. « Les sinistres de catastrophe ont contribué au ratio combiné (sinistres et frais) à hauteur de 10 points [de pourcentage] au cours des cinq dernières années, soit 3 points de plus que prévu. Parmi les années les plus coûteuses, 2021 arrive quatrième pour ce qui est des sinistres assurés à l’échelle mondiale. » 

Les auteurs du rapport indiquent que l’augmentation des marges de bénéfice technique pourrait atténuer quelque peu les dommages, mais que les pertes à la valeur de marché risquent de faire contrepoids. 

Pour en savoir plus, voir les articles Réassurance : les résultats sous pression et Les catastrophes et les pertes liées à la pandémie mettent les réassureurs sous pression. Le Portail de l’assurance publiera prochainement un autre article sur la recherche de S&P.